30 ans après le triomphe du Mahabharata au Festival d’Avignon, Peter Brook remonte cette épopée indienne. Mais dans une version plus courte (un peu plus d’une heure) qui s’appelle « Battelfield » aux Bouffes du Nord avant une tournée mondiale. A la création la pièce durait 9 heures. Peter Brook et Marie-Hélène Etienne se sont concentrés sur une partie de cette pièce indienne très en prise avec notre actualité.
La pièce évoque les conséquences d’une guerre qui a terrassé tout un peuple. Impossible de ne pas penser à la Syrie. Le théâtre de Peter Brook n’a jamais été à proprement parler politique, mais dans ce spectacle il souhaite interpeller les gouvernants de la planète et derrière l’aspect tragique de cet épisode du Mahabharata, Peter Brook fait ressortir l’humour pour dédramatiser les situations.
Et comme toujours chez Peter Brook, c’est la simplicité qui domine. Il n’y a pas d’esbroufe sur scène. Juste des comédiens merveilleusement bien dirigés. Rencontre avec le metteur en scène à l’issue de la représentation.
Avez-vous ressenti la joie du public de retrouver le Mahabharata, trente ans après, même dans une version condensée ?
Bien sur je suis ravi qu’il soit là, mais il ne s’agit pas de revoir quoi que ce soit car l’œuvre est si riche que l’on a essayé de faire vivre un autre aspect de l’oeuvre. Ce sont d’autres parties présentées autrement, sans le côté spectaculaire mais d’une manière très intense et concentrée. J’ai été très touché par l’intensité de l’attention et le silence du public ce soir .
Cela se passe donc après la guerre. Est-ce que l’on peut y voir des résonances avec ce qu’il se passe dans le monde aujourd’hui ?
Hélas, oui ! Il faut se tenir droit et debout devant cela. Cela parle de situations éternelles qui se déroulent sur toute la planète.
Ce spectacle est très métaphorique
Oui comme tout le Mahabharata qui parle de choses si graves et qui sont éternelles. On ne sent pas que ce sont des histoires de plus de 3000 ans car les questions posées sont celles d’aujourd’hui. C’est pour cela que c’est une œuvre unique qui contient tout. Et j’ai senti que le public était dans le style du Mahabharata. Pour parler de choses graves il faut de l’humour. On retrouve ici des choses si réalistes dans les relations que cela pourrait être tout droit sorti d’un film d’aujourd’hui. Et en même temps c’est une histoire légendaire et métaphorique.
Il faudrait que les dirigeants de la planète se plongent dans le Mahabharata
J’aimerai bien. Car les dix huit volumes de l’œuvre ont été écrits comme une leçon donnée à un jeune prince qui va devenir roi pour qu’il comprenne tout ce qu’il doit connaître pour être réellement digne de cette responsabilité. On aimerait bien que tous les Présidents, Premiers Ministres, Généraux, tous ceux qui ont du pouvoir et de la responsabilité puissent rentrer ensemble dans ces questions. Alors oui le Mahabharata c’est pour eux autant que pour nous !
Quand on sort de ce spectacle on se dit que finalement l’homme n’est pas si mauvais que cela
Je suis très content que vous le disiez. On ne vient pas au théâtre pour sortir découragé mais pour sentir de l’espoir.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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