En adaptant son roman fleuve, Les Parisiens, Olivier Py signe une pièce ouvertement LGBT dans laquelle il recycle pas mal de ses thèmes favoris. Un spectacle sans surprises qui frise par moment la vulgarité.
Depuis son départ de l’Odéon en 2011, Olivier Py a toujours une dent envers le monde politique. Il ne l’avait épargné dans Orlando en 2014. Il remet le couvert avec Les Parisiens, comme si il n’était pas parvenu à tourner la page. Du coup, on a le sentiment avec ce spectacle qu’il tourne un peu en rond, et qu’il ne se renouvelle pas. Heureusement ses comédiens font le grand jeu dans cette galerie de portraits exubérants et nous sauvent un peu de l’ennui.
La servante est posée au centre du décor, sur un sol carrelé, au milieu de façades haussmanniennes, signature de l’architecture parisienne. Aurélien est un jeune garçon impétueux, ambitieux, amant d’un chef d’orchestre. Emilien Diard-Detoeuf court partout sur le plateau. Cet hiver il avait endossé le rôle d’Olivier Py jeune dans l’adaptation du Cahier Noir. Il est toujours facétieux, c’est un petit lutin bondissant de vitalité. Le couple qu’il forme avec Jean Alibert est détonnant. Le comédien endosse successivement les rôles d’un directeur d’opéra et du Ministre de la Culture, des personnages très bien dessiné. Tout comme celui de Laurent Duverger, très inspiré de Pierre Bergé, en fauteuil roulant, interprété par Philippe Girard, impeccable qui revêt un peu plus tard la robe à paillettes d’une vieille prostituée allemande nommée Ulrika. Les vieux comédiens de la Comédie-Française ne sont pas épargnés ; Mireille Herbstmeyer campe une sociétaire alcoolisée buvant son whisky dans un vase, la scène est hilarante.
Cette comédie ouvertement LGBHT permet de voir sur scène la formidable Laure Calamy, popularisée dans son rôle d’assistante dans 10 pour cent sur France 2. Elle rayonne dans son rôle de transsexuelle féministe. Il y a donc de très bons moments dans ces Parisiens mais tout cela est noyé dans un salmigondis de bavardages qui sentent la rancœur avec le sentiment qu’Olivier Py recycle de vieilles recettes.
Il est beaucoup question de sexe dans cette pièce. Les personnages fréquentent les backrooms du Marais, il règne un air de gay pride. Avec l’âge, Olivier Py se lâche, au risque de paraître grivois et de franchir par moment la frontière de la vulgarité et du mauvais goût. On passe sur les jets de culottes dans le public, sur la nudité, sur les scènes d’amour, sur la sodomie mais la vision frontale de certains fantasmes comme la zoophilie est plus dérangeante.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Les Parisiens
Texte, mise en scène Olivier Py
Scénographie, costumes, maquillage Pierre-André Weitz
Lumière Bertrand Killy
Avec Jean Alibert, Moustafa Benaïbout, Laure Calamy, Céline Chéenne, Emilien Diard-Detoeuf, Guilhem Fabre, Joseph Fourez, Philippe Girard, Mireille Herbstmeyer, François Michonneau
Production Festival d’Avignon
Coproduction Théâtre de Liège
Avec le soutien l’Adami et de la Spedidam pour la 71e édition du Festival d’Avignon
Résidence à la FabricA du Festival d’Avignon
Les Parisiens de Olivier Py est publié aux éditions Actes Sud.
durée 1ère partie 2h10
2ème partie 2h
71e édition du Festival d’Avignon
8 9 | 11 12 13 14 15 JUILLET 2017
À 15H
LA FABRICA
Théâtre de Liège
Les 2 et 3 septembre 2017
Théâtre du Gymnase à Marseille les 26 et 27 mai 2018
Théâtre de la Ville du 1er au 3 juin 2018
Ma mère a eu l’occasion de voir cette beauté qu’était cette représentation, j’ai vu quelques clichés qu’elle a pu prendre. Et bien votre article lui fait honneur.