Au pied du mur de la Cour d’honneur plongée dans le noir, Akram Khan présente Outwitting the Devil, un vaste tableau dansé de la déchéance humaine, d’une indéniable beauté archaïque, mais au dramatisme lourdement appuyé.
Akram Khan a toujours aimé raconter des histoires. Les mythes fondateurs traversent son œuvre. Le Mahabharata, qu’il a lui-même joué, enfant, dans la mise en scène de Peter Brook, s’est vu plusieurs fois transposé au plateau, où le danseur et chorégraphe convoquait le dieu Krishna et le guerrier Arjuna, ou interprétait lui-même le rôle de Bheeshma.
Outwitting the Devil s’inspire d’une autre épopée légendaire, celle de Gilgamesh, dont un nouveau fragment nous est récemment parvenu. Ecrit il y a plus de 4000 ans, le récit mésopotamien est le plus ancien de l’humanité. Son personnage éponyme surgissant en vieil homme décati et émacié, torse et pieds nus recouverts de saleté, se souvient de sa gloire passée et de sa chute annoncée, bringuebalé par ses propres démons alors que la mort advient.
Empreinte de destruction et de désolation, l’histoire prend très spectaculairement forme sur le vaste plateau de la Cour d’honneur, envahi de bruits et de fumée. Au pied de l’immense mur du Palais des Papes, une collection de pierres noires rigoureusement alignées au sol suggère les vestiges d’une autre cité fortifiée, la grande ville d’Uruk, devenue champ de ruines et cimetière abandonné, habitée de fantômes et secouée d’assourdissants vrombissements comme venus d’outre-tombe.
S’enchaînent des scènes d’une forte dimension picturale, traversées par autant de beauté que de violence, mais, dans son trop-plein de grandiloquence, le geste finit par épuiser sa force et son énigme. Corps accablés, suppliciés, visages silencieusement hurlants, tournés fixement vers le ciel, les six danseurs, extrêmement véloces et habités, sont néanmoins admirables d’hyper-expressivité. Voltigeuse et terrienne, la gestuelle déchaîne les passions ancestrales, mais demeure répétitive et bien indicative. Le geste créateur, ample et généreux, veut sûrement trop embrasser pour réparer et éradiquer la violente propension humaine à produire le chaos.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
Outwitting the Devil
Direction artistique et chorégraphie Akram Khan
Avec Ching-Ying Chien, Andrew Pan, Dominique Petit, Mythili Prakash, Sam Pratt, James Vu Anh Pham
Dramaturgie Ruth Little
Musique et son Vincenzo Lamagna
Lumière Aideen Malone
Scénographie Tom Scutt
Costumes Kimie Nakano
Texte Jordan Tannahill
Vidéo Maxime Dos
Collaboration artistique Mavin KhooProduction Akram Khan Company
Coproduction Théâtre de Namur Centre scénique, Central (La Louvière), Festival d’Avignon, Théâtre de la Ville (Paris), Sadler’s Wells Theatre (Londres), La Comédie de
Clermont-Ferrand Scène nationale, Colours International Dance Festival 2019 (Stuttgart)
Avec le soutien du Arts Council England
En partenariat avec France Médias MondeDurée : 1h20
Festival d’Avignon 2019
Cour d’honneur du Palais des Papes
17 18 19 20 21 juillet à 22hThéâtre de la Ville, Le 13e Art, Paris
du 11 au 20 septembreGrand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
les 29 et 30 novembreThéâtre de Namur, Belgique
du 4 au 7 décembreCentre Le Théâtre, La Louvière, Belgique
les 10 et 11 décembre
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