Olivier Py livre ses dernières histoires d’amour avec l’Odéon

@ sceneweb.fr

Olivier Py a présenté lundi 2 mai sa dernière saison à la tête de l’Odéon – Théâtre de l’Europe. Avec une émotion non dissimulée il a assuré ne pas « vouloir transformer cet instant en moment de tristesse ». Il est revenu sobrement sur les trois dernières semaines qui ont ébranlé le monde de la culture à la suite de sa non reconduction à la direction du Théâtre. « Aucune maison n’appartient à son directeur, a-t-il expliqué. Je suis triste de la quitter. Ce sont les êtres qui font les lieux et les équipes. Le deuil le plus important est de laisser des projets d’avenir ».  Olivier Py a demandé des garanties au Ministère de la Culture pour que le projet « Villes en scène » puisse continuer. L’Odéon a obtenu des subventions de la Commission Européenne pour financer une association de six théâtres en Europe sur les cinq années à venir (Théâtre National de la Communauté française à Bruxelles, Teatro Stabile di Napoli, Teatro La Abadia à Madrid, Teatru National Radu Stanca à Sibiu en Roumaine, Folfteatern à Göteborg et l’Odéon). 

Olivier Py est heureux d’avoir pu développer son idée du théâtre de service public pendant son mandat. « Remplir des salles ce n’est pas difficile. Mais le faire avec des œuvres différentes, avec de la diversité sociale, c’est génial. Le public nous légitimise. La tutelle entend audimat, nous par public, on entend une minorité engagée qui peut être le médiateur de la diversité culturelle. Il faut arriver à ce que le spectateur soit militant ». Olivier Py est revenu sur l’énorme soutien qu’il a reçu ses dernières semaines. « Cette mobilisation énorme, au délà du monde théâtre, a été l’occasion de dire l’inquiétude du monde culturel. » Et le futur directeur du Festival d’Avignon (à partir de l’édition 2014) de lancer ce message aux candidats à la l’élection présidentielle. « Ne mettez pas la culture en bas d’un projet. Mettez la culture au cœur de votre projet ». 

La saison 2011/2012 de l’Odéon sera placée sous le signe des histoires d’amour avec la création de Roméo et Juliette. Pour la première fois de sa carrière Olivier Py s’attaque à Shakespeare avec Camille Cobbi et Matthieu Dessertine. Le public aura rendez-vous avec une autre grande histoire celle de La Dame aux camélias d’après l’œuvre de Dumas, dans une mise en scène en français de Franck Castrof avec Jeanne Balibar et Jean-Damien Barbin. Olivier Py mettra en scène un des ses textes Die Sonne, une production de la Volksbühne de Berlin. L’autre institution théâtrale de Berlin, la Schaubühne sera présente avec deux spectacles, Der Menschenfreind (Le Misanthrophe) – mis en scène Ivo van Hove, et Mesure pour Mesure de Shakespeare mise en scène par Thomas Ostermeier. 

Les jeunes metteurs en scène sont à l’honneur dans cette saison, avec deux spectacles qui avaient été programmés dans le cadre du Festival Impatience (dont Olivier Py souhaite la poursuite après son départ). Le chagrin des ogres de Fabrice Murgia et Les souffrances de Job de Hanok Levin mise en scène par Laurent Brethome.  Joël Pommerat sera le poète associé de la saison, avec la création de Cendrillon et la reprise de Cercles/Fiction et de Ma Chambre Froide. Au chapitre des reprises, Isabelle Huppert reprendra Un tramway dans la mise en scène de Warlikowski. A la fin de la saison, lorsque Luc Bondy aura succédé à Olivier Py, Juliette Binoche jouera Mademoiselle Julie, créé cet été au Festival d’Avignon avec Nicolas Bouchaud dans la mise en scène de Frédéric Fisbach. 

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr 

www.theatre-odeon.fr