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Britannicus, un casse presque parfait

Amiens, Les critiques, Moyen, Paris, Théâtre

Photo Ludo Leleu

Fidèle à son habitude, Olivier Mellor signe une mise en scène musicale en s’amusant à mélanger les genres. Il s’attaque à l’imposante tragédie de Racine et réussit son coup. Moyennant quelques fautes de goût, il parvient à toucher les jeunes.

Osons l’analogie : ce Britannicus est un braquage. Olivier Mellor, patron de la compagnie du Berger, met en scène la tragédie racinienne (1669), tentant de déverrouiller son intrigue cadenassée par ses exigeants alexandrins, espérant ainsi toucher un public jeune, à force de ruses – scénographiques, musicales et stylistiques -. À l’arrivée, le casse n’est pas parfait. Mais il n’est pas dénué d’intérêt. La méthode, pratiquée par l’artiste depuis son Cyrano de Bergerac (2011), est le mélange des genres. Le plateau, structuré selon un dispositif tri-frontal, est dominé par un portique d’inspiration japonaise (comme la plupart des costumes féminins, des kimonos). Vêtus de cuir noir, sanglés dans d’imposants harnais, les musiciens s’inscrivent dans le monde du bondage érotique. Quant à Néron, incarné par le Hugues Delamarlière, torse nu sous un manteau fait de peaux de bêtes, il évoque un héros viking, digne d’une série Netflix. Les premières minutes du spectacle déboussolent. On est à la fois partout et donc nulle part. Mais on est bien chez Racine.

L’intrigue raconte comment l’empereur Néron s’éprend de Junie, l’amante de son frère Britannicus, se libère de l’emprise de sa mère Agrippine et commet un fratricide ; on y découvre la naissance d’un monstre, transfiguré par la jalousie et dévoré par le sadisme. Le verbe est scrupuleusement respecté ; l’artiste est épaulé par Julia de Gasquet, normalienne et spécialiste du tragédien pour donner à entendre les alexandrins. Les amateurs du XVIIe n’y trouveront rien à redire. La nuance, en revanche, s’impose pour les choix de mise en scène. Ce Britannicus fourmille d’inventivité. À commencer par le chœur, incarné par l’excellent François Decayeux et figuré dans un personnage espiègle qui ponctue la pièce de sa présence et ses remarques, parfois en chuchotant (on n’entend rien : l’effet est assez drôle). La scénographie aussi, avec ces beaux voiles et ces projections effrayantes, se marie joliment avec la salle en pierre de l’Épée de Bois, à la Cartoucherie à Vincennes. Et surtout, la musique, jouée en live par des instrumentistes à cordes, est remarquablement interprétée.

La direction de Néron est moins convaincante. Hugues Delamarlière exécute sa partition avec fougue et détermination, mais son metteur en scène a tendance à confondre jeunesse et vulgarité. Était-il nécessaire de le faire manger des chips les jambes écartées sur un pouf ? Les spectateurs rient, c’est vrai. Mais l’adolescence du triste protagoniste aurait pu être figurée autrement. De façon générale, si les idées d’Olivier Mellor sont surprenantes et créatives, nous regrettons qu’il ne les exploite pas davantage. La scénographie japonisante est belle, mais quel sens lui donner ? Les costumes SM des musiciens amusent, mais que veulent-ils dire ? Ces partis-pris demeurent superficiels, se contentent d’évoquer. Concluons tout de même sur une note positive. Parce que, tout compte fait, ce théâtre de troupe remplit sa mission : les jeunes sortent ravis, en ayant entendu une pièce jouée pour la première fois le 13 décembre 1669. Olivier Mellor a réussi son coup.

Igor Hansen-Love – www.sceneweb.fr

Britannicus, de Jean Racine

Mise en scène Olivier Mellor

Avec Marie Laure Boggio, Caroline Corme, Vincent do Cruzeiro, François Decayeux, Marie-Laure Desbordes,
Hugues Delamarlière, Rémi Pous, Stephen Szekely

Musiciens Thomas Carpentier, Romain Dubuis, Séverin Jeanniarz, Adrien Noble

Dramaturgie Julia de Gasquet

Son Séverin Jeanniard

Lumière Olivier Mellor

Vidéo Mickaël Titrent

Costumes Bertrand Sachy

Maquillages Karine Prodon

Scénographie Olivier Mellor, François Decayeux, Séverin Jeanniard avec le concours du Collectif La Courte Échelle

Production Compagnie du Berger // Centre culturel Jacques Tati / Amiens

Coréalisation Théâtre de l’Épée de Bois / Cartoucherie – Paris
Avec le soutien du Conseil régional Hauts de France, du Conseil départemental de la Somme, d’Amiens-Métropole et de l’ADAMI

durée: 2h50

du 5 au 29 mai 2022
jeu, ven, sam à 21h + dim à 16h30
Théâtre de l’Epée de Bois (Salle en Pierre) – Cartoucherie

11 mai 2022/par Igor Hansen-Løve
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