Voici nos 20 têtes d’affiche de la rentrée 24/25, ces artistes ouvrent la saison en ce mois de septembre, de Lyon à Arcachon, de Marseille à Rennes, de Rouen à Aix-en-Provence, d’Aubusson à Bobigny.
John Arnold dans L’Avare de Molière à La Tempête à partir du 13 septembre, puis en tournée
Tout le monde est là, les interprètes mais aussi l’équipe artistique qui habituellement œuvre dans le secret des répétitions. Ils n’attendent que le public et… ce qu’il voudra bien leur donner. Objets en tout genre, vêtements, fruits et légumes, bijoux, instruments, trombones, boutons, cafetières… tout est bon ! C’est grâce à votre générosité (ou malgré votre pingrerie, c’est aussi drôle) que la représentation s’inventera sous nos yeux, comme sur une place de village. Un happening chaque soir différent.
Un Avare à l’épreuve de ce qui fonde l’art de la représentation : le partage. Une expérience d’économie circulaire aussi puisque tous vos dons seront redistribués pour le réemploi solidaire. Alors prodigue ou avare ?
Eva Aubigny dans TENIR aux SUBS à Lyon le 13 septembre
Chorégraphe et danseuse, Eva Aubigny débute sa formation en 2009 à l’École de Danse de l’Opéra de Paris. En 2016, elle entre au CNSMD de Lyon en danse contemporaine et traverse les répertoires de Yuval Pick, Sharon Eyal, Lali Ayguadé, Christian Rizzo et Samuel Mathieu. En 2018, elle travaille avec Jérôme Bel à la Biennale de la Danse de Lyon. Après avoir été lauréate en 2020 du Post-diplôme de Recherche et Création Artistique du CNSMDL pour sa première pièce, Eva Aubigny devient artiste chorégraphe TREMPLIN à l’Espace Pasolini de Valenciennes pour sa deuxième création PARMI (duo), et est Jeune Talent ADAMI 21/22 des Ateliers de Paris CDCN.
Solo chorégraphique avec musique live immersive, TENIR travaille la matière du muscle pour explorer les rapports de force et ses représentations. Une méditation engageante au cœur d’une scénographie intimiste.
Vitória Buono dans Laissez nous danser au Châtelet à Paris du 6 au 8 septembre
Vitória Buono est une Brésilienne de 16 ans qui pratique la danse classique alors qu’elle est née sans bras. Grâce à une énorme dose de persévérance et de courage, elle réussit des prouesses et impressionne par son talent. Elle est l’un des danseuses de ce spectacle qui est une réflexion sur les enjeux de l’inclusion : près d’un tiers des participants sont en situation de handicap
Près de 300 instrumentistes, choristes, danseurs, circassiens et comédiens, issus pour la plupart du Conservatoire à rayonnement régional de Paris, sont réunis pour ce troisième et dernier spectacle de l’Olympiade Culturelle au Châtelet.
Mysterious Heart de Tânia Carvalho en première française à Arcachon dans le cadre du festival Cadences le 21 septembre avant le Théâtre de la Ville à Paris
Tânia Carvalho est née à Viana do Castelo et vit à Lisbonne. Chorégraphe reconnue avec un répertoire qui représente plus d’une vingtaine de pièces, elle travaille également dans d’autres domaines artistiques, tels que la musique, le dessin et le cinéma.
À partir d’authentiques souvenirs émotionnels des onze interprètes, Mysterious Heart propose un voyage délicat entre exubérance baroque et présence de la mort, porté par les turbulences vocales de Tânia Carvalho sur la musique signée Diogo Alvim.
Une chorégraphie pour la compagnie tanzmainz dirigée par Sharon Eyal.
Rébecca Chaillon et Aurore Déon dans Witewhashing au Théâtre de la Criée à Marseille dans le cadre du festival ACTORAL, les 25 et 26 septembre.
Le duo marquant formé par Rébecca Chaillon et Aurore Déon, qui a secoué le Festival d’Avignon en 2023 avec Carte noire nommée désir, nous interroge dans une performance sur les assignations qui touchent encore les femmes noires.
Dans les arts du spectacle, le whitewashing désigne le fait de faire jouer par des acteurs et actrices blanches le rôle de personnages racisés.
Inscrivant son travail artistique dans une démarche afroféministe, Rébecca Chaillon est partie de ce terme pour aborder le sujet du blanchiment de la peau.
La grande Ourse, de Penda Diouf, mis en scène par Anthony Thibault. Création au Théâtre Jean Lurçat, Scène nationale d’Aubusson dans le cadre des Francophonies en Limousin – des écritures à la scène le 28 septembre 2024
C’est en lisant un article de journal sur la création d’un système de vidéosurveillance parlante à Londres que Penda Diouf a eu sa première inspiration. A l’époque, la municipalité avait demandé à des enfants de réagir et de réprimander via des haut-parleurs les personnes dans la rue pour lutter contre les incivilités. Étrange proposition faite à des enfants !
Un conte dystopique étonnant pour mettre en lumière les dérives policières de notre société et nous rappeler à notre humanité dans ses racines les plus profondes. Une confrontation inspirée entre temps futurs et temps anciens.
« Passionnée par l’écriture et l’intimité que peut créer le spectacle vivant entre des personnes jusqu’alors inconnues, j’aime écrire sur les histoires oubliées, invisiblisées. La question de l’identité (ou de l’exil) traverse mes textes, comme l’idée de soin et de réparation. J’ai la sensation que les mots peuvent poser un baume sur les plaies et j’essaie de les utiliser à cet escient. J’aime l’idée de travailler avec l’Histoire et d’insuffler aux faits la dose de sensible qui permettra l’empathie, la projection et l’émotion. »
Julie Duclos met en scène Grand-peur et misère du IIIe Reich de Bertolt Brecht. Création au TNB de Rennes du 24 septembre au 3 octobre 2024
Écrite par Bertolt Brecht entre 1935 et 1938, Grand-peur et misère du IIIe Reich se présente sous la forme de vingt-cinq scènes de vie quotidienne dans l’Allemagne nazie, depuis la prise du pouvoir par Adolf Hitler en 1933 jusqu’à l’Anschluss qui annonce la Seconde Guerre mondiale.
Sur scène, un espace épuré rappelant les hangars industriels se met en mouvement pour faire apparaître une salle d’audience, un intérieur bourgeois ou un institut de physique. Différents outils de la boîte noire théâtrale sont convoqués, comme la vidéo, avec la projection d’images d’archives, ou des sons à visée immersive. Mais ce sont avant tout les corps des interprètes, chargés d’une tension souterraine, qui font sentir toute l’oppression d’une époque. En s’emparent de ce texte majeur du XXe siècle, la metteuse en scène Julie Duclos appelle à aiguiser son esprit critique et à s’armer de courage.
Joyce El-Khoury dans Aïda à l’Opéra de Rouen (Théâtre des Arts) du 27 septembre au 5 octobre
La soprano Joyce El-Khoury incarne cette héroïne intemporelle dans une mise en scène aussi spectaculaire qu’intime signée Philipp Himmelmann. Elle s’avance dans l’éclat d’un Orient solaire et nous livre un destin de femme en mouvement. Celle d’une réfugiée en temps de guerre qui décide de vivre un amour impossible dans le tumulte de l’Histoire. Portés par des airs sublimes et par l’énergie des chœurs, cette exaltation collective nous emporte.
Née au Liban et ayant grandi au Canada, Joyce El-Khoury est diplômée en musique de l’Université d’Ottawa. Elle pousuit l’étude du chant à l’Academy of Vocal Arts de Philadelphia et suit le Lindemann Young Artist Development Program du Metropolitan Opera. Elle remporte plusieurs Premiers prix lors de compétitions internationales (Loren L. Zachary, Opera Index, George London Foundation, Mario Lanza…)
Elsa Granat met en scène Les Grands Sensibles ou l’éducation des barbares au TGP à Saint-Denis
Après son ébouriffante plongée dans Le Roi Lear de William Shakespeare à travers King Lear Syndrome ou les Mal élevés, Elsa Granat poursuit sa recherche d’un théâtre ultra-sensible et bondissant qui se réapproprie les grandes fictions de notre héritage littéraire.
Croisant la poésie de Shakespeare, l’écriture de plateau et sa propre écriture, l’autrice et metteuse en scène s’empare cette fois de Roméo et Juliette, cette histoire d’amour dont la fin tragique est due à l’aveuglement de parents accrochés à leurs principes et à leur haine ancestrale.
Christian Hecq et Valérie Lesort mettent en scène Les soeurs Hilton. Création du 19 au 29 septembre 2024 au Théâtre des Célestins de Lyon.
Ils enchaînent les succès depuis plusieurs années, de 20 000 lieues sous les mers, à La Mouche en passant par Le Voyage de Gulliver au Théâtre, le duo déjà maintes fois récompensé nous plonge dans l’univers du cirque et du cabaret. Une nouvelle création qui éclaire avec poésie la destinée hors-norme de Daisy et Violet Hilton, les fameuses sœurs siamoises.
Abandonnées par leur jeune mère car attachées par le bas de la colonne vertébrale, les siamoises Daisy et Violet Hilton vont dès leur enfance devenir des objets de foire. Intégrer une troupe va les sauver de la misère et donner un sens à leurs destinées. Formées à la musique et au chant, elles sont exhibées à Broadway puis dans le monde entier dans l’entre-deux guerres jusqu’à tourner dans le cultissime Freaks de Ted Browning.
Pour Christian Hecq et Valérie Lesort, retracer ces parcours exceptionnels permet d’interroger la différence, le handicap mais aussi l’exploitation des êtres humains. Maître des effets visuels, le duo multi-moliérisé déploie de la danse, des numéros de musique et même de la magie avec Yann Frisch. Une ambiance de troupe joyeuse et solidaire pour raconter la vie hors du commun des sœurs Hilton.
Akram Khan dans Gigenis, création mondiale à Aix en Provence au Grand Théâtre de Provence
Le chorégraphe Akram Khan retourne à ses racines et explore son héritage avec sa dernière création, GIGENIS : The generation of the Earth, dont la création mondiale est prévue au Grand Théâtre de Provence à Aix-en-Provence, le 30 août 2024.
S’inspirant de son lien profond avec les traditions ancestrales et de sa capacité à tisser des récits grâce au mouvement, Gigenis transcende le temps et invoque les mémoires collectives de notre civilisation. Gigenis n’est pas un simple spectacle, mais une prise de position profonde, un manifeste témoignant de l’importance de la tradition dans un monde en évolution constante.
À Coeur ouvert d’Eric-Delphin Kwégoué – création aux Zébrures d’Automne à Limoges au Théâtre de l’Union, 27 et 28 septembre
« À Coeur ouvert » qui a reçu le Prix RFI Théâtre en 2023 est une fable contemporaine palpitante qui dépeint une société en proie aux multiples crises : sociales et politiques, en nous plongeant sous fond de thriller au coeur d’une profession gravement menacée, le journalisme.
Éric Delphin Kwégoué a commencé sa carrière d’auteur par la poésie et la chanson. En 2008 il écrit sa première pièce de théâtre, L’ombre de mon propre vampire, nominée au Grand Prix Afrique du Théâtre Francophone dans la catégorie Meilleur texte de théâtre. Depuis il a écrit une vingtaine de pièces qui ont été lues et jouées en Afrique et en France. Son théâtre s’inscrit dans une démarche d’engagement politique et citoyen. Elle cherche avant tout à raconter les maux de l’Afrique contemporaine avec une lueur d’espoir et invente une langue percutante, originale, nourrie d’une francophonie régionale. Son écriture, à la fois créatrice d’esthétique et documentaire, est centrée sur la quête de l’humain.
Marina Hands et Sébastien Pouderoux dans Contre au Vieux-Colombier du du 25 septembre au 3 novembre 2024
Couple mythique dans l’histoire du 7e art, John Cassavetes et Gena Rowlands inspirent la première collaboration de la réalisatrice Constance Meyer et de Sébastien Pouderoux – qui avait déjà cosigné les projets originaux « Comme une pierre qui… » avec Marie Rémond et « Les Serge (Gainsbourg point barre) » avec Stéphane Varupenne.
Davantage qu’un biopic ou une hagiographie, l’opiniâtreté sublime de ce couple méritait « une réflexion sur le rapport entre l’art et le conformisme», annoncent Constance Meyer et Sébastien Pouderoux, pour qui la radicalité et le jusqu’auboutisme sont sources de comédie.
Estelle Meyer dans L’Extraordinaire Destinée de Sarah Bernhardt de Géraldine Martineau au Palais-Royal à Paris à partir du 27 août
« Quand j’ai lu les mémoires de Sarah Bernhardt, Ma double vie, j’ai été fascinée par cette femme, par son destin exceptionnel, son avant-gardisme. Je suis passionnée par les mémoires, les biographies car j’aime appréhender la psychée d’une personne par la somme de ses choix, de ses rencontres et de ses hasards. J’ai immédiatement eu envie de raconter celle de Sarah, à la fois pour lui rendre un hommage, et aussi parce que ses combats et obsessions ont beaucoup résonnés en moi » explique Géraldine Martineau.
Elle confie le rôle-titre de sa pièce à Estelle Meyer, révélée dans ses précédents spectacles, Sous ma robe, mon coeur et Niquer la fatalité. Présence lumineuse, voix rocailleuse, corps ancré, Estelle Meyer est une interprète complète qui sert la langue avec une dévotion amoureuse et chante magistralement.
Triptyque Mariana Otero au Rond-Point à Paris (du 18 au 29 septembre).
Marina Otero est née à Buenos Aires. Performeuse, metteuse en scène, auteure et pédagogue. En ouverture de sa saison, le Rond-Point présente son triptyque. Fuck Me, Kill Me et Love Me.
« Kill Me (2024) est la suite de Love Me (2022) et Fuck Me (2020), qui fait partie à son tour du projet Recordar para vivir (Se rappeler pour vivre), dans lequel je propose de présenter différentes versions de mes œuvres jusqu’au jour de ma mort » explique l’artiste. « Prise par le cliché de la crise de la quarantaine, j’ai commencé à filmer tout ce que je faisais : le cœur ouvert 24 heures sur 24, j’enregistrais tout. Jusqu’au jour où je me suis effondrée et on m’a posé un diagnostic psychiatrique. J’ai décidé de faire mon prochain travail avec et j’ai fait appel à quatre danseuses atteintes de troubles mentaux et à un double de Nijinsky pour créer un spectacle qui parle de la folie amoureuse. Nous allons cependant dire que l’enjeu est celui de la santé mentale pour qu’il entre dans l’agenda inclusif du marché de l’art. Parce que telle est ma phrase : devoir faire des spectacles qui se vendent pour rester ainsi vivante dans le monde, dans le théâtre. »
Michel Raskine met en scène La Chambre rouge (fantaisie) de Marie Dilasser au Théâtre des Célestins de Lyon à partir du 18 septembre
C’est l’histoire d’un vieux qui s’enferme dans sa chambre rouge, peut-être le tombeau de son enfance. Coupé du monde pour l’éternité, il reçoit des visites imprévues et burlesques qui vont lʼextraire de son retrait volontaire. Un certain Mitou lui apporte les lettres d’anciens amants tandis qu’un ado, Lado, met le bazar dans cette vraie-fausse biographie.
Après avoir laissé le plateau à d’autres dans Ce que j’appelle oubli, sa dernière création aux Célestins, le metteur en scène retrouve avec bonheur le plaisir de jouer et invite les fantômes de Samuel Beckett, Colette, Hervé Guibert, Molière, Mozart ou… Britney Spears, et celui de sa mère, à la manière du spectre d’Hamlet. C’est sa si fidèle complice Marief Guittier qui lui prête sa voix.
Soa Ratsifandrihana dans Fampitaha, fampita, fampitàna à la MC 93, Bobigny dans le cadre du Festival d’Automne, puis en tournée
Dans le quator Fampitaha, fampita, fampitàna la chorégraphe Soa Ratsifandrihana et trois comparses créent une communauté d’artistes issus de la diaspora de territoires colonisés. Leurs corps raconte leur histoire, à travers danse et musique, et imaginent un futur émancipateur.
Fampitaha, fampita, fampitàna, (la comparaison, la transmission, la rivalité en malgache), est la deuxième partie d’une recherche de la chorégraphe sur les liens entre les corps et l’histoire. Dans cette pièce où danse et musique sont indissociables, c’est l’histoire des corps qui se dessine.
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