La 8ème édition du festival Mesure pour Mesure devait se dérouler du 13 novembre au 18 décembre. Sans attendre si les théâtre ont une chance de pouvoir rouvrir pour quelques jours en décembre, Mathieu Bauer, le directeur du Nouveau Théâtre de Montreuil s’en explique.
C’est avec une profonde tristesse que nous annulons la 8ème édition du festival Mesure pour Mesure dans son intégralité, avant même de savoir si nous pourrons reprendre en décembre. Ce temps fort, qui devait démarrer aujourd’hui, célèbre un mois durant des spectacles mêlant intimement théâtre et musique. Il est l’un des rendez-vous phares chaque saison au Nouveau théâtre de Montreuil et constitue une partie de son identité. Une version tronquée de sa moitié aurait peu de sens pour donner à voir l’éclectisme et la richesse de l’édition que nous avions préparée.
Nous tenons à affirmer ici notre solidarité avec l’ensemble des équipes artistiques et administratives, interprètes, techniciens, frappés une nouvelle fois de plein fouet par cette annulation. C’est à leurs côtés, attentifs, que nous commençons à imaginer différentes solutions pour qu’une grande partie des spectacles puisse être présentée dans les mois qui viennent.
À cette heure, nous n’avons que trop peu de lisibilité sur l’évolution des mesures sanitaires pour vous transmettre les informations sur ce futur calendrier. Néanmoins, nous avons heureusement l’autorisation d’accueillir des équipes au travail, et nombreux sont les artistes qui, sur nos plateaux, répètent avec passion afin de finir ou initier de nouvelles créations. Nous sommes plus que jamais dans le désir et l’impatience de vous présenter le fruit de ces travaux, persuadés qu’ils sauront stimuler nos émotions, susciter notre curiosité, enclencher nos réflexions.
S’il est selon certains « non essentiel », cet art profondément vivant qu’est le théâtre peut avec chaleur et fraternité venir éclairer notre présent et panser ou penser les fractures de plus en plus criantes auxquelles nous soumet notre époque. Le monde ne saurait se passer des mots, des récits, des images et des sons qui ré-enchantent notre quotidien et font de nos horizons des futurs désirables. Les théâtres, tout comme les cinémas, les musées ou les librairies doivent rouvrir au plus vite.
Je tiens aussi par ces quelques lignes à rendre hommage à Jean-Pierre Vincent, immense homme de théâtre dont la disparition me touche tout particulièrement.
Il se trouve qu’enfant j’ai été le témoin de cette aventure collective qu’il mena avec une grande liberté au Théâtre National de Strasbourg. Plongé dans cet univers, où chaque nouvelle création était une source d’émerveillement, j’ai pris goût à cet art qui nous éclaire sur les enjeux de l’Histoire et de la société.
Jean-Pierre Vincent fait partie de ces hommes de théâtre qui m’ont conforté dans l’idée que la place de l’art est absolument essentielle et centrale. Un art qui se devait de s’incarner dans des institutions impliquées, ouvertes et généreuses. Des maisons soutenues par des politiques publiques fortes et audacieuses pour la culture.
Je vous espère donc à nouveau très nombreux dans notre théâtre montreuillois au plus vite rouvert.
Mathieu Bauer
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