Il faut laisser surgir une mémoire involontaire, passive mais obsédante, qui devient lieu de jonction, pour le spectateur, un lieu où il aurait déjà été, un rappel, un instant qui se répète, se repropose à la mémoire. Quelle est cette mémoire qui fait des fragments passés un lieu du présent ? Comment se reconstruit-elle sur scène sous
la pression inconsciente d’une attitude mentale qui suppose quelque chose de non formulé qui, justement-là, dans ce théâtre, prend forme ? Comment l’intellect qui rêve donne-t-il forme à ces pensées qui deviennent figures et dessins obsédants, pris dans des devenirs dessinés ? C’est dans cette consistance qu’il faut repérer la mise en forme et sa mise en scène : le texte de théâtre devient une digression sans
fin et continue de penser la chose théâtrale. Attribuer alors aux matières une plasticité qui leur est accordée après-coup, quand l’imaginaire potentiellement réalisable a pris corps, qu’il s’est dit, qu’il s’est répété. Il y faut un théâtre neuf capable de créer de nouvelles formalisations et de nouveaux signifiants à partir d’anciennes fonctions, de les redire empreintes d’une interrogation qu’elles portent en présent et dont elles reconstituent les capacités expressives que le temps leur avait ôtées. Laisser ainsi apparaître quelque chose de têtu : l’acteur ouvrier de sa scène — geste constant, inlassablement répété, souligné par les bruitages des panneaux déplacés, transformés en de purs encadreurs-décadreurs dont l’intérieur vide ne surgit que pour organiser les limites optiques des divers moments de scène.
[…] Jean-Paul Manganaro – d’après Ça qui n’est pas là
Noces et banquets (titre provisoire)
mise en scène, scénographie — François Tanguy
élaboration sonore — François Tanguy, Eric Goudard
lumière — François Tanguy, François Fauvel
avec Anne Baudoux, Laurence Chable, Patrick Condé, Fosco Corliano, Claudie Douet, Muriel
Hélary, Vincent Joly, Carole Paimpol, Karine Pierre, Jean Rochereau.
Coproduction
Théâtre du Radeau, Le Mans ; Théâtre National de Bretagne – Rennes ; Festival d’Automne à Paris ; Le Grand T, Nantes ; Le Lieu Unique, Nantes
salle Gabily
Mettre en Scène création
Jeudi 7 au samedi 16 novembre 2013
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