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Negar, un bouleversant chant d’amour et de liberté

A voir, Les critiques, Montpellier, Opéra

@ Marc Ginot

Mis en musique par Keyvan Chemirani et en scène par Marie-Ève Signeyrole, l’opéra Negar, dont la création française se donne à Montpellier, narre un amour impossible entre passion et répression dans le Téhéran d’aujourd’hui.

Écrite à partir de témoignages de jeunes iraniens et autant d’enquêtes journalistiques sur l’Iran d’aujourd’hui, l’œuvre se présente comme un conte documentaire, doué de la force de la fiction à dimension romanesque, mais surtout de son solide ancrage dans la réalité du monde iranien contemporain. Son livret, cosigné dans une langue très poétique par la metteuse en scène du spectacle et la dramaturge Sonia Hossein-Pour, cristallise et exacerbe la puissante aspiration à l’émancipation de toute une jeune génération iranienne, et ce à travers trois figures, inspirantes car audacieuses et transgressives : Shirin, de retour dans son pays natal après des décennies d’exil en France, retrouve ses deux amis d’enfance, Aziz, devenu un fameux réalisateur de films, et Negar, une chanteuse protestataire sur la scène underground de Téhéran. Ils sont frère et sœur. Leurs parents sont morts d’avoir défendu la liberté lors des manifestations sanglantes survenues pendant la Révolution. Ils n’ont jamais quitté leur pays mais résistent par leur art et espèrent le changement. Au fil de la pièce, l’un et l’autre dévoilent l’amour qu’ils portent à Shirin.

Donnée à l’opéra de Montpellier dans une configuration toute particulière où solistes, musiciens et spectateurs partagent un seul et même espace de représentation qui est la scène du théâtre elle-même, la pièce commence alors que le public s’agglutine autour d’un large proscenium nimbé de fumée et d’obscurité, pour assister au concert clandestin de Negar. L’interprète incandescente enivre de ses paroles et mélodies à la fois languissantes et rebelles. Quand l’évènement est interrompu par une salve d’officiers de police, les trois protagonistes prennent la fuite et entament une course nocturne en voiture dans les rues animées de Téhéran avant de rejoindre leur foyer où s’éterniseront les réjouissances des retrouvailles, des déjeuners aux parfums épicés et des nuits d’insomnie.

Un travail de plateau très inspiré du cinéma dévoile l’intimité et la sensualité des êtres. Une proximité, voire une familiarité, est doublement privilégiée par la scénographie originale dont la bi-frontalité, rarement utilisée à l’opéra, et la vidéo réalisée en direct, maximalisent le jeu et l’émotion qui s’en dégage. Les lieux se multiplient et font s’alterner l’espace public et la sphère privée. A l’encontre des strictes interdictions auxquelles sont soumis les individus en Iran, les personnages féminins fument, boivent de l’alcool, expriment leur désir avec sensualité (très belles scènes au Hammam ou dans la chambre à coucher) comme leur rage intérieure sur un tube pop grunge du groupe Nirvana qui hurle à la radio.

Sous la direction de la cheffe Sonia Ben-Santamaria, la musique déploie ses accents hypnotiques et chatoyants. Percussionniste de formation, fin connaisseur de la musique classique et traditionnelle persane, Keyvan Chemirani a écrit une partition aux multiples influences enchanteresses et qui fait un subtil et savoureux mélange entre les sonorités orientales et occidentales. Aux cordes et au trombone s’associent le luth ou un duduk voluptueux. En faisant osciller un lyrisme plaintif ou langoureux et une violence furieuse, une touchante nostalgie et un bel élan vital, la composition musicale, comme l’interprétation très habitée des chanteurs (Aida Nosrat si véhémente dans le rôle-titre, Katarina Bradic, douce Shirin, et Julian Arsenault, Aziz puissant), font la part belle aux sensations et aux émotions.

Créé à la fin de l’année 2022 au Deutsche Oper de Berlin, soit quasiment en même temps que la mort de Mahsa Amini, l’étudiante d’origine kurde décédée après avoir été arrêtée pour port de vêtements inappropriés, Negar pose de nombreuses questions sur l’identité et la possibilité de s’affirmer dans un système où règne la répression. En témoigne le dénouement tragique de l’opéra où s’additionnent les interrogatoires musclés et les espoirs résignés. Les enjeux personnels et politiques d’une telle œuvre sont forts, notamment parce que l’homosexualité est toujours passible de la peine de mort par le régime islamique. Même dans la peur et la terreur, Negar emporte et bouleverse en chantant l’irréfrénable désir d’aimer et de trouver la liberté.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Negar

Nouveau spectacle de théâtre musical conçue et mise en scène par Marie-ève Signeyrole
Livret Marie-ève Signeyrole et Sonia Hossein-Pour
Musique Keyvan Chemirani

Fabien Teigné
décors

Yashi
costumes

Jules Gassot
vidéo

Katja Krüger
assistante à la mise en scène

Asli Ersüzer
assistante à la scénographie

Aïda Nosrat
Negar

Katarina Bradic
Shirin

Julian Arsenault
Aziz

Arianna Manganello
Sahar / policière

Leander Carlier
Amir Hossein / policier

Keyvan Chemirani
compositions, zarb, percussions

Sylvain Barou
flûte, ney, pipe, duduk

Efrén López
târ, rébab, saz

Pouya Khoshravesh
kementché

Orchestre national Montpellier Occitanie

Coproduction Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie et Deutsche Oper Berlin
En partenariat avec Radio Nova

En partenariat avec Les Inrockuptibles

Durée : 2h15

Opéra Comédie de Montpellier
du 5 au 10 avril 2024
Vendredi 5 avril 2024 à 20h
Samedi 6 avril 2024 à 20h
Mardi 9 avril 2024 à 19h
Mercredi 10 avril 2024

9 avril 2024/par Christophe Candoni
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