Quand à l’occasion des Rencontres Chorégraphiques d’Afrique et de l’Océan Indien de 1999, à Tananarive, Robyn Orlin déboula avec son Daddy, I have seen this piece six times before and I still don’t know why they are hurt each other, l’effet fut immédiat.
Charge bricolée et grinçante, d’une force rare contre les stéréotypes culturels, la pièce était traversée de moments d’une poésie sidérante et entrecoupée de délires irrépressibles… La chorégraphe se voit alors propulsée révélation et porte-parole de la contestation contre la situation en Afrique du Sud, son pays d’origine. C’était aller un peu vite en besogne et oublier qu’à 44 ans, elle ne démarrait pas sa carrière ! Elle avait déjà un univers bien établi, une capacité d’indignation qui ne se bornait pas à la seule situation dans son pays et que son sens du détail qui fait mouche était absolu.
Or, en 1994, Robyn Orlin est à New York. Elle raconte : « Je suis frappée par l’instinct de survie des sans-abris. Les rues du Lower East Side sont un lieu de trafic de boîtes en carton, surtout celles qui sont suffisamment grandes pour former des abris de fortune. […] Comme je ne trouvais pas de lieu pour travailler, j’ai moi aussi utilisé des grandes boîtes en carton… c’est comme cela que j’ai créé mon solo, In a corner [the sky surrenders…] « .
Ce solo qu’elle interprétait, entre Arte Povera, jeux d’ombres, ironie et un peu de Beau Danube Bleu, va avoir un certain écho. Grinçant. En 2020, avec le confinement, la boîte en carton qui enferme chacun est devenue universelle. Robyn Orlin revient vers son solo et imagine de le transmettre à un interprète par ville de programmation. À Montpellier, Jean-Paul Montanari propose Nadia Beugré. L’Ivoirienne, rageuse et puissante, va donc se couler dans les cartons. Déjà, en 1999, ces deux-là s’étaient croisées (à Tananarive justement où Nadia avec le groupe Tché-Tché avait été également primée). La présente collaboration devrait faire quelques étincelles.
Robyn Orlin
In a corner the sky surrenders…
Un solo pour Nadia BeugréUn projet de Robyn Orlin, créé en 1994 et repris en 2022
Avec : Nadia Beugré
Costumes : Birgit Neppl
Reconstruction du décor : Annie Tolleter
Directrice technique : Beatriz Kaysel Velasco e Cruz
Musique live et son : Cedrik FermontProduction : City Theatre & Dance Group, Damien Valette Prod
Coproduction : Festival Montpellier Danse 2022, Chaillot – Théâtre National de la Danse
Ce spectacle a reçu l’aide au projet de la DRAC Ile-de-FranceEspace Cardin du Théatre de la Ville
du 22 au 24 septembre 2023
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