Avec Nulle part est un endroit, Nach déploie à travers une « conférence dansée » son identité chorégraphique, qui mêle krump et différents styles dont elle s’est imprégnée lors de ses voyages. Un carnet de voyage aux accents pédagogiques qui donne envie de la voir déployer davantage sa danse.
Des images où l’on danse dans les quartiers afro-américains de Los Angeles, tirées du documentaire Rize (2005) de David Lachapelle, film culte qui relatait la naissance de la danse krump, sont projetées sur un grand écran. Juste à côté, derrière un ordinateur se tient la chorégraphe Anne-Marie Van dite Nach, maîtresse de ce qu’elle appelle une conférence dansée, Nulle part est un endroit. A travers deux solos Cellulle (2017) et Beloved Shadows (2019) elle se dévoilait dans son intimité, esquissant les prémices d’une écriture chorégraphique très personnelle, imprégnée des corporalités notamment krump, butô et flamenco. Ici, dans cette pièce, encore plus autobiographique que les deux précédentes, elle entremêle pédagogie et récit de voyages, pour faire jaillir les enjeux chorégraphiques de cette danse, souvent réduite au contexte violent dans lequel elle a émergé.
Au fil d’une narration plutôt chronologique, elle déploie des images, des mots et des gestes, qui nous font traverser plusieurs moments de sa vie de danseuse et de chorégraphe comme les battles à Los Angeles, les « lab », un entraînement solo à la Défense, ou encore une danse en kimono en silence dans une chambre traditionnelle japonaise… Ce carnet de voyage est ponctué de moments plus explicatifs, sur le style et la culture krump, lorsqu’elle détaille ses bases par exemple, « stomp, chest pump et arm swing », qui traduisent une volonté d’élévation, réaffirmée par l’acronyme de cette danse « Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise » en français (« Éloge du puissant royaume radicalement élevé »). Une ambition partagée avec la technique du ballet classique, où l’ancrage au sol permet de créer l’illusion de l’envol. Une manière peut-être de rapprocher le krump, catégorisé danse urbaine, des danses institutionnalisées plus connues du public français et majoritairement blanches.
Dans cette proposition, qui valorise plutôt les mots aux gestes, on demeure subjugué par un passage de danse de quelques minutes – le plus long de la pièce – où Nach déploie son écriture. Fluide, sensuelle, martiale sur un air de flamenco elle nous laisse observer comment différents styles et expériences se rencontrent dans sa danse, pour constituer son identité chorégraphique. Un moment de grâce qu’on aurait eu envie de voir se prolonger. Car si la pédagogie autour du krump semble encore indispensable dans les salles, on aimerait voir se déployer l’écriture subtile de Nach dans une pièce de plus grande ampleur.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Nulle part est un endroit
Durée : 45 minutes
Conception et interprétation, Nach
Administration, Mission Culture, Marie-Anne Rosset, Sophie CottetProduction Nach Van Dance Company
Coproduction Espaces Pluriels (Pau)
Coréalisation Théâtre 14 ; Festival d’Automne à ParisNach est artiste associée à Les Hivernales – CDCN d’Avignon dans le cadre du dispositif soutenu par le Ministère de la Culture.
La Nach Van Dance Company bénéficie du soutien de l’Institut Français pour ses tournées à l’étranger.Festival d’Automne à Paris
Théâtre 14
du 27 Septembre au 1 Octobre 2022Points communs, Théâtre 95
25 et 26 novembreCampus Condorcet
25 mai
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