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Phèdre à la peine dans les arènes de Cimiez

Les critiques, Moyen, Nice, Théâtre

Nicolas Maury et Eve Pereur dans Phèdre © Meghann Stanley

Pour inaugurer son festival de tragédies, Muriel Mayette-Holtz poursuit son périple racinien avec Phèdre, dans l’écrin exceptionnel des arènes de Cimiez, sur les hauteurs de Nice.

C’est une double première pour Muriel Mayette-Holtz, directrice du Théâtre national de Nice. La première de son festival l’Arène des coeurs, dont cette édition inaugurale s’est ouverte dans les arènes de Cimiez et qui se tiendra jusqu’au 5 juillet. Un pari audacieux et téméraire que celui de créer un nouveau festival – qui plus est de tragédies – au vu du contexte économique du secteur, à la peine. Mais la proposition bénéficie d’une programmation de haute volée (Andromaque, de Stéphane Braunschweig, Hélène après la chute, de Simon Abkarian, Notre Homère, de Jacques Bonnaffé) et d’un écrin exceptionnel, celui du site de Cimiez et de ses arènes antiques.

C’est aussi la première de sa création autour de Phèdre, de Racine. Après Bérénice, créée la saison dernière au TNN, l’ancienne administratrice générale de la Comédie-Française se penche sur le destin tragique de cette sœur d’Ariane, maudite par Vénus et amoureuse interdite. En plein air, dans les arènes qui accueillaient aux 2e et 3e siècles les jeux de la cité de Cemenelum, un large tapis rouge perce l’enceinte et se déroule jusqu’à nous, une traînée de sang aux couleurs du pouvoir qui verra se consumer l’impossible et mortifère désir de Phèdre pour son beau-fils Hippolyte.

Tout ce que la tragédie racinienne convoque, et proscrit dans le même temps, est ici réuni : le velours rouge de fauteuils Louis XVI, les lumières crépusculaires qui projettent des ombres grandiloquentes dans le soir qui tombe, des chemises à jabot et même le galop d’un cheval qui résonne sur les parois des pierres antiques, évoquant au passage d’ancien jeux sanglants de mise à mort. 
Ainsi très littérale, la proposition, condensée en une heure trente et épurée du contexte politique qui anime la ville de Trézène – Thésée annoncé mort, qui prendra la succession du trône ? – se resserre autour de la passion qui brûle Phèdre, quitte à en simplifier les traits.

Ici la reine est moins une marâtre acariâtre cachant son amour sous d’accablants reproches qu’une jeune adulte mariée trop tôt et qui, découvrant le désir, ne sait comment le maîtriser. Elle n’est plus non plus cette souveraine étrangère, peu aimée du peuple, qui doit lutter pour conserver sa place une fois son mari loin et qui doit se battre pour la survie de ses enfants en faisant valoir leur droit de succession au trône. Ainsi, cette Phèdre condensée aura du mal à atteindre une forme d’universalité revendiquée – malgré les efforts marqués d’Ève Pereur – pour se maintenir corsetée dans une figure d’amoureuse adolescente.

Le travail autour du personnage d’Oenone, en revanche est davantage réussi. Nourrice dévouée autant que manipulatrice, elle est la confidente de Phèdre, mais aussi le point névralgique de chacune des décisions funestes que prendra la reine : c’est bien elle qui va la pousser à dévoiler son amour à Hippolyte, puis à accuser celui-ci de désir incestueux lorsque Thésée (incarné par Nicolas Bouchaud, fidèle de Jean-François Sivadier, qui est ici pour la première fois dirigé par Muriel Mayette-Holtz) sera de retour. Omniprésente – elle ne quittera quasiment jamais le plateau – campée avec brio par Nicolas Maury qui sait lui donner une envergure nouvelle en lui apportant une grande tendresse soulignée d’une pointe d’ironie savoureuse, elle devient ici la plus amoureuse des amoureuses, capable d’aller jusqu’à la mort pour suivre sa maîtresse.

Pourtant, ni la figure d’Oenone, ni le travail autour du personnage de Théramène – le gouverneur et conseiller d’Hyppolite – transformé en Coryphée antique et porté par Jacky Ido, qui slame l’alexandrin et résume l’intrigue au public, le transformant au passage en Chœur lorsqu’il entonne avec lui son refrain, ne suffira pas à bâtir une vision cohérente et novatrice de la tragédie racinienne. Sans prise de risque esthétique, le mythe reste corseté dans ses propres limites et les louables tentatives de l’en extraire peinent à convaincre. Parfois, les belles pierres ne suffisent pas.

Fanny Imbert – www.sceneweb.fr

Phèdre de Racine
Mise en scène de Muriel Mayette-Holtz
avec Augustin Bouchacourt, Nicolas Bouchaud, Jacky Ido, Nicolas Maury, Ève Pereur
Lumière François Thouret
Costumes Rudy Sabounghi assisté de Quentin Gargano-Dumas
Musique Cyril Giroux
Création slam Jacky Ido

Production Théâtre National de Nice – CDN Nice Côte d’Azur

Coproduction Les Théâtres – Aix-Marseille, CDN Besançon Franche-Comté, Comédie de Picardie – Scène conventionnée d’intérêt national pour le développement de la création théâtrale en région – Amiens, Le Grrranit, SN Belfort

Avec le soutien de l’Office de Tourisme Métropolitain Nice Côte d’Azur, de la Ville de Nice
et de la Métropole Nice Côte d’Azur

Création au 1er festival de Tragédies du TNN
du 19 au 22 juin 2024
Arènes de Cimiez – Nice

21 juin 2024/par Fanny Imbert
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