Après « L’Enfant – drame rural » créé en 2012, Carole Thibaut s’attaque de nouveau avec « Monkey Money » à la misère sociale. Dans un futur proche où, sous couvert de liberté, tout s’achète et tout se vend, un mur sépare désormais les riches des pauvres. Malgré une promesse intéressante, le texte n’est pas à la hauteur des attentes qu’il suscite.
Les riches et les pauvres ne s’embarrassent plus d’une cohabitation gênante : enfin, un mur les sépare. Mais celui-ci n’est pas un frein au libre échange, malgré lui, tout s’achète et tout se vend plus que jamais, surtout la main d’œuvre pas chère des bas quartiers qui, elle, est toujours la bienvenue du côté du mur où chacun est heureux. C’est en tout cas l’idée que défend le jeune directeur de la Bee Wi Bank au séminaire d’anniversaire de l’entreprise. Ce même jour, un incident dramatique conduit une riche héritière de l’autre côté du mur pour chercher une orpheline dont le père, criblé de dettes, s’est immolé par le feu.
Le projet de Carole Thibaut semble passionnant, mais malheureusement l’écriture n’est pas à la hauteur des attentes. Pourtant, une gifle ouvre le spectacle : une jeune femme propose, sur grand écran, des services sexuels à la demande de façon si explicite et détaillée que la nausée vient vite. Mais les dialogues et les situations font s’alterner des échanges réalistes au premier degré et des tentatives poético-lyriques malvenues. L’auteure ne trouve pas le juste milieu pour donner un corps social marquant à son texte, bien qu’elle affirme avoir beaucoup travaillé sur le terrain pour le concevoir, tout comme « L’Enfant – drame rural » qui était par contre un de ces coups de poing théâtraux dont on se souvient longtemps. Ici, l’ensemble est décousu, trop peu cynique et, pour ne rien arranger, la fin est une longue errance où l’ennuie gagne autant le spectateur que l’une des héroïnes.
Lorsqu’on connait le travail de Carole Thibaut, on a pourtant envie d’aimer jusqu’à la dernière minute. On remarque qu’elle a réussi une belle création du point de vue esthétique. La vidéo est très soignée et le travail sur l’espace laisse voir une environnement futuriste rappelant – comme dans « L’Enfant » -, certaines créations de Joël Pommerat. Mais ce n’est pas suffisant pour faire un beau spectacle…
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
MONKEY MONEY
Par Cie Sambre
Texte et mise en scène : Carole Thibaut
Avec Thierry Bosc (Le vieux & Le Vieux Grand Directeur de Tout), Charlotte Fermand (Léa), Michel Fouquet (L’Homme), Elizabeth Mazev (K & La Femme de l’Homme), Arnaud Vrech (le Jeune Directeur & le Fils) et avec les voix de Mohamed Guellati, Samira Baïbi, Fanny Zeller, Maxime Pambet, Maria Mazev, Céline Milliat Baumgartner, Ariel Cypel, Jacques Descorde, Michel Fouquet, Marie Pichon.
Scénographie, création lumière et vidéo : Antoine Franchet / Son : Margaux Robin / Costumes : Magalie Pichard / Régie générale : Mariam Rency / Régie plateau : Camille Allain / Assistante à la mise en scène : Noémie Regnaut / Composition musicale : Jonas Atlan / Administration : Clémence Delignat / Communication : Marie Pichon / Diffusion : Claire Dupont / Stagiaire de production : Esther Krier et toute l’équipe du Théâtre du Nord.La Maison des Métallos
VENDREDI 9 > DIMANCHE 25 SEPTEMBRE 2016
Du mardi au vendredi à 20h, samedi à 19h, dimanche à 16h
Relâche les lundis 12 et 19 septembreTournée : du 11 au 14 octobre au CDN de Montluçon, Théâtre des Ilets.
Autour du spectacle :
- Rencontre avec l’équipe artistique du spectacle le mardi 13 septembre à l’issue de la représentation.
- Projection-rencontre de « Comme des lions » de Françoise Davisse le lundi 12 septembre à 19h (entrée libre). Film suivi d’une rencontre avec la réalistrice et d’anciens salariés de PSA Aulnay, protagonistes du film.
- Projection-rencontre de « Enfin des bonnes nouvelles » de Vincent Glenn le lundi 19 septembre à 19h. Film suivi d’une rencontre avec le réalisateur et Carole Thibaut.
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