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« Mizu », vie et mort d’une dame de glace

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Mizu de Satchie Noro et Élise Vigneron
Mizu de Satchie Noro et Élise Vigneron

Photo Théâtre de l’Entrouvert

Né de la rencontre entre la marionnettiste Élise Vigneron et la danseuse et chorégraphe Satchie Noro, Mizu met en scène sur un plan d’eau l’existence éphémère d’un pantin de glace. Le temps d’une fonte, ce poème sans paroles dit avec une grande délicatesse la fragilité de nos vies et la nécessité de les mettre en lien.

Planté dans une plateforme posée sur l’eau, le croissant de bois qui fait office de scénographie à Mizu – « eau », en japonais – semble vouloir épouser les profondeurs. Dans cette structure dont l’une des pointes paraît être sur le point de se faire avaler par l’élément sur lequel elle flotte, l’œil du spectateur ne peut déceler que peu d’indices de ce qui va suivre. Et encore, à condition de ne pas se laisser happer par l’animation alentour. Sur le bord du canal de l’Ourcq, à Pantin, où nous découvrons cette création de Satchie Noro et Élise Vigneron dans le cadre de la 12e édition de la Biennale Internationale des Arts de la Marionnette (BIAM) – elle n’a alors que deux représentations derrière elle et se prépare à une longue tournée à travers la France –, les discussions qui circulent parmi les bancs installés face à l’eau continuent d’exister davantage que la pièce, et ce pendant ses dix premières minutes. Les promeneurs, cyclistes et joggeurs qui contournent les gradins de fortune ont, eux aussi, pendant un certain temps, autant, voire davantage de consistance pour les spectateurs que les personnes qui s’approchent du plateau en partie immergé, chargées d’une sorte de brancard occupé par un objet mystérieux recouvert d’une couverture de survie. Ce n’est qu’au fur et à mesure des gestes réalisés par l’équipe technique et la marionnettiste Sarah Lascar, qui dévoilent quelques détails annonciateurs du cœur de Mizu – en particulier les fils noirs accrochés au sommet de la construction en bois –, que ce spectacle émerge du quotidien.

Cette manière très discrète et concrète de faire surgir le spectaculaire au sein de l’ordinaire prépare à accueillir la créature dissimulée par le drap argenté. En affirmant d’entrée de jeu la fragilité de leur proposition et des arts qui la constituent – la danse amenée par Satchie Noro et la marionnette par Élise Vigneron –, les deux artistes établissent un cadre sur-mesure pour leur héroïne qu’elles finissent par faire sortir de son symbole de mort : une femme de glace, dont la précarité n’a guère besoin d’être soulignée par les interprètes. Les spectateurs familiers de l’univers d’Élise Vigneron et de sa compagnie Théâtre de l’Entrouvert fondée en 2009 seront moins surpris que les autres par la beauté translucide de ce personnage. Lequel, du fait du paysage où il est voué à réaliser sa fonte, semble tout droit sorti de la création précédente de la marionnettiste : Les Vagues (2023), adaptation du roman éponyme de Virginia Woolf pour cinq protagonistes de glace et autant de manipulateurs-interprètes. Aucun mot ne venant confirmer ou infirmer cette parenté, on peut tout aussi bien relier la belle dame de Mizu à Anywhere (2016), adaptation d’Œdipe sur la route d’Henry Bauchau, où l’artiste faisait pour la première fois appel à la glace dans son travail. Mizu prolonge et approfondit pour la marionnettiste une recherche de plus de dix ans sur les possibles de la glace en matière de marionnette.

Le connaisseur de l’univers de Satchie Noro et de sa compagnie Furinkaï créée en 2002 trouvera dans Mizu la même proportion d’éléments connus et d’explorations inédites que l’initié au travail de L’Entrouvert. Ce qui est le signe d’une rencontre profonde entre les deux artistes, dont une seule est au plateau, la deuxième étant représentée par la marionnettiste Sarah Lascar. Le choix de l’espace public déjà, peu expérimenté jusque-là par Élise Vigneron, est à mettre au crédit de la danseuse et chorégraphe, dont l’arrivée sur la plateforme de Mizu est l’événement qui fait véritablement basculer l’équilibre initial entre théâtre et quotidien du côté du premier terme. Le geste de Satchie Noro se déploie depuis toujours en extérieur, faisant même parfois des éléments qui le constituent un sujet de création – dans Nuage (2019), par exemple, la danse montait au ciel pour questionner les notions d’impermanence et de transitoire, au centre de la démarche de la compagnie Furinkaï. Celle-ci se reconnaît également dans le champ chorégraphique à la dimension architecturale de ses créations, due à Silvain Ohl, qui cosigne la création du dispositif scénographique de Mizu avec Éric Noel, ainsi qu’à la teneur souvent autofictive de ses pièces, Satchie Noro mettant en scène sa vie intime en dansant, par exemple, avec sa fille Yumi Rigout ou son compagnon Dimitri Hatton. À mi-chemin entre les esthétiques des deux compagnies qui font référence dans leurs domaines respectifs, Mizu n’est pas une pièce du compromis. C’est au contraire l’occasion d’un enrichissement et d’un questionnement réciproques, qui met aussi en avant la proximité des deux disciplines concernées.

La partition à laquelle se livre Satchie Noro avec sa compagne de glace, au son d’une musique minimaliste composée par Carlos Canales et Maïa Barouh, se situe très justement à l’intersection de la danse et de la manipulation. Il en est de même pour Sarah Lascar qui, loin de se contenter d’utiliser les trois croix d’attelle – c’est le nom des pièces de bois servant à faire se mouvoir une marionnette à fils – qu’elle tient constamment à la main, s’engage elle aussi physiquement et d’une façon bien personnelle. En ajoutant des gestes gracieux et sans utilité aux efforts indispensables, visiblement très intenses, nécessaires pour faire exécuter à son pantin gelé sa première et dernière danse, la marionnettiste exprime sa relation forte avec le duo de chair et de glace. Bien qu’à distance avec celui-ci et avec le castelet revisité que se révèle être le croissant de bois, l’artiste fait corps avec l’ensemble des composantes du spectacle. La transformation de la danseuse de glace, qui s’amenuise et se troue au fur et à mesure des 40 minutes de la pièce, agit sur la manipulation autant que sur la danseuse. La relation qu’elle entretient avec la marionnette ne cesse d’évoluer, sans jamais être entièrement définie. Si la symétrie initiale de leurs mouvements fait d’abord passer le pantin pour un double de l’interprète, leur désynchronisation progressive met en doute cette première interprétation, ce qui bouscule l’ensemble du cadre de représentation. Lequel tend d’ailleurs lui aussi à s’étioler, la plateforme s’enfonçant lentement dans l’eau, comme si les quelques gouttes produites par la dislocation de la marionnette étaient phénoménales. L’attention que suscite Mizu à chaque détail des relations, aussi bien entre les artistes, entre eux et les techniciens, entre humains et nature, témoigne de la justesse de l’éthique de l’attention et de la rencontre défendue ici par Satchie Noro et Élise Vigneron. On se réjouit alors de leur belle tournée, qui leur permettra d’affiner encore le sens de chaque geste, de chaque lien.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Mizu
Conception et mise en scène Satchie Noro, Élise Vigneron
Marionnettiste Sarah Lascar
Chorégraphie et danse Satchie Noro
Conception marionnette et système de manipulation Élise Vigneron
Conception construction dispositif scénographique Silvain Ohl, Éric Noel
Construction marionnette Vincent Debuire, assisté de Silvain Ohl et Théo Nérestan
Création textile Aurore Thibout
Composition musicale originale Carlos Canales, Maïa Barouh
Conception du dispositif sonore Hans Kunze
Régie son : Karine Dumont, en alternance avec Hans Kunze
Régie technique Éric Noël, en alternance avec Robin Noël et Vincent Debuire
Assistante à la mise en scène Zoé Lizot

Production Compagnie Furinkaï (Satchie Noro) ; Théâtre de l’Entrouvert (Élise Vigneron)
Coproduction Théâtre Le Vellein, scènes de la CAPI – Villefontaine ; Théâtre de Châtillon ; Les Noctambules – Nanterre ; Houdremont Centre culturel – La Courneuve ; Théâtre du Fil de l’Eau – Pantin ; Théâtre de la Joliette – Marseille ; La Lisière – lieu de création – Bruyères-le-Châtel ; Art’R – Paris ; Sud-Est Théâtre – Villeneuve-Saint-Georges ; Les Ateliers Frappaz – Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public – Villeurbanne ; Points communs – Nouvelle Scène nationale de Cergy-Pontoise / Val d’Oise
Soutien DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur ; DRAC Île de France ; Aide nationale à la création pour les arts de la rue et du cirque et du Département de la Seine Saint Denis ; Ville de Paris ; Vélo Théâtre – Apt ; Citron Jaune – CNAREP – Port-Saint-Louis-du-Rhône ; Le Bercail – Dunkerque ; Groupe F – Arles

Durée : 40 minutes

Vu en mai 2025 à Pantin, dans le cadre de la BIAM

Le Citron Jaune, CNAREP de Port-Saint-Louis-du-Rhône, en partenariat avec le Festival de la Camargue
le 28 mai

La Passerelle, Scène nationale de Gap, dans le cadre du Festival Tous Dehors
les 7 et 8 juin

Parc des Buttes Chaumont, Paris, avec le Théâtre de Châtillon, dans le cadre du festival Art’R
du 12 au 14 juin

Les Passerelles, Pontault-Combault, dans le cadre du Festival Par has’Art !
le 27 juin

Domaine départemental de Chamarande
le 29 juin

Festival Les Tombées de la nuit, Rennes
les 4 et 5 juillet

Festival Chalon dans la rue
du 17 au 19 juillet 

Festival La Grande Balade, jardin du Château des Vaux, Saint-Maurice-Saint-Germain
le 6 ou 7 septembre 

Festival de marionnettes de Bâle (Suisse)
le 11 septembre

Festival Cergy, Soit, Cergy-Pontoise
les 13 et 14 septembre

Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes, Charleville-Mézières
les 23 et 24 septembre 

Les Ateliers Frappaz, Villeurbanne
du 1er au 5 octobre 

Festival Artonov, Bruxelles 
le 4 ou 5 octobre 

Théâtre Joliette, Marseille, dans le cadre du festival En Ribambelle
du 19 au 21 octobre 

25 mai 2025/par Anaïs Heluin
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