Le public du BITEF, théâtre d’avant-garde à Belgrade, ne verra pas la représentation du Procès Pelicot prévue en novembre. Trois membres du conseil d’administration ont voté contre, entrainant la démission du metteur en scène Miloš Lolić et du dramaturge Borisav Matić, membres de la direction artistique de l’institution.
Le BITEF est un théâtre d’artistes-chercheurs, un théâtre d’expérimentations, un théâtre qui crée de la culture sans se cacher derrière les modèles dominants, qui propose à la fois une programmation annuelle et un festival international qui se déroule en septembre-octobre. En 2024, Milo Rau était venu prononcer le discours d’ouverture de la 58e édition du festival, où il avait critiqué l’exploitation minière du lithium validée par le gouvernement serbe.
Conséquence : le directeur artistique de l’époque, Nikita Milivojević, avait été licencié et, cette année, trois membres du comité, l’organisateur Srđan Obrenović, le journaliste de Politika Borka Golubović Trebješanin et la représentante du Secrétariat à la culture de la ville de Belgrade Ana Veljković, ont voté contre la représentation de l’un de ses spectacles, Le Procès Pelicot, prévue en novembre, selon le quotidien Danas.
Dans un communiqué, la direction artistique du festival a qualifié cette décision de « précédent ». Un cas comparable n’a jamais existé en 59 ans d’histoire du festival, selon Miloš Lolić et Borisav Matić, les directeurs artistiques du BITEF. « Le BITEF doit rester une plateforme pour les voix engagées qui observent la réalité avec un œil critique. Nous rejetons fermement la position du comité du festival selon laquelle le metteur en scène Milo Rau, comme tout autre artiste du monde, peut être déclaré persona non grata au Festival international de théâtre de Belgrade. » Ils ont demandé la résiliation mutuelle de leurs contrats.
Le Festival de Vienne exprime sa solidarité avec le BITEF. « La décision de censurer la pièce Le Procès Pelicot achève la destruction de la liberté artistique dans l’un des plus grands festivals d’Europe, une situation qui dure depuis des mois », a déclaré Milo Rau, le directeur artistique du Festival de Vienne, au journal Danas.
Les atteintes à la liberté artistique sont en hausse dans de nombreux pays de l’Union européenne. C’est pourquoi le Festival de Vienne a lancé la campagne « RESISTANCE NOW! » en août 2024 et s’est depuis associé à plus de 200 institutions culturelles à travers l’Europe. « RESISTANCE NOW! » attire l’attention sur les violations de la liberté artistique et élabore actuellement un projet concret de loi européenne visant à protéger la liberté artistique. Selon l’ETC (European Theater Convention), la campagne a déjà touché plus de 100 millions de personnes dans 50 pays.



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