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L’éclatante « Chambre rouge » de Michel Raskine

A voir, Dunkerque, Les critiques, Lyon, Théâtre
Michel Raskine crée La Chambre rouge aux Célestins
Michel Raskine crée La Chambre rouge aux Célestins

Photo Marion Bornaz

Michel Raskine incarne Moi dans un magnifique spectacle déjouant tous les travers de l’autocélébration grâce à l’écriture minutieuse, drôle et alerte de Marie Dilasser. Où il est question de vieillesse et de jeunesse, d’amours défunts et des trous béants de l’Histoire, entre Britney Spears et Scarlatti.

Il lui faut monter sur une chaise pour gagner notre attention après quelques notes du Toxic de Britney Spears. Casser l’ambiance pour décliner le sens de la couleur rouge qui l’entoure et expliquer ce qu’il a souhaité pour son anniversaire : avoir une chambre, s’y enfermer sans prévenir ses proches et y rester « jusqu’à ce que les murs partent en lambeaux ». Seule compagne : une servante, cette ampoule fixée au bout d’un trépied qui luit dans les théâtres au repos. Cette tranquillité va toutefois être rapidement perturbée par l’intrusion d’un messager, pasolinien – par son rôle dans le dispositif d’écriture – et clownesque – par son jeu et grâce au talent d’Antoine Besson. L’homme vient lui délivrer des lettres douces, crues, colériques d’anciens amants, dans lesquelles passe aussi, en quelques mots, la dévastation que furent les premières années du sida.

Durant 1h10, Michel Raskine, qui se dirige pour la première fois depuis Le Jeu de l’amour et du hasard en 2009 – et à l’exception de Blanche-Neige, histoire d’un prince où il a repris un rôle au débotté –, réinvente un théâtre « de coin ». C’est l’expérience qu’il avait tentée avec L’Affaire Ducreux en 1999, puis avec Au but en 2000, quand il conviait le public sur le plateau du Théâtre du Point du Jour à Lyon qu’il dirigeait alors, ne laissant qu’un bout de scène, un « coin », pour ses acteurs. Si, dans La Chambre rouge, la configuration scène-salle est classique, l’artiste évolue avec son personnage prisonnier volontaire dans une portion très congrue de l’espace où, malgré ses précautions, la vie et les autres s’infiltrent. Comme si l’eau passait par les pores les plus invisibles, à l’image de cette scène nimbée de bleu, ode aux sensations de la piscine, à ses « bactéries » et ses « ondes », aux « peaux » et aux « maillots », à la « mélancolie » aussi.

Et comment on nage sur un plateau ? On danse. Debout, Michel Raskine esquisse des mouvements de crawl qui deviennent une chorégraphie dessinée par Denis Plassard. Le rythme se dérègle alors, moins saccadé qu’auparavant, dans le tempo de la Sonate en si mineur de Scarlatti qui résonne. La danse, qui souvent ponctue les spectacles de théâtre de façon mécanique, pour les seuls besoins de la respiration du texte, est ici un langage à hauteur de celui hautement précis, ludique et tendre de Marie Dilasser, avec qui Michel Raskine collabore depuis sa sortie de l’ENSATT en 2007. Danser est le cadeau que Mitou fait à Moi dans un slow disjoint, chacun plaçant ses bras comme pour enlacer l’autre, qui ne se trouve pas en face, mais à côté. La danse est aussi ce par quoi débarque, en fin de partie, le troisième acteur, Hugo Hagen. Survolté, il veut adopter ce « vieukon », en faire son père – ou sa mère –, mais, devant son refus, l’adoptera.

Car tout est possible par le truchement de cette écriture épatante. La question de genre est tant au cœur du travail de Michel Raskine depuis sa première mise en scène, sa pièce totem Max Gericke ou Pareille au même de Manfred Karge, montée en 1984 – avant d’en passer par son Jean-Jacques Rousseau ou son Blanche-Neige –, qu’elle n’est plus un sujet. Cette liberté est vivifiante car elle n’est jamais proférée ou brandie. Elle est simplement partout, y compris quand de façon si juste (et synthétique), Moi suggère à Lado de « militer – Youth for Climate, transpédégouine machin truc, cyberharcèlement ché pas quoi » plutôt que de vouloir faire du cabaret. Pas de surplomb, pas de vainqueurs, surtout pas de leçon – « aimer ça s’apprend sur le tas ». Juste quelques voix posées, celle de Marief Guittier, comédienne quasi iconique dans ce parcours théâtral, qui donne la parole à la mère de l’acteur, survivante de Ravensbrück, puis, à la toute fin, celle d’une enfant rieuse. Après quelques spectacles qui avaient du mal à trouver leur forme – Maldoror, Ce que j’appelle oubli –, peut-être parce que leur écriture romanesque butait sur le plateau, La Chambre rouge relie les fils d’une vie avec autant de pudeur que de cohérence. Une « fantaisie », comme il est mentionné dans le titre entre parenthèses. Ou plus encore.

Nadja Pobel – www.sceneweb.fr

La Chambre rouge (fantaisie)
Texte Marie Dilasser
Mise en scène Michel Raskine
Avec Antoine Besson, Hugo Hagen, Michel Raskine, Marief Guittier
Décor Stéphanie Mathieu
Lumière et régie générale Julien Louisgrand
Son Sylvestre Mercier
Danses Denis Plassard
Construction Pascal Nougier
Peinture Amandine Fonfrède, Stéphanie Mathieu
Aide aux costumes Bruno Torres, Florian Emma
Stagiaire Karl Picard

Production Rask!ne & Compagnie
Coproduction Les Célestins – Théâtre de Lyon, Le Bateau Feu – Scène nationale Dunkerque
Résidences Les Subs, Ramdam – un centre d’art, Théâtre National Populaire, Maison de la Danse, Le Rive Gauche – Saint-Étienne-du-Rouvray

Rask!ne & Compagnie est conventionnée par la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et reçoit le soutien de la Ville de Lyon.

Le texte est publié aux Solitaires Intempestifs.

Durée : 1h10

Les Célestins, Théâtre de Lyon
du 18 au 29 septembre 2024

Le Bateau Feu, Scène nationale de Dunkerque
les 10 et 11 octobre

22 septembre 2024/par Nadja Pobel
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