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« Médusée », c(h)oeur de Gorgone

A voir, Alençon, Caen, Les critiques, Paris, Poitiers, Théâtre
Médusée de Léna Bokobza-Brunet
Médusée de Léna Bokobza-Brunet

Photo Christophe Raynaud de Lage

Spectacle cabarétique étrange autour des figures des Gorgones et du récit intime d’un double viol, Médusée combine autobiographie, mythologie et pop culture. Qu’advient-il d’une jeune femme exposée à la violence sexuelle ? À la fois cru et distancié par les voix de Léna Bokobza-Brunet, Pauline Chagne et Léa Moreau, Médusée documente et répond.

Décidément, Athéna n’est pas à la fête en ce moment. Celle qui a un peu honteusement voté pour gracier Oreste de son matricide – qu’elle a jugé moins grave que l’homicide du roi Agamemnon – dans Un jour sans vent est dans Médusée maintes fois appelée au secours par les trois Gorgones. En vain. Incarnation ici d’une justice contemporaine défaillante face aux violences faites aux femmes, elle avait dans la mythologie déjà grandement contribué au malheur de Méduse en assistant Persée pour qu’il puisse décapiter celle qui avait osé rivaliser avec elle. Déesse supposée sage, mais donc pas très dans la sororité, Athéna a certainement peu de chances de devenir une figure féministe. Au contraire de Méduse, dont Léna Bokobza-Brunet, autrice et metteuse en scène de ce spectacle, raconte qu’elle a découvert dans La véritable histoire de la gorgone Méduse de Béatrice Bienville toute la puissance inspirante.

Texte autobiographique qu’elle a écrit d’une traite, « comme on vomit, de façon urgente et franche », précise encore l’autrice-metteuse en scène, Médusée raconte les deux viols qu’elle a subis, et, figure malheureusement bien trop rituelle, les difficultés à trouver les ressources pour en circonscrire la douleur. Justice défaillante, donc, mais aussi amis incrédules, garçons, au mieux, maladroits, et, bien sûr, sentiments de honte qui s’entremêlent avec la stupéfaction, le dégoût du corps, la perte du désir…. C’est tout ce cycle infernal qu’ouvrent les violences sexuelles que relate Médusée, spectacle au titre qui évoque avant tout l’état d’hébétude de la victime face à ce qui lui arrive. Le sujet est lourd, mais Léna Bokobza-Brunet choisit de le traiter avec une certaine distance, optant pour la légèreté et l’étrangeté d’un cabaret aux teintes subaquatiques, se mettant en scène accompagnée de deux Gorgones, comédiennes, musiciennes et chanteuses, Pauline Chagne et Léa Moreau. Sur fond de grotte à l’entrée en forme de vulve, au milieu de rochers noirs et de stalactites, les trois interprètes aux ondulations serpentines et aux looks à la fois sexy et inquiétants, femmes fatales border drag-queens, forment une seule voix, qui se dédouble, se détriple, se détrouple dans des chansons reprises à Cher ou Juliette Armanet, ou encore adaptées de l’anglais au français, comme, par exemple, le fameux Murder on the Dancefloor de Sophie Ellis-Bextor qui devient Meuf sur le dancefloor.

Mélangeant mythologie et pop culture, références à Persée et à Twilight, à Poséidon et au Titanic, à Méduse et à Sid (le paresseux de L’Âge de glace) et à bien d’autres figures qui ont peuplé son adolescence, Léna Bokobza-Brunet alterne les tonalités dans son récit, laissant ainsi se succéder épisodes pathétiques et chansons ironiques, propos moqueurs et couplets romantiques, sonorités électros et discos, dans des grands écarts déroutants, mais cohérents, où les désirs et les rêves ordinaires d’une jeune adulte côtoient la noirceur d’une victime de viol. Parfois un peu didactique, guidant à l’excès la compréhension des spectateurs, le texte est le plus souvent adressé face public, au micro ou a capella, dans un récit qui court après le retour à la vie, au désir, à l’amour, que les deux viols ont rendu bien difficiles – c’est un euphémisme. À la fois récit intime, qui a l’immense mérite de documenter le vécu d’un tel traumatisme dans ses conséquences sur le long terme, et objet générationnel, qui plonge la scène dans un bain régénérant de références et repères culturels d’hier et d’aujourd’hui, Médusée séduit par l’étrangeté de sa tonalité, qui mêle au pathétique une distance amusée et dessine certainement ainsi une voie de reconstruction.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Médusée
Texte et mise en scène Léna Bokobza-Brunet
Avec Léna Bokobza-Brunet, Pauline Chagne, Léa Moreau
Assistanat à la mise en scène Flavien Beaudron
Collaboration artistique Leïla Loyer-Kassa
Dramaturgie Aurélia Marin
Création et régie lumières Jérôme Baudouin
Régie son Timothée Vierne
Scénographie Sarah Barzic
Costumes Marnie Langlois
Ongles Violette Conti
Coiffe Hercule Bourgeat
Création sonore Léa Moreau
Création vidéo Ophélie Demurger
Arrangements musicaux Léa Moreau et Pauline Chagne
Chorégraphie Bérénice Renaux
Regard extérieur Fabien Chapeira

Production Compagnie Ultimato
Coproduction Théâtre Ouvert – Centre National des Dramaturgies Contemporaines ; Grand Parquet – Théâtre Paris-Villette ; Maison Maria Casarès dans le cadre du dispositif Jeunes Pousses
Soutien Région Normandie ; Ministère de la Culture – DGCA ; département du Calvados
Accueil en résidence Comédie de Caen ; Le Préau – CDN de Vire

Le projet bénéficie de l’aide à la diffusion du spectacle vivant / spectacle musical de la SPEDIDAM. Il est lauréat du Dispositif Jeunes Pousses 25-26 de la Maison Maria Casarès, ainsi que du dispositif Femmes dans la Culture par Les Artpies Cultrices. Il a été sélectionné par l’association HF+ Normandie pour participer aux Journées du Matrimoine en septembre 2025. Le texte Médusée a été repéré par le comité de lecture QD2A – Théâtre des Quartiers d’Ivry.

Durée : 1h25

Théâtre Ouvert, Paris
du 8 au 18 décembre 2025

Comédie de Caen – CDN de Normandie
du 19 au 21 mai 2026

Maison Maria Casarès, Poitiers
les 20 et 21 juin

Le Forum, Théâtre de Falaise
durant la saison 2026-2027

Scène nationale 61, Alençon
durant la saison 2026-2027

11 décembre 2025/par Eric Demey
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