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Maurin Ollès et Pierre Maillet en quête de « Rabalaïre »

Angers, Colmar, Les critiques, Lyon, Moyen, Paris, Théâtre, Toulouse
Pierre Maillet et Maurin Ollès créent Et j'en suis là de mes rêveries d'après Rabalaïre de Guiraudie à la Comédie de Colmar
Pierre Maillet et Maurin Ollès créent Et j'en suis là de mes rêveries d'après Rabalaïre de Guiraudie à la Comédie de Colmar

Photo André Muller

Dans Et j’en suis là de mes rêveries, créé à la Comédie de Colmar, le metteur en scène et l’acteur relèvent l’ambitieux défi de porter à la scène le roman d’Alain Guiraudie, sans toutefois trouver une forme et un ton suffisamment percutants et prompts à restituer tout son vertige.

C’est une somme de plus de 1000 pages qu’a écrite et fait paraître Alain Guiraudie aux Éditions POL en 2021 ; une somme qui semble tellement inadaptable au théâtre que le projet vraiment fou et osé de Maurin Ollès, jeune artiste associé à la Comédie de Colmar, ne peut que piquer la curiosité, notamment au moment où sort en salles Miséricorde, le dernier film du cinéaste et romancier, dont le scénario s’inspire à nouveau de Rabalaïre. L’imposant pavé est placé sur une table de travail entre des piles de dossiers et quelques menus objets, au premier plan d’un espace restreint et pluriel qui figure, à la fois, la scène de théâtre elle-même, qui se transforme parfois en plateau de cinéma, et un bureau d’enquête, où seront judicieusement reconstitués les faits qui jalonnent l’étonnant parcours de Jacques. C’est lui le « Rabalaïre ». En occitan, l’expression désigne un vagabond, quelqu’un d’instable, toujours en fuite, chez les uns ou chez les autres.

À cinquante ans et au chômage, Jacques passe ses journées oisives à faire des escapades en voiture et à vélo, dans les montagnes et les forêts, ou s’occupe à batifoler avec une infinité de partenaires variés. Arrivé par hasard dans le petit village de Gogueluz, il découvre sa nature accueillante et hostile, mais aussi ses habitants, abrupts, taiseux, mais généreux. Dans l’écriture très imagée de Guiraudie, la ruralité s’offre comme un décor complet, empreint d’une certaine rugosité, inspirant autant de quiétude que de menaces. Jacques y laissera s’épancher ses instincts primaires, physiques, les pulsions et la violence qui l’irriguent, au point de se perdre et de devenir un double meurtrier. Le lieu du crime qui porte bien son nom, le « col de l’homme mort », est figuré à l’avant-scène par une grosse pierre ensevelie sous la terre brune.

En cuissard et veste thermique de cycliste, ou bien nu comme un ver, Pierre Maillet incarne avec une verve et une vigueur sympathiques le rôle principal, dont il met en évidence l’inquiétude qui traverse son volubile flux de conscience, plein de turpitudes socioaffectives, tout en lui donnant de francs accents burlesques. Face à lui, son metteur en scène prend en charge tous les autres personnages du récit auxquels, en seulement quelques rapides changements de costumes, il parvient à donner un certain relief. Il joue à la fois Rémi, l’ancien collègue de travail, Eric Fabre, le mauvais garçon à l’air charmant et menaçant, le curé qui se laisse caresser par Jacques sous la table du déjeuner qui suit les funérailles de l’aubergiste, et qui finira par confesser l’amour qu’il éprouve pour les hommes.

Ceux qui ont vu L’Inconnu du Lac, pour ne citer que le blockbuster de Guiraudie, savent bien que le désir, notamment homosexuel, mêlé au crépuscule, au danger et à la mort, est omniprésent dans son œuvre. Les choses sont insaisissables et n’ont pas vocation à être expliquées, élucidées. C’est pourtant ce que cherche un peu trop à faire Maurin Ollès dans son adaptation scénique. Moins cru, mais pas moins osé que le premier roman de Guiraudie, Ici commence la nuit (2014), où se conjuguaient érotisme et masochisme, gérontophilie et scatologie, Rabalaïre se présente comme un matériau nécessairement aventureux, qui réclame une certaine démesure, quelque chose d’inconvenant, d’insolent, de délirant même, et que le théâtre, même s’il n’a pas froid aux yeux, n’atteint malheureusement pas assez ici.

Sur scène, on retrouve une part de mystère propre au monde nébuleux et fantasmatique de Guiraudie, mais aussi quelque chose de l’ordre de l’anodin qui lui est pourtant bien étranger. C’est moins le cas lorsque Maurin Ollès a recours aux moyens du cinéma, et notamment lors d’une longue séquence centrale, entièrement filmée et montée, au cours de laquelle se laisse contempler l’intimité de Jacques et de son copain Bruno, seule scène de sexe représentée alors qu’il n’est quasiment question que de cela dans le livre, tant son anti-héros n’a d’appétit de vivre qu’à travers une consommation sexuelle effrénée. S’ensuit une réjouissante déambulation nocturne du même Jacques, à poil, sous la voie lactée, alors qu’il vient de se faire mettre dehors par son amant sans avoir eu le temps de se rhabiller. Ailleurs, la représentation théâtrale patine un peu et mériterait bien d’être davantage dopée à la Brigoule, cette gnôle aveyronnaise aux pouvoirs miraculeux dont l’Aveyron garde apparemment bien le secret.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Et j’en suis là de mes rêveries
d’après le roman Rabalaïre d’Alain Guiraudie
Mise en scène et réalisation Maurin Ollès
Avec Pierre Maillet, Maurin Ollès, et la participation en images de Ferdinand Garceau, Jean-François Lapalus, Pierre Maillet, Julien Villa
Ériture et adaptation Ferdinand Garceau, Pierre Maillet, Maurin Ollès
Production et assistanat réalisation Julie Lapalus
Dramaturgie et script Ferdinand Garceau
Scénographie et costumes Zouzou Leyens
Lumière et régie générale Bruno Marsol
Son Manon Amor
Diffusion et regard extérieur Aurélia Marin
Construction Marc De Frise
Stage maquette Yuna Choï
Image Lucas Palen
Assistanat caméra Micaela Albanese
Montage image Mehdi Rondeleux
Prise de son Arnold Zeilig
Perche Paul Guilloteau
Montage son et mixage Tiphaine Depret
Décors et accessoires Nissa Abaoui
Régie Mélaine Jonckeau
Étalonnage Erwan Dean
Musique originale et cuisine Bédis Tir
Musique générique de fin Simon Averous

Production La Crapule
Coproduction Les Gens Déraisonnables (Parmi les Lucioles) – Rennes ; Comédie de Colmar – CDN Grand Est Alsace ; Les Célestins – Théâtre de Lyon ; Théâtre de La Bastille ; Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN ; NEST Théâtre – CDN de Thionville Grand-Est ; Théâtre Sorano – Scène conventionnée de Toulouse ; Réseau Puissance 4
Soutien Maisons Mainou de Genève ; la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon – Centre national des écritures du spectacle ; Ministère de la Culture-DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur ; Département des Bouches-du-Rhône ; Carte blanche aux artistes de la Région Sud ; Ville de Marseille

Durée : 2h

Comédie de Colmar – CDN Grand Est Alsace
du 15 au 19 octobre 2024

Le Quai – CDN d’Angers
les 20 et 21 janvier 2025

Théâtre Sorano, Toulouse
les 26 et 27 mars

Théâtre de la Bastille, Paris
du 31 mars au 11 avril

Les Célestins, Théâtre de Lyon
du 6 au 17 mai

18 octobre 2024/par Christophe Candoni
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