Profondément lié à l’histoire du Théâtre Dijon Bourgogne, le festival Théâtre en Mai est un élément essentiel de son identité singulière : c’est une fête du théâtre, un printemps de surprises et de découvertes. Au fil du temps, le festival a connu diverses formes et divers contenus, mais toujours, il est resté attentif à l’émergence des jeunes artistes, de même qu’il a toujours affirmé une dimension internationale. En prenant à mon tour la direction du TDB, j’ai évidemment souhaité poursuivre l’aventure de Théâtre en Mai où je fis moi-même mes premières armes à la fin des années 1990.
Cette édition 2013 est la 24ème du festival. Il est bon de le rappeler, parce que notre art si éphémère a besoin de constance : depuis 23 ans, le théâtre n’a cessé de se renouveler et Théâtre en Mai a toujours été un acteur majeur de ce renouvellement. Cette année, onze jeunes compagnies feront battre le cœur du festival : une grecque, une franco-allemande et neuf françaises. Nous les avons choisies parce qu’elles sont parmi les plus passionnantes du moment, parce qu’elles témoignent de la vitalité et de l’inventivité intacte du théâtre en ce début du XXIème siècle. Nous les avons choisies aussi parce qu’elles ne se ressemblent pas et que leur confrontation rappelle avec force que le travail des jeunes compagnies, loin de se réduire à un style unique, recouvre en réalité une variété de formes remarquable. Qu’il s’agisse de revisiter le répertoire (Dom Juan, Turandot) ou d’inventer les écritures de demain (Hetero, Call me Chris, Sous Contrôle), qu’il s’agisse d’affronter les grandes figures de nos mythologies littéraires (Se souvenir de Violetta) ou les fantômes de l’Histoire (Voyageur-51723, Les Bâtisseurs d’Empire, Guns ! Guns ! Guns !), qu’il s’agisse de dialoguer avec les cultures de masse d’aujourd’hui (Le Vernissage/Rixe) ou les cultures foraines d’antan (La vieille qui lançait des couteaux), tous ces spectacles sont autant de façons de faire du théâtre, autant de regards singuliers jetés sur notre monde, sur ce qui nous arrive et ce que l’on attend. Gageons que Théâtre en Mai sera aussi l’occasion pour ces jeunes artistes de s’interroger ensemble sur leur communauté de destin, en confrontant leurs expériences, leurs conditions de travail, leurs lieux d’inspiration.
Mais s’il est d’abord fondé sur un dialogue des formes, Théâtre en Mai veut être aussi le lieu d’un dialogue des générations : pour cette raison, et pour que la fête soit complète, nous avons souhaité présenter en vis-à-vis de ces jeunes équipes deux figures majeures de la scène européenne. Ainsi, c’est le metteur en scène allemand Matthias Langhoff, parrain de cette édition, qui ouvrira le festival par la présentation de l’OEdipe Tyran de Sophocle joué en langue russe par l’équipe du Théâtre de Saratov. Et c’est également lui qui le clôturera avec la première en France du Dîner de fête de Don Juan, un spectacle inspiré de Molière, Tirso de Molina et Mozart, interprété par la troupe formidable du Théâtre hongrois de Cluj, en Roumanie. Le retour de Matthias Langhoff à Dijon, après Quartett d’Heiner Müller, après sa version très personnelle d’Hamlet, sera l’occasion de faire le point sur son parcours artistique d’exception. C’est ensuite l’inclassable Philippe Genty, le magicien du théâtre visuel, qui présentera Ne m’oublie pas, la reprise 20 ans après de l’un de ses plus célèbres spectacles. Philippe Genty, dont la compagnie est implantée en Bourgogne depuis plusieurs années, a réalisé cette reprise avec les jeunes acteurs issus de l’école de théâtre de l’Université North-Trondelag de Verdal, en Norvège, donnant ainsi à l’œuvre un souffle nouveau venu des étendues arctiques.
Résolument ouvert, curieux et éclectique, Théâtre en Mai (du 17 au 26 mai) poursuit donc sa route, à la recherche de nouveaux émerveillements.
Excellent festival à tous !
Benoît Lambert Metteur en scène et Directeur du TDB
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