À l’heure où les inégalités se creusent entre les hommes et les femmes, nous avons voulu réadapter les Bonnes de Jean Genet dans une mise en scène où le corps n’existe plus, où homme et femme se côtoient sans sexualisation, où l’androgynie des deux comédiens vient sublimer le propos et y donner sens. Claire et Solange ne sont pas des corps aimés et désirés, c’est ce qu’elles souhaitent secrètement mais sans en avoir les clefs pour le comprendre et le ressentir. Et elles l’expriment par cette langue si bavarde à Genet.
Le travail s’est donc centré autour de l’effacement du corps des deux sœurs pour mieux mettre en valeur leurs paroles et donner un sens brut et actuel à leurs revendications de liberté inachevée. Ainsi on entend leur combat social, comme une résonance aux mouvements de nos rues. Une rébellion contre leur système d’enfermement, d’empêchement, de fantasme de vie meilleure et inaccessible. Mais si elles ne se libèrent pas de leurs corps, elles ne pourront jamais se libérer de leur condition. C’est un cercle vicieux dans lequel elles ne peuvent plus trouver de porte de sortie.
C’est une vision plus moderne de la pièce mais pourtant plus proche du texte et du poids des mots comme des armes. Elles deviennent nos sœurs, nos amies, elles cristallisent tout ce qu’on n’ose pas dire ou faire, elles sont bien plus humaines que le premier jugement qu’on y porte. Elles nous ressemblent, nous troublent, nous inquiètent et nous émeuvent.
Les Bonnes de Jean Genet
Mise en scène: Mathilde Chabin-Guignard
Distribution: Delphine Audrey (Madame)/Jude Martin (Claire)/Frédérique Sorel (Solange)
Durée: 1h15Tous les jeudis à 19 heures
jusqu’au 22 novembre 2018au Guichet Montparnasse
– 15, rue du Maine – Paris XIV –
– métro: Montparnasse/Edgar Quinet/Gaîté –
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