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Avec Maryse Estier, « Le Dindon » glougloute encore

A voir, Les critiques, Théâtre, Versailles
Maryse Estier met en scène Le Dindon de Feydeau
Maryse Estier met en scène Le Dindon de Feydeau

Photo Carole Parodi

La Franco-suisse Maryse Estier, artiste associée au Théâtre Montansier de Versailles, donne à la pièce de Feydeau de jolies teintes modernes, alliant, avec de très bons interprètes, audace et fidélité à la mécanique du vaudeville.

Tout commence comme dans un film d’horreur. Une soubrette en costume trad, noir et blanc, agite son plumeau sur les bords d’un miroir qui se met à grésiller ; puis, un grand cri retentit, véritablement effroyable. C’est Lucienne Vatelin, poursuivie par un homme. Elle le repousse in extremis, mais le voilà qui resurgit par la cuvette des toilettes et s’agite à mi-buste pour l’attraper. Ainsi, Maryse Estier a-t-elle décidé de marier les genres. Le comique de Feydeau et une bonne dose d’étrangeté qui prend au tout début les couleurs d’une parodie de gore. Suivront quelques étranges grincements de portes, une blessure à la tête dont personne ne s’étonne, des plantes vertes exotiques qui prolifèrent dans une chambre, et bien d’autres trouvailles encore. Avec ces bizarreries, la metteuse en scène subvertit le réalisme traditionnel de l’atmosphère maison bourgeoise des vaudevilles tout en ne l’abandonnant pas complètement. Femmes en robes moulantes et attributs en strass qui se trémoussent sur un vieux tube de Diana Ross, hommes veules autant qu’il se doit, Feydeau est bien là, même si l’on glisse en première partie du traditionnel salon à la salle de bains des Vatelin, d’un XIXe siècle finissant à l’intérieur design d’une maison moderne.

À ce Dindon qu’elle retouche par-ci par-là, Maryse Estier paraît de surcroît vouloir donner une légère teinte girl power, mais la trame résiste. Car si les hommes sont ici lâches, pulsionnels et vraiment pas à la hauteur, les femmes, elles, trompent essentiellement par désir de vengeance, en réponse aux trahisons des mâles, bien davantage que pour satisfaire leur propre libido. Vision vieillotte de la distribution du désir, qui prend des teintes troubles quand même, notamment grâce au personnage de Lucienne Vatelin, très finement interprété par Mariama Sylla, ou encore à cette cocotte d’Armandine qui ne s’en laisse pas compter. On balance entre stéréotypes vieillis et images d’émancipation, comme dans cette première scène qui laisse affleurer la violence des hommes qui suivent les femmes jusque chez elles, ce que Feydeau n’a certainement jamais voulu souligner. Car ce qui occupait le dramaturge était bien plus de rire de nos petites bassesses – de la lâcheté des hommes, notamment – dans des pièces écrites au cordeau, suivant des dynamiques hyper précises.

De ce côté, Maryse Estier et sa troupe appliquent brillamment les préceptes de l’auteur. Avec ses huit interprètes qui  stylisent dans le corps le comique au bord de la farce – normal pour un Dindon –, sans jamais cabotiner et en gardant un rythme que n’aurait pas renié Feydeau, cette version rend hommage à la subtile mécanique comique du grand auteur que le temps n’affectera jamais. Le lapin Crépin Vatelin trompe sa femme que convoitent l’insatiable Pontagnac, lui-même marié, et Redillon, qui l’aura un peu molle à la suite de sa nuit avec Armandine. Pourtant, Lucienne Vatelin et Clotilde Pompagnac avaient très envie de se venger des infidélités de leur mari respectif avec lui. Le couple Soldignac venu d’Angleterre achevant de donner à cette tribu le tournis des tromperies, si bien qu’à force, tout le monde paraît susceptible de pouvoir coucher avec tout le monde. Et si, à la fin, tout revient en ordre, sauf pour le dindon, on se souviendra qu’entre morale et liberté, la frontière peut être très vite traversée.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Le Dindon
de Georges Feydeau
Adaptation et dramaturgie Maryse Estier, Clémence Longy
Mise en scène Maryse Estier
Avec Nicolas Avinée, David Casada, Marie Druc, Dylan Ferreux, David Gobet, Capucine Lhemanne, Clémence Longy, Mariama Sylla
Assistanat à la mise en scène dans le cadre du projet Transmission Adrien Zumthor
Scénographie et lumières Lucien Valle
Son John Kaced
Costumes Clément Vachelard
Chorégraphie et combats Pavel Jancik
Accessoires Cam Ha Ly Chardonnens
Maquillages et perruques Emmanuelle Olivet Pellegrin
Coiffures Fadila Adli
Couture Verena Dubach, Cécile Vercaemer-Ingles
Construction décor Marc Borel, Tom Foutel, Christophe Reichel, Grégoire de Saint Sauveur, Le Ratelier – JM Mathey & Lucien Mozer
Peinture décor Éric Vuille

Production Théâtre de Carouge ; Cie Jordils
Coproduction Théâtre de Montansier Versailles

Durée : 2h10

Théâtre Montansier, Versailles
du 25 avril au 3 mai 2025

27 avril 2025/par Eric Demey
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