Jean-Louis Martinelli a eu cette riche idée d’adapter Chicago, le roman de Alaa El Awasny, bien avant le soulèvement du peuple égyptien au printemps. Et même si cet opus possède moins de force romanesque que L’immeuble Yacoubian, il reste néanmoins un roman attractif qui prend toute sa force quelques mois après la chute des pouvoirs dictatoriaux en Afrique du Nord et en Egypte. La pièce a été jouée en tournée cet automne au Caire et à Alexandrie, elle poursuit sa carrière en tournée.
Marie Denarnaud @ Pascal Victor
Chicago raconte l’histoire d’un groupe d’intellectuels égyptiens exilés à Chicago. Nagui (Mounir Margoum) est un jeune étudiant qui bénéficie d’une bourse pour poursuivre ses études aux Etats-Unis. Il découvre l’ivresse de la vie américaine, l’alcool qui coule à flot, les femmes, et tombera amoureux de Wendy (Marie Denarnaud), une jeune juive. L’avantage avec un roman, c’est que l’on peut passer les pages inutiles et ennuyantes, ce que l’on ne peut pas faire au théâtre lorsque l’on est spectateur. Jean-Louis Martinelli dans son adaptation trop didactique de l’œuvre de Alaa El Awasny a donné autant d’importance aux histoires de cœur des protagonistes qu’à l’histoire qui aujourd’hui est la plus d’actualité : la critique de l’ancien pouvoir en place, à travers la tentative par Nagui et le docteur Saleh (Abbès Zahmani) de saboter verbalement la visite à Chicago du Président égyptien. Les spectateurs qui ne connaissent pas le roman sont séduits par cette résonnance avec l’actualité, mais la langue fleurie de Alaa El Awasny se perd dans cette adaptation. Jean-Louis Martinelli est tombé dans le piège de l’adaptation littérale. Il aurait pu s’emparer de ce sujet pour en faire une ode aux révolutions arabes.
Les comédiens naviguent sur le plateau nu, les changements de costumes se font à vue, la salle reste éclairée. La disposition fait penser aux mises en scène des jeunes collectifs qui fleurissent actuellement (les sans cou, ou le laboratoire de Gwenaël Morin), mais cela manque cruellement de nervosité et d’émotion. Alors replongeons-nous dans le roman.
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