L’Homme assis dans le couloir a pour acte de naissance un récit de trente pages édité par les Editions de Minuit en 1980. D’après certains chercheurs, une première tentative de notre auteur, sous un nom anonyme, aurait parue au début des années 60. On ne l’a pourtant pas découvert.
Concernant notre projet, ce texte méconnu, insolite, sensuel et chaotique est sans doute l’un des plus radicaux tenu par Marguerite Duras. Il surprend par son caractère hors norme. Comme on ne l’ignore pas, l’écriture au féminin parcourt l’ensemble de son œuvre. Sa plume dans son ampleur saisissante y revient sans cesse.
Son répertoire pourrait dans l’ensemble se résumer à ce titre : Il était une fois une femme. D’une certaine façon, elle pourrait être, elle même, son personnage principal. Ecoutez-là, sa première exclamation, à la sortie publique de l’ouvrage : « Ce texte je n’aurais pas pu l’écrire si je ne l’avais pas vécu ».
Elle amène elle-même sa définition : « Je saisis les personnages à ce stade inachevé de leur construction et déconstruction, parce que ce qui m’intéresse c’est l’étude de la fêlure ». La vraie singularité en lisant
L’Homme assis dans le couloir, c’est que nous ne savons pas si c’est un cri organique donnant priorité à l’assouvissement du corps, matière première de tout être humain. Ou bien, une narration symbolique, un index des modalités du plaisir sexuel. Provocation ou frustration, les pistes ne manquent guère.
C’est d’amour qu’il s’agit, partition textuelle et partition chamelle se rejoignent. A l’exaltation passionnelle se superpose la fascination érotique. Dialoguant avec elle-même et rejetant tout tabou, elle tente de forer ce qui n’avait jamais été écrit, sa respiration avec toutes les gammes possibles de la relation amoureuse
avec l’homme.
Je suis attiré par les textes resserrés et brefs, les œuvres deviennent des métaphores : L’Homme assis dans le couloir, édité il y a une quarantaine d’années est l’histoire d’un duo femme-homme où il n’y a plus
qu’une personne.
Dans le souci de parler vrai, le texte est d’une franchise féminine rare. Mais j’y perçois aussi comme langage et écoute, une poésie étrange qui a son propre chemin. Ainsi l’ai-je vue. Et puis quoi qu’elle écrive, Marguerite Duras ne peut se séparer de ses paysages d’enfance, de son ciel natal, des moussons du Vietnam et de l’éblouissement solaire.
Gabriel Garran.
Texte Marguerite Duras
Jeu Marie-Cécile Gueguen
Mise en scène Gabriel Garran assisté de Bruno Subrini
Adjointe Ella Goüet
Décor Jean Hass
Lumières Franck Thévenon
Espace sonore Pierre-Jean Horville
Co-réalisation La Reine Blanche – Les Déchargeurs & Le Parloir Contemporain
Durée 1h05LES DÉCHARGEURS – PARIS
18 juin au 6 juillet 2019, mardi au samedi à 21h30
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