Les amateurs de sensations fortes n’ont pas oublié leur saisissant Opus (avec le Quatuor Debussy, sur la musique de Chostakovitch), ni leur spectaculaire Sacre du Printemps (avec l’Orchestre national de Lyon), deux rendez-vous qui ont marqué l’histoire récente des Nuits… De retour dans le Grand théâtre, la compagnie d’acrobates de Circa et son bouillonnant directeur artistique Yaron Lifschitz, fidèles complices du festival, se lancent dans une nouvelle aventure d’envergure, imaginée en coproduction avec l’Opéra de Lyon.
100 % tango, 100 % universel
Cette fois, c’est dans l’univers du tango que se projette cette troupe d’athlètes et de poètes, avec l’adaptation d’une œuvre signée par l’indépassable maître du genre, le grand Astor Piazzolla. Unique “opéra-tango” composé à ce jour, María de Buenos Aires, créé en 1968, est un objet inclassable, une matière ardente et turbulente comme les aime Yaron Lifschitz. Sur un livret pour deux solistes écrit par Horacio Ferrer, il conte l’histoire de María, une chanteuse qui, après une fin tragique dans une maison close, devient une ombre condamnée à dériver dans les bas-fonds de Buenos Aires. Le réel le plus trivial et l’onirisme le plus surréaliste s’embrassent ici fougueusement, au son d’une langue ultra chantante composant une ode enflammée à la beauté fatale du tango et de sa ville natale. C’est une histoire de malédiction et de rachat, d’errance et de libération, de défi bravache à la mort et d’hymne à l’amour, une histoire à la fois 100 % tango et 100 % universelle… Bref : du pain bénit pour Yaron Lifschitz, dont la dramaturgie toujours inventive n’aime rien tant qu’à explorer les zones de friction entre la dureté du monde et la soif d’absolu de l’âme humaine.
Un rêve de tango, un tango de rêve
C’est à cette vision que la mezzo-soprano Wallis Giunta et le baryton Luis Alejandro Orozco, entourés de dix acrobates et de danseurs, vont donner corps et âme, soutenus par un groupe de tango renforcé par les cordes de l’Orchestre national d’Auvergne. Un plateau tournant et un décor minimaliste et puissant complètent le tableau. À l’image de Piazzolla, empereur d’un genre très codifié qu’il n’aura eu de cesse de bousculer et de sublimer, les Australiens s’apprêtent une fois encore à faire trembler de la plus belle des manières les lignes de traverse entre cirque, danse, musique et littérature… Et l’on peut croire Yaron Lifschitz sur parole lorsqu’il postule que María de Buenos Aires sera “un rêve de tango, un tango de rêve”.
María de Buenos Aires
Astor Piazzolla, Horacio Ferrer
Circa, Orchestre national d’Auvergne
Direction musicale Valentina Peleggi · Mise en scène et décors Yaron Lifschitz – Circa · Costumes Libby McDonnell – Circa · Lumières Lutz Deppe · Vidéo Yann PhilippeMaría Wallis Giunta · Ténor Luis Alejandro Orozco · Danseurs distribution en cours · Acrobates de la compagnie Circa
Orchestre national d’Auvergne :
Direction Roberto Forés Veses
1ers violons Girolamo Bottiglieri (violon solo), Harumi Ventalon (violon cosoliste), Yoh Shimogoryo, Raphaël Bernardeau, Marta Petrlikova, Lina Octeau (violons) · 2nds violons distribution en cours (violon Chef d’attaque), Irène Martin, Philippe Pierre, Robert McLeod (violons) · Altos Cyrille Mercier (alto solo), Baptiste Vay, Isabelle Hernaïz, Cédric Holweg (altos) · Violoncelles Jean-Marie Trotereau (violoncelle solo), Takashi Kondo, Hisashi Ono (violoncelles) · Contrebasses Ricardo Delgado (contrebasse solo), Laurent Bécamel (contrebasse)
Musiciens tango :
Bandonéon William Sabatier · Piano Emilie Aridon-Kociotek · Guitare électrique Diego Trosman · Flûte distribution en cours · Batterie Richard Héry
Percussion Attilio Terlizzi
Durée 1h40 environ
Nouvelle production · Coproduction Opéra de Lyon, les Nuits de Fourvière · En partenariat avec la Compagnie Circa (Australie)
Opéra de Lyon
du 15 au 23 janvier 2022
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