C’est l’année Maëlle Poésy. La metteuse en scène vient d’être distinguée Révélation de l’année par l’Association des critiques de théâtre. Après ses deux Tchekhov au Studio de la Comédie-Française, sa reprise de Candide au TCI, elle a créé en mai l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône avec Kevin Kreiss, Ceux qui errent ne se trompent pas, une adaptation du roman de José Saramango, La Lucidité. Ce spectacle fait l’ouverture du 70ème Festival d’Avignon. Une pièce en prise avec l’actualité du printemps. Une fiction dans laquelle des électeurs se ruent massivement aux urnes mais pour dire non au système politique en place, ils votent blanc à 80 %. Rencontre avec la metteuse en scène.
C’est fou de constater à quel point votre pièce est en prise avec l’actualité ?
C’est le pur hasard. Ce projet a été imaginé il y a trois ans. C’est un gros concours de circonstance que cette thématique soit autant dans l’actualité. Notre idée n’était pas de situer la pièce dans un contexte particulier ou dans un pays particulier mais de parler du rapport entre la population et ses représentants et de la crise du politique dans nos sociétés.
La population se rebelle contre le monde politique, un peu comme les gens qui participent depuis le mois de mars au mouvement « Nuit debout ».
Là où il peut y avoir un rapport c’est l’interrogation sur notre système. Dans notre fiction avec Kevin Keiss qui a écrit le texte d’après le livre de José Saramago La Lucidité, l’idée est dénoncer l’aveuglement des gouvernements qui précipitent leur chute.
Et l’on rentre dans le processus de la pensée des dirigeants politiques.
Il y a eu tout un travail sur le off et le on. Tout cela n’est la source que de notre imagination car on n’a pas accès au Conseil des Ministres ! C’est de la pure fiction !
C’est une fiction mais on se dit que demain le peuple peut décider de voter blanc en masse !
Mais la pièce ne se focalise pas uniquement autour du vote blanc. Elle tourne autour de la question du pouvoir, de l’aveuglement et de comment on remet au centre du débat la question du bien public.
Votre spectacle fait partie d’une tradition qui n’est pas forcément développée en France mais que l’on voit plus dans les pays anglo-saxon ; c’est de parler de l’actualité.
Je n’aime pas forcément travailler sur des objets de textes dramatiques. J’aime partir d’un roman pour arriver au plateau après un long temps de gestation pour construire les personnages. C’est une matière en mouvement. Le travail sur la chorégraphie et la scénographie font aussi partie du travail global du projet.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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