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« Figaro » par Lucile Lacaze, ou le pouvoir des femmes

A voir, Angoulême, Besançon, Les critiques, Lyon, Théâtre
Lucile Lacaze monte La Folle Journée ou Le Mariage de Figaro d'après Beaumarchais
Lucile Lacaze monte La Folle Journée ou Le Mariage de Figaro d'après Beaumarchais

Photo Marion Bornaz

Dans une mise en scène qui mêle le contemporain et la fin de règne pré-Révolution française, Lucile Lacaze fait de ses personnages féminins les héroïnes de La Folle Journée ou Le Mariage de Figaro. Lutte des classes et bataille contre le sexisme s’incarnent dans ce travail survitaminé et parfaitement fluide.

Le travail n’est pas mince. Des seize personnages inventés par Beaumarchais, Lucile Lacaze en conserve dix (dont quatre annexes) interprétés par six acteurs et actrices. Des différentes pièces du château et des jardins où se déroulent les intrigues sur une journée, elle fait un parquet au sol encadré astucieusement par des portes coulissantes en bois et une vue, la plus profonde possible, sur les coulisses où sont stockés des rangs de costumes. Les entrées de la salle de théâtre, celles dédiées au public et celles des artistes, sont autant de trappes pour déployer ce récit effréné mené très habilement.

Issue de l’ENSATT, dont elle est sortie diplômée en mise en scène en 2020, Lucile Lacaze aime s’attacher aux classiques depuis la fondation de sa compagnie La Grande Panique en 2021, avec pour administrateur et collaborateur artistique Gabin Bastard. Il y a eu Nana en 2022, un peu noyé dans un espace non-théâtral lorsque nous l’avons vu, puis Mesure pour Mesure, efficace et rythmé, presque à l’étroit dans ce théâtre lyonnais pourtant phare et indispensable à l’émergence théâtrale que sont les Clochards Célestes – le solo, Notre jeunesse d’après Charles Péguy. qu’elle a aussi mis en scène a lui été crée dans l’autre théâtre lyonnais en pointe sur l’émergence, L’Élysée. Voici que, lauréate du prix Incandescences 2024 pour son adaptation shakespearienne, s’est ouverte la voie des théâtres majeurs, comme Les Célestins de Lyon où elle crée ce Mariage de Figaro sur le petit plateau – quoiqu’elle ne serait pas perdue sur le grand. Elle construit un jeu de chausse-trappes qui repose sur la qualité de jeu de ce sextet. À commencer par l’impeccable duo que forment Mickaël Pinelli et Thomas Rortais dans les rôles respectifs du Comte Almaviva et de Figaro. Ce n’est pourtant pas sur ces rôles qu’il faut compter pour que la justice triomphe. Lucile Lacaze, comme Beaumarchais, fait du trio Suzanne-La Comtesse-Marceline des héroïnes.

La femme de chambre de La Comtesse (Suzanne, Lucile Courtalin) s’apprête à se marier dans quelques heures à Figaro, valet du comte qui leur cède une chambre du château. Mais la jeune fille, parfaitement à l’aise en jean, a compris la manigance : le seigneur a l’intention de rétablir le droit de cuissage qu’il a pourtant aboli. Pour épouser son amoureux, elle devra être violée – déflorée, disait-on pudiquement à l’époque – par son supérieur hiérarchique. Elle ne s’y résout pas. Avec les deux autres femmes de cette aventure, elle va constituer un petit attelage pour abattre ce privilège déjà d’un autre temps. C’est que la Révolution, en 1778, quand la pièce est écrite, est aux portes des châteaux et que la lutte des classes se confond avec celle contre le patriarcat. « Les séducteurs nous assiègent pendant que la misère nous poignarde », dit Marceline. La langue est à ce point tranchante et d’un vocabulaire intemporel que la metteuse en scène ne l’a pas retravaillée, si ce n’est, parfois, pour attribuer des répliques de personnages éliminés à d’autres afin que leurs joutes orales, qui passent aussi par des petits mots inscrits sur des papiers pliés, ne perdent pas en fluidité et en intelligibilité.

Autre fidélité : avant que n’arrivent les acteurs, une servante est là, ampoule dressée en haut d’un pied qui veille sur les plateaux, sorte d’hommage à la tradition du théâtre comme à la puissance des femmes qui vont prendre possession de l’espace – ce sont elles qui littéralement « éclairent » le monde. Dans des costumes singuliers, ne singeant ni l’époque actuelle ni celle à laquelle s’est déroulée l’intrigue, avec le maintien des danses indiquées par Beaumarchais, avec des chants et ritournelles souvent en langue étrangère, avec des sons pas ultra contemporains, mais pas non plus figés dans le XVIIIe finissant – on entend en début de spectacle des airs de flamenco à la guitare –, Lucile Lacaze trouve un équilibre pour que ce récit puissamment moderne nous parvienne. Cet équilibre fonctionne sans accroc et permet même que les séquences comiques – le fameux « God-dam » de Figaro, qui croit maitriser l’anglais avec ce mot – le soient vraiment.

Nadja Pobel – www.sceneweb.fr

La Folle Journée ou Le Mariage de Figaro
d’après Beaumarchais
Mise en scène Lucile Lacaze
Adaptation Lucile Lacaze, Erwan Vinesse
Avec Andréas Chartier, Lucile Courtalin, Lauriane Mitchell, Hélène Pierre, Mickaël Pinelli, Thomas Rortais
Scénographie Adèle Collé, Lucile Lacaze
Chorégraphie Ricardo Moreno
Costumes Audrina Groschêne
Lumière Lou Morel
Son Étienne Martinez
Collaboration artistique et administration Gabin Bastard

Production Compagnie La Grande Panique ; Nouveau Théâtre Besançon – CDN
Coproduction Les Célestins – Théâtre de Lyon, La Comédie de Saint‑Étienne – CDN, Les 3T – Scène conventionnée de Châtellerault, Maison des Arts du Léman
Avec le soutien de la Fondation Entrée en Scène – ENSATT et La Colline – Théâtre national, du dispositif d’insertion professionnelle de l’ENSATT

Durée : 2h

Les Célestins, Théâtre de Lyon
du 24 septembre au 4 octobre 2025

Maison des Arts du Léman, Thonon-les-Bains
les 10 et 11 octobre

Théâtre d’Angoulême
du 12 au 14 novembre

Théâtre de Villefranche-sur-Saône
le 2 décembre

Nouveau Théâtre Besançon – CDN
du 16 au 20 mars 2026

28 septembre 2025/par Nadja Pobel
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