Le monde de Camille Boitel est sans cesse au bord de la catastrophe : tout vacille, menace ruine et finalement s’écroule. Issu du cirque, Camille Boitel a développé dans chacun de ses spectacles un subtil art de l’effondrement. Art jubilatoire car chutes et déséquilibres sont depuis toujours sources de joie et de rires. Mais art politique aussi car ce qui intéresse Boitel c’est de regarder l’homme (ou la femme) résister à cet effondrement, trouver en lui les moyens de la lutte et de la résistance, être puissant et finalement heureux au coeur de la pire débâcle.
L’IMMEDIAT – La Machinajouer
« C’est un lieu de présence.
Il faut être là, il faut venir et il faut rester, il faut jouer avec, il faut comprendre et ne rien comprendre, il faut saisir puis lâcher.
Vous aurez l’occasion si vous avez de la chance, de diriger des acteurs et des musiciens, de créer avec votre rythme une pièce inédite, profonde, incontrôlable, mais que vous aurez générée vous-même.
Si vous avez de la chance, vous sentirez le présent en train d’avoir lieu, vous sentirez la création en même temps qu’elle se crée, vous serez auteur malgré vous, auteur en discussion avec d’autres auteurs eux-même en train de le devenir.
Avant tout, pour qu’elle ait lieu, il faut que vous soyez là vous-même, car elle est avec vous, elle joue avec vous, elle se joue avec vous. Et vous en faites partie déjà, par hasard, si vous lisez cela. »
Ecriture : Camille Boitel
Construction: Marion Lefèbvre et Thomas de Broissia
Dispositif sonore et présentation: Elisa Monteil
Conception et réalisation manettes : Marine Hunot, Bastien Mairet et Roberto Humano
Patch informatique : Benoît Fincker
Lumière : Mickael Philis et Jacques Benoît Dardant
L‘IMMEDIAT – La Conférence sur la Jubilation
« La jubilation, est-ce que vous savez ce que c’est ?
Est-ce que vous avez déjà jubilé vous-même ?
Peut-être l’avez -vous fait sans vous en apercevoir.
Le jubilatoire est toujours transmis, contagieux.
On jubile sans faire exprès, à l’improviste, quand on ne s’y attend pas.
Et c’est presque vexant car on ne sait pas jubiler volontairement (c’est comme claquer des dents sans avoir froid).
Au moment où nous nous sommes lancés dans cette fastidieuse étude, nous avons trouvé : le vide. Rien du tout. Rien ni personne.
De légères traces de Nietzsche et de la jubilation musicale…
Quelques mots sur la joie, sur le plaisir…
Mais la jubilation, tout le monde s’en fout : c’est futile, ça n’est pas intéressant, et c’est à peu près impensable.
Peut-être est-ce parce que nous jouons nous même (c’est notre métier), que cet état nomade, cette irrégularité absolue, nous a interpellée.
Nous avons alors lancé plus d’une centaine d’invitations à d’imminents spécialistes de toutes les catégories (scientifiques, sociologues, poètes, historiens, politiques, etc…) et étonnamment, personne n’a répondu : personne, car ils se tâtent sans doute (presque tout le monde se tâte avant de s’attaquer à ce qui le dépasse).
Il est vrai que la jubilation n’est pas soumise au savoir, elle est inculte et violente, imprévisible, insoumise et venimeuse.
Elle vous retourne un homme et réduit son sérieux à néant, instantanément.
Elle s’insinue à son insu dans ses entrailles, elle surgit de lui-même, du dedans, elle éclate à l’intérieur de lui, de l’intérieur, elle le secoue et l’emporte.
Le rendez-vous est lancé, les plus courageux y seront (ce message vous est aussi adressés à vous qui n’avez pas su répondre), nous vous attendons nombreux pour affronter ce grand trouble du comportement, cette joyeuse maladie de l’intelligence ».
Ecriture : Camille Boitel
Avec Pascal le Corre et Camille Boitel
L’IMMEDIAT – Le Cabaret Calamiteux
« Ne venez pas, par pitié ne venez pas!
Vous n’auriez que des restes, des débris, des tas de ratures crues et ratatinas d’œuvres ; d’ignobles individus vous sous-nourriront en vous marchant sur les pieds, on vous forcera à vous travestir, ou à montrer vos ventres, on vous soûlera discrètement et un présentateur décrépit annulera le spectacle toutes les 5 minutes ; et jusqu’à ce que vous vous en alliez on vous insultera, si mal que vous vous en apercevrez à peine, vous serez dragués par des êtres informes, aguichés par des chanteuses en ruines ou des stripteaseurs déchéants, harcelés par un virtuose du bredouillement ou une empoisonneuse qui vous arrachera des papilles, des loques humaines seront battues devant vos yeux et vous les recouvrerez d’épluchures par égarement, vous serez hués bousculés enlacés malmenés aimés abandonnés à même le sol, vous serez si mal accueillis que vous ne voudrez plus partir. Ne venez pas, venir c’est déjà traîner, errer, déserter…
Dans ce cabaret rien n’est fiable, rien n’est sûr, tout est prêt à casser c’est pire que ce que vous croyez, c’est pire qu’on ne le dit, c’est inimaginable et c’est calamiteux.
Nous vous aurons prévenu, restez chez vous vite, ne venez pas, avant qu’il ne soit trop tard ».
De Camille Boitel
Avec Marine Broise, Thomas de Broissia, Camille Boitel, Aldo Thomas, Pascal Le Corre, Marion Lefebvre, Céline Schmitt, et (en alternance) Jacques Benoit Dardant et Mickaël Philis
Construction (Accessoires, mécanismes et scénographie): Marion Lefèbvre et Thomas de Broissia (avec l’aide de Nicolas Amar et Céline Schmitt)
Costumes : l’immédiat, (avec l’aide de Céline Perrigon et de Nathalie Saulnier)
Lumière: Jacques Benoît Dardant et Mickaël Philis
Opérations gustatives : réalisé par Céline Schmitt
Régie Générale : Jacques Benoît Dardant, Thomas de Broissia et Marion Lefèbvre
Musiques: en alternance, les musiciens du Surnatural Orchestra (FR), Little Bulb (GB), ou autres musiciens invités
Extensions et Variations autour de « l’immédiat »
La Machinajouer, la Conférence sur la Jubilation, le Cabaret Calamiteux – Création 2013
Production : L’immédiat / Si Par Hasard
Coproduction : Le Manège, scène nationale de Reims ; Le Bois de l’Aune, pôle artistique et culturel du Pays d’Aix ; Marseille Provence 2013 – capitale européenne de la culture ; Farnham Maltings et Crying out Loud (Angleterre) ; Le Parvis, scène nationale de Tarbes ; Le Nouveau Théâtre de Montreuil, centre dramatique national ; La brèche – Pôle National des Arts du Cirque de Basse Normandie..
Aide à la création : Ministère de la Culture et de la Communication : DRAC Ile de France et DGCA ; Ville de Paris.
Accueils et soutien à la résidence : Théâtre de la Cité Internationale ; l’Atelier du Plateau à Paris ; les ateliers du spectacle à Augerville-la-Rivière.
Au théâtre de la Cité Internationale
Du 6 au 30 janvier 2014
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