Après « Mephisto for ever » en 2006 et « Wolfskers » en 2008, le metteur en scène flamand Guy Cassiers revient à l’Opéra Théâtre d’Avignon pour présenter le premier volet d’une trilogie basée sur le roman « L’Homme sans qualités » de l’écrivain autrichien Robert Musil. Un roman fleuve inachevé. L’histoire conjugue à la fois une satire politique de l’Autriche en 1913 et une histoire d’amour. Avec au centre de ces histoire : Ulrich, l’homme sans qualités.
Guy Cassiers utilise des procédés techniques qui ont imposé sa marque de fabrique. Les acteurs susurrent le texte et sont sonorisés (inutile de demander de parler plus fort !). La vidéo apporte les contre points de la mise en scène. Dans la première partie le tableau « La Cène » de Leonardo de Vinci est projetée en permanence sur l’écran de fond de scène. Le procédé est remarquable. Au début on ne perçoit que des détails du tableau, sans savoir qu’il s’agit de l’œuvre de Vinci. Ce n’est qu’à la fin de la première partie que le tableau se dévoile. Dans la deuxième partie, Guy Cassiers reprend une technique utilisée dans « Wolfskers ». Les comédiens pour dire leur texte s’approchent de petites caméras, et leur image est projetée sur l’écran. L’image des trois femmes rêvant d’Ulrich est magnifique. L’écran est découpé de manière à ce que les actrices donnent l’impression de se regarder.
« L’homme sans qualité I » est un spectacle exigeant, qui nécessite une attention soutenue. Guy Cassiers a eu la bonne idée de jouer avec les sous-titres qui font partis du décor. Ils sont placés différemment selon les scènes.
L’histoire de Musil est passionnante. On sent la montée du national socialisme. Le rôle du Général Stumm von Bordwehr est à ce titre éloquent. Dans cette société viennoise qui ne sait pas encore qu’elle va exploser, Guy Cassiers a pris soin de teinter son spectacle de références à notre propre société. Lorsque les protagonistes sentent que le peuple gronde, l’un des personnages suggère que l’on utilise le karcher pour les mater. Les volets II et III de « L’Homme sans qualités » seront créés pendant la saison 2011-2012.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Qui est Guy Cassiers ?
Depuis plus de vingt ans, Guy Cassiers mène une aventure théâtrale originale en questionnant sans relâche le passé et le présent d’une Europe en proie aux bouleversements permanents, en particulier depuis le début du XXe siècle. Puisant la matière de ses spectacles aussi bien dans des oeuvres littéraires (Proust, Duras, Pouchkine, Tolstoï, Salman Rushdie, Jeroen Brouwers, Klaus Mann et d’autres), que dans des oeuvres dramaturgiques (Shakespeare) ou cinématographiques (Alexandre Sokourov), il développe un parcours unique en utilisant les technologies les plus modernes pour les mettre au service d’une dramaturgie purement théâtrale. De sa formation en arts plastiques, et plus particulièrement en arts graphiques, il a gardé le goût des images fortes à l’intérieur desquelles les acteurs peuvent se mouvoir pour raconter des histoires, des fables, des épopées, des tragédies ou des farces. Évitant la linéarité et la simplification, il cherche à déconstruire le réel et à multiplier les interprétations possibles, laissant celui qui écoute et regarde libre de ses choix, libre de construire sa propre histoire, son propre rapport à l’Histoire et à la société qui l’entoure. Guy Cassiers aime à dire qu’il est là pour mettre à la disposition des spectateurs « les pinceaux et les couleurs », mais que c’est à eux « de peindre le tableau ». En ce sens, son théâtre est éminemment politique, foncièrement engagé, véritablement de son temps. Venu pour la première fois au Festival en 2006 pour présenter Rouge décanté, il y fut de nouveau invité en 2007 pour Mefisto for ever, premier volet d’une trilogie dont il présenta en 2008 les deuxième et troisième parties, Wolfskers et Atropa, La Vengeance de la paix. Avant d’écrire ses premières pièces, Filip Vanluchene est comédien et traducteur, en particulier de l’oeuvre de Dario Fo, qu’il fera connaître en néerlandais. C’est dans les années 90 qu’il s’engage entièrement dans l’écriture. Il publie notamment Montagnes russes, Risquons-tout et en 2008 Citytrip, marqué par la force de la satire et la capacité de l’auteur d’écrire une œuvre à portée universelle en partant de la situation de la Flandre occidentale. C’est à lui que Guy Cassiers a demandé de travailler à l’adaptation de L’Homme sans qualités, en y apportant « une note personnelle ». Dossier de presse. Festival d’Avignon
Site de la compagnie http://www.toneelhuis.be/
DE MAN ZONDER EIGENSCHAPPEN I
(L’HOMME SANS QUALITÉS I)
d’après Robert Musil
durée estimée 3h30 entracte compris
spectacle en néerlandais surtitré en français
mise en scène Guy Cassiers
adaptation Filip Vanluchene
dramaturgie Erwin Jans
scénographie, vidéo, lumière, son Enrico Bagnoli, Diederik de Cock
montage d’images Frederik Jassogne
musique et interprétation Johan Bossers
costumes Belgat/Valentine Kempynck, Johanna Trudzinski
avec Dirk Buyse, Katelijne Damen, Gilda de Bal, Vic de Wachter, Tom Dewispelaere, Johan van Assche, Liesa van der Aa, Wim van der Grijn, Marc van Eeghem, Dries Vanhegen
production Toneelhuis, coproduction De Tijd, Centre dramatique national Orléans/Loiret/Centre, Maison de la Culture d’Amiens avec le soutien des Autorités flamandes, de la Ville d’Anvers et de la Province d’Anvers
OPÉRA-THÉÂTRE – Avignon
création 2010
8 9 10 À 21H30
11 12 À 15H
MAR. 23/11/2010 – MC2, Grenoble
MER. 24/11/2010 – MC2, Grenoble
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !