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Dans « L’Homme-Poisson », David Wahl se met à l’eau

Evreux, Grenoble, Guingamp, Les critiques, Moyen, Nantes, Paris, Théâtre, Toulon
L'Homme-Poisson de David Wahl
L'Homme-Poisson de David Wahl

Photo Katia Quéméré

Avec L’Homme-Poisson, David Wahl met son talent de la « causerie » au service d’une réflexion sur le rapport entre homme et poisson. Son enquête poético-scientifique au délicieux esprit de cabinet de curiosités est hélas lestée par des artifices théâtraux et plastiques qui en restreignent l’émerveillement au lieu d’en ouvrir les portes.

Lorsqu’il entre en scène en peignoir, un verre d’eau à la main dont il fait largement tomber le contenu en s’adressant familièrement à l’assemblée, David Wahl a presque l’air de sortir de son précédent spectacle, Nos cœurs en terre. Dans cette pièce née en 2021 au Festival d’Avignon dans le cadre de « Vive le sujet ! », l’auteur-comédien se laissait métamorphoser par le plasticien-performeur Olivier de Sagazan. Au fil de la représentation aux accents rituels, il devenait une sorte de sculpture ou de totem à base de terre, qui contraignait la parole, en limitait les décibels, mais en ouvrait aussi d’autres possibles, moins centrés sur le sens que sur le son. La matière visqueuse que son acolyte lui collait littéralement à la peau rendait forcément indispensable au retour à la vie quotidienne une bonne douche, voire un bain, pour lequel il admet un peu coupablement avoir un penchant dans L’Homme-Poisson. « Un bon bain, ça me fait bien plus que du bien. Je ne suis pas le seul. L’humanité lui doit beaucoup. C’est parce qu’Archimède s’étonne soudainement de flotter dans sa baignoire qu’il crie ‘Eurêka !’, après avoir trouvé sa fameuse poussée », justifie-t-il. Suit une petite liste, typique du genre de la « causerie » qu’a inventé David Wahl et qu’il pratique depuis une dizaine d’années. Avec l’air joueur, le regard malicieux qu’il a toujours aussi vif depuis son Traité de la boule de cristal (2014), ce conteur d’un genre spécial énumère quelques singulières trempettes du passé. Il retrouve ainsi un élément qui lui est familier depuis La visite curieuse et secrète (2014), où il explorait le lien mystérieux qui relie l’homme à l’océan.

Dans ce petit inventaire des plongées hygiéniques en eaux douces, David Wahl fait comme à son habitude se côtoyer, sans chercher à les relier logiquement, des histoires récoltées lors des longues recherches qui précèdent toujours chez lui l’écriture. La petite tenue dans laquelle il nous reçoit est donc dans L’Homme-Poisson non pas une façon de nous faire entrer dans le spectacle par ses coulisses ou ses antichambres, mais au contraire une manière de pénétrer dans le vif du sujet. Soit les relations entre l’homme et l’eau, en particulier avec son habitant principal, le poisson. Après diverses anecdotes mettant en scène des hommes et femmes historiques en leurs bains – toutes vraies, de même que toutes les choses incongrues qu’il rassemble et organise labyrinthiquement au sein de ses « causeries » –, le narrateur en vient à un cas d’intérêt majeur dans l’enquête qu’il s’est donné pour mission de mener : celui de la fée Mélusine, dont le bain hebdomadaire révèle la vraie nature de sirène. On retrouve avec ces histoires d’immersions et de métamorphoses le plaisir très particulier que procure dans l’écriture bien reconnaissable de David Wahl l’élégante cohabitation entre des réalités, des mythes et des légendes qui n’auraient pas pu se rencontrer ailleurs. Il est émouvant de voir sur la durée un artiste cultiver son étonnement et la forme qu’il a mise au point pour le partager, souvent construite à partir d’un personnage aux particularités étranges, aux obsessions ou aux capacités hors du commun.

Dans Nos cœurs en terre, la curiosité de David Wahl partait de la figure de l’humaniste Pierre Borel, qui prétendait avoir découvert le sexe des pierres. Histoire de fouilles (2020), spectacle jeune public sur les déchets, s’intéressait notamment au cas tout aussi particulier du Britannique William Buckland, ecclésiastique et pionnier en géologie, qui classifiait les espèces animales avec une méthode inédite, en les goûtant. L’homme étonnant qui sert de fil rouge à son récit sans cesse digressif de L’Homme-Poisson se présente à David Wahl dans un livre célèbre, Don Quichotte de Cervantès, dans cette phrase qu’il nous lit : « Mise à part que le Chevalier errant doit être paré de toutes les vertus théologales et cardinales, je dis qu’il doit savoir nager aussi bien que le faisait Nicolas Poisson ». Avec ce nageur émérite, David Wahl poursuit l’un des motifs qui traversent son œuvre et l’a même ouverte : celui du monstre, auquel il consacrait en 2008 un article publié dans La Revue des deux mondes, sorte de prototype de ses futures « causeries ». Le Nicolas en question, apprend l’écrivain-chercheur dans un manuscrit du XIIe siècle, était un véritable homme-poisson, « écailleux, horrible ». Les seuls mots, d’une distinction comme toujours légèrement anachronique, avec lesquels David Wahl décrit ce phénomène et tous ceux qu’il lui a appariés suffisent à activer chez le lecteur (le texte est publié aux éditions Premier Parallèle) ou le spectateur un imaginaire foisonnant. La théâtralité qu’il cherche à leur donner limite hélas leur pouvoir.

Davantage que dans ses précédentes « causeries », l’artiste se met lui-même en jeu dans L’Homme-Poisson, en mêlant par exemple à ses histoires et faits réels collectés ici ou là des souvenirs personnels – ou du moins présentés comme tels. Il s’éloigne ainsi de son habituelle posture de conférencier bien perché pour s’approcher d’un jeu plus classique, plus incarné. Alors que seule sa propre parole justifiait jusqu’alors ses élans, ses enthousiasmes, ces derniers suivent ici les impératifs d’une mise en scène fondée sur des images qui ont davantage tendance à limiter David Wahl dans son rapport intime au verbe qu’à étendre ses possibilités. Thomas Cloarec, directeur de la compagnie brestoise Teatr Piba avec qui il a déjà travaillé à plusieurs reprises – il a notamment écrit le texte du spectacle Donvor (2022), à partir d’un voyage à bord du navire d’exploration Pourquoi-Pas ? sur l’Océan Atlantique –, signe-là un travail dont les qualités indéniables peinent à se marier au monde littéraire des « causeries ». Plantée au centre d’un plateau circulaire incliné, comme au bord de la glissade, la baignoire que révèle une bâche noire d’où sortent aux prémisses de L’Homme-Poisson des bruits étranges est l’élément central d’une mise en scène qui pêche de ne pas choisir clairement son parti entre distance et proximité avec les mots. La proposition du sculpteur Jean-Marie Appriou, qui partage avec David Wahl la passion des créatures extraordinaires, se situe au même endroit flottant par rapport au récit. En choisissant de faire subir à l’auteur une métamorphose proche de celles dont grouille L’Homme-Poisson, le plasticien illustre la parole plus qu’il ne déploie une poésie autonome. Contrairement à la terre, aux fleurs dont le recouvrait Olivier de Sagazan, tentacules et écailles sont trop alignés à ce qui se dit pour amener les « causeries » en territoires inconnus.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

L’Homme-Poisson
Conception, texte et interprétation David Wahl
Mise en scène Thomas Cloarec
Plasticien Jean-Marie Appriou
Scénographie, manipulation Nadège Renard
Création Lumières, régie générale Antoine Seigneur-Guerrini en alternance avec Jérôme Delporte
Création sonore, régie son Philippe Ollivier
Création costumes Julie Coffinières
Construction marionnettiste Géraldine Zanlonghi

Production Incipit, avec Mascaret production
Coproduction Océanopolis, Brest Centre national de culture scientifique dédié à l’Océan ; Établissement public du Palais de la Porte Dorée – Aquarium tropical ; Le Quartz, Scène nationale de Brest ; MAIF Social Club ; Le Tangram, Scène nationale d’Evreux ; ONYX, Théâtre de St Herblain, Scène conventionnée d’intérêt national d’Art et de Création pour la danse et les arts du cirque ; Scène de recherche – ENS Paris-Saclay ; Espace Marcel Carné de St Michel-sur-Orge ; Les Bords de Scènes Juvisy ; Théâtre du Champ au Roy Guingamp, Scène conventionnée d’intérêt national pour le théâtre ; L’Avant-Scène, Cognac, Scène conventionnée d’intérêt national d’Art et de Création pour les Arts du mouvement ; Châteauvallon-Liberté, Scène nationale de Toulon ; Le Canal, Théâtre du Pays de Redon, scène conventionnée d’intérêt National art et création pour le Théâtre ;Le Strapontin, Scène de territoire de Bretagne pour les arts du récit
Soutien DRAC Bretagne – Ministère de la Culture, Muséum national d’histoire naturelle et de la Cité internationale de la langue française – Château de Villers-Cotterêts

David Wahl est artiste associé à Océanopolis Brest, Centre national de culture scientifique dédié à l’Océan. L’Homme-Poisson, ou de l’existence des sirènes a paru aux éditions Premier Parallèle en novembre 2025.

Durée : 1h15

Palais de la Porte Dorée, Paris
du 3 au 6 décembre 2025

Théâtre du Champ au Roy, Guingamp
le 20 janvier 2026

Le Canal, Théâtre du Pays de Redon
le 22 janvier

Scène de recherche – ENS Paris-Saclay
le 14 février

Les Bords de Scènes, Juvisy-sur-Orge
le 17 février

ONYX, Théâtre de Saint-Herblain
le 19 mars

L’Hexagone, Scène nationale, Meylan
le 23 avril

Le Tangram, Scène nationale, Evreux, dans le cadre du Festival Anthropocènes
le 23 mai

Châteauvallon-Liberté, Scène nationale de Toulon
du 27 au 29 mai

6 décembre 2025/par Anaïs Heluin
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