Histoire de fouilles : une causerie qui va chercher loin
Dans sa première « causerie » destinée au jeune public, Histoire de fouilles, David Wahl aborde la question des déchets. En particulier du plastique, dont il creuse les origines et interroge l’avenir à sa belle manière de poète plein de curiosités.
Après avoir bien bourlingué dans les milieux du théâtre – il a notamment travaillé comme auteur avec Julie Bérès –, de la danse, du cinéma ou encore de l’édition, David Wahl s’est spécialisé dans un genre qu’il a lui-même inventé : la « causerie ». Une forme de cabinet de curiosités faite de quelques objets mais surtout de mots, de récits d’autant plus fous que tout y est scrupuleusement vrai. Qu’il se lance dans un Traité de la boule de cristal (2014), une Visite curieuse et secrète des fonds marins (2014), une Histoire spirituelle de la danse (2015) ou encore dans Le Sale Discours (2017) consacré à notre rapport aux déchets et à l’environnement, l’artiste parle sous le contrôle des nombreux scientifiques rencontrés lors de ses recherches. Les histoires souvent incroyables, méconnues dont il remplit joyeusement ses causeries – David Wahl a le savoir très gai, quand bien même il touche à des sujets graves –, forment une poétique à la croisée des connaissances. Une écriture singulière qui lui vaut d’être depuis longtemps soutenu et produit par le Quartz, Scène nationale de Brest, et de d’être depuis 2019 artiste associé à Océanopolis situé dans la même ville.
C’est dans ce Centre de culture scientifique et technique dédié aux Océans, engagé dans la recherche de manières sensibles de partager son savoir avec le plus grand nombre – sans doute le seul à avoir un artiste associé –, que nous retrouvons le causeur. Dans le cadre du 20ème festival du film de l’aventure océanographique, sur le thème « Agir pour l’Océan ! », il y présente son spectacle Histoires de fouilles. Sa première pièce destinée au jeune public, où il prolonge ses enquêtes environnementales menées dans le cadre de ses deux dernières causeries pour les plus grands, dont il titille volontiers la part d’enfance. Consacré au plastique, ce spectacle pour les petits – à partir de 6 ans – n’est donc guère très différent en matière d’adresse et de construction des autres créations du poète chercheur.
À peine surgit-il d’une parcelle de terre aux allures de bac à sable, où il replongera régulièrement, David Wahl entame en effet son exploration avec sa rigueur et sa fantaisie habituelles. Jusque-là dans l’ombre de ses créations – elle est sa collaboratrice artistique depuis plusieurs années –, Gaëlle Hausermann joue en alternance avec Laëtitia Le Mesle le rôle de l’assistante un peu dépassée par le récit du maître, figure de savant foldingue qui déroule son exposé sur le plastique avec l’art de la digression et du coq-à-l’âne qu’on lui connaît. S’il aime à fréquenter les scientifiques de son temps, David Wahl a aussi un faible pour ceux des autres temps. Afin de mettre le nez de son jeune auditoire dans le « caca de pierre » – nom donné au pétrole au Moyen-Âge, explique-t-il –, il commence par évoquer l’un d’eux, aussi oublié que la plupart des autres faits qu’il compile pour chacune de ses causeries. Soit le Britannique William Buckland, ecclésiastique et pionnier en géologie qui classait les animaux grâce à une méthode particulière, en les goûtant, et qui fut le premier à décrire un fossile de dinosaure, en 1824. Quel rapport avec le plastoc, dites-vous ?
En veillant bien à ne perdre personne en route, mais sans sacrifier son goût pour les rapprochements inattendus d’anecdotes et de savoirs différents, David Wahl y vient : issu de nappes du Jurassique, le pétrole et donc le plastique sont en partie faits de dinosaures décomposés. Il poursuit sa fouille, exhumant des vérités pas très fameuses à entendre, comme l’impossibilité de recycler le plastique plus de trois fois. Il tombe aussi sur quelques nouvelles réjouissantes. Le développement du bioplastique bactérien par exemple, sur lequel travaille la société brestoise Polymaris, qu’il a découverte grâce à l’équipe d’Oceanopolis.
S’il n’a pas été en résidence au centre scientifique pour cette création, David Wahl a bénéficié en tant qu’artiste associé de ses ressources. L’équipe du lieu a partagé ses connaissances et ses relations avec lui, comme elle le fait depuis qu’il a passé plusieurs semaines dans le lieu en vue de la création de sa Visite curieuse et secrète, dont le point de départ est un habitant d’Oceanopolis : le manchot royal Dominique sauvé par une couveuse artificielle, qui est plus à l’aise parmi les hommes que parmi ses semblables. Profitant de notre venue pour aller rendre une visite à son ami manchot ainsi qu’aux très nombreux hôtes dont il aime à étudier les comportements autant qu’à les expliquer ensuite, David Wahl nous confie qu’il a beau beaucoup apprécier la vie d’écriture et de compagnie qu’il mène depuis maintenant sept ans, il serait prêt à tout mettre en suspens si l’on venait à lui proposer une excursion en Antarctique. En attendant la grande aventure, il poursuit recherches et causeries à sa façon déjà bien aventureuse.
Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr
Histoires de fouilles
Texte : David Wahl
Collaboration artistique : Gaëlle Hausermann
Interprétation : David Wahl et Gaëlle Hausermann, en alternance avec Laëticia Le Mesle
Régisseur général : Anne Wagner en alternance avec Anthony Henrot
Conception/ réalisation scénographique/ accessoires : Valentin Martineau
Conseil technique : Jérôme Delporte
Production : Incipit
Coproduction : Le Quartz – Scène nationale de Brest, la Faïencerie Théâtre Cinéma de Créil, Scène nationale de l’Essonne, Agora Desnos
Avec le soutien de (dans le cadre d’accueil en résidence dans les écoles) : La Faïencerie Théâtre Cinéma de Créil, le Quartz – Scène nationale de Brest, l’Onde Théâtre centre d’art – Vélizy Villacoublay, Scène nationale de l’Essonne, Agora Desnos
Ce spectacle bénéficie d’une aide à la création du ministère de la culture – DRAC de Bretagne et de la Ville de BrestRemerciement au Techshop d’Ivry-sur-Seine, Ateliers Leroy-Merlin
David Wahl est artiste associé à Océanopolis, Brest – Centre de Culture Scientifique et Technique dédié à l’Océan
Durée : 45 min
Oceanopolis, centre culturel et scientifique – Brest
Du 20 au 24 octobre 2020
Le Moulin du Roc, Scène nationale de Niort
Les 27 et 28 octobre 2020
Domaine de Longchamp – Paris
Le 7 novembre dans le cadre du Festival Plateau Vert organisé par la Fondation GoodPlanet
Théâtre de Libournia, Ville de Libourne
Les 17 et 18 novembre 2020
Aggloscènes le forum – Fréjus
Du 23 au 26 novembre 2020
Théâtre La Passerelle, scène nationale des Alpes du Sud – Gap
Du 30 novembre au 2 décembre 2020
La Halle aux Grains – Blois
Les 18 et 19 janvier 2021
Théâtre de la Fleuriaye – Carquefou
Les 14 et 15 février 2021
Le Gallia – Saintes
Les 4 et 5 mars 2021
Agora PNC Boulazac
Du 24 au 26 mars 2021
Villenave d’Ornon
Le 6 avril 2021
Maif Social Club – Paris
Du 22 au 24 avril 2021
La Passerelle – Scène nationale de Saint-Brieuc
Les 11 et 12 mai 2021
Théâtre de Châtillon
Du 25 au 29 mai 2021
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