Dans Les songes d’Angèle, c’est dans un univers naturel révélant son versant fantastique que nous embarquent Yvan Clédat et Coco Petitpierre, pour rêver la forêt et ses mystères.
Le duo d’artistes, dont le travail articule méticuleusement sculpture, performance et mise en scène, s’adresse ici aux plus jeunes. Connus, notamment, pour concevoir des costumes aux riches formes et matières et remodelant les déplacements, les artistes Clédat et Petitpierre – qui travaillent ensemble depuis près de quatre décennies et n’en finissent pas de renouveler leur univers – inventent ici un sous-bois merveilleux. Avant même que le spectacle ne débute, l’on voit déjà sur scène trois monticules. Avec leurs feuilles aux multiples couleurs de l’automne, chacun est d’une forme singulière et pareillement éclairé d’une douce lumière chaude.
Puis, celui situé à jardin s’anime. D’abord, il semble comme légèrement frémir, doucement se réveiller, évoquant le vent ou un animal terré en son sein – tandis qu’un paysage sonore forestier (chants d’oiseaux notamment) résonne. Et bientôt, un visage va en émerger, celui de l’interprète Angèle Prunenec. Commençant à chanter avec douceur Love Me Tender, la comédienne et chanteuse s’ébroue, faisant bruisser ce tapis de feuilles qui la recouvrent. Elle rejoint ensuite un deuxième monticule, s’y glisse et disparaît, avant d’en ressortir et de, bientôt, en faire émerger un acolyte : une créature fantastique, évoquant un singulier croisement entre oiseau – par le bec, notamment – et lapin – par le pelage et les oreilles.
Mais c’est surtout un animal fantastique, dont la robe vert-bleu foncé et la façon de se mouvoir renvoient à un bestiaire imaginaire, proche des représentations du peintre Max Ernst. L’exploration de l’espace – et la découverte de ce que recèle le troisième tas – va désormais se faire à deux, Angèle comme l’animal prenant également le temps de s’apprivoiser. Au gré des chansons, ballades en anglais – dont les airs sont connus de nombre d’entre nous – chantées a cappella, puis, enfin, accompagnée d’une guitare par Angèle Prunenec, Les songes d’Angèle propose une exploration en douceur. Exploration d’un espace, de matières et des chatoiements comme des jeux de lumière qu’elles permettent, entre les monticules de feuilles et le drôle d’animal. Exploration teintée d’un doux humour ou d’une pointe de mystère, le comportement du lapin-oiseau – comme ses déplacements – étant tantôt intrigant, tantôt cocasse. Entre reconnaissance – d’éléments connus avec les références sylvestres et les chansons – et découverte – de ce que cache chaque monticule, de l’étrange animal, comme du tempérament d’Angèle –, Les songes d’Angèle nous immerge avec délicatesse dans un monde fantasmé, où nature et imaginaire, merveilleux et technologie s’apprivoisent pour évoluer en harmonie.
caroline châtelet – www.sceneweb.fr
Les songes d’Angèle
Conception, mise en scène, scénographie, costume Yvan Clédat et Coco Petitpierre
Chant et jeu Angèle Prunenec
Lumières et son Lucien Prunenec
Régie robot Yvan ClédatProduction TwentyTwenty
Durée : 25 minutes
À partir de 3 ansVu en novembre 2025 à La Villette, Paris
Le Volcan, Scène nationale du Havre
du 18 au 20 mars 2026Le Théâtre, Scène nationale de Mâcon
du 1er au 5 mars


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