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Même masqués et déplumés, des Oiseaux de bon augure

A voir, Les critiques, Mulhouse, Opéra, Strasbourg
Klara Beck

Les Oiseaux de Walter Braunfels photo Klara Beck

Encore jamais présenté en France, Les Oiseaux de Walter Braunfels, librement inspiré de la célèbre comédie d’Aristophane, prend son envol sur la scène strasbourgeoise de l’Opéra du Rhin dans une réjouissante adaptation contemporaine teintée d’autant de dérision que d’insoumission.

Lorsque le grand dramaturge comique de l’Antiquité grecque écrit sa pièce Les Oiseaux, il met en scène l’utopie politique de deux citoyens, Bonespoir et Fidèlami, qui écœurés par la laideur de leur monde délétère cherchent à s’en échapper pour ériger une cité idéale entre ciel et terre, affranchie de l’autorité divine. En s’emparant de l’adaptation lyrique que compose Walter Braunfels au tout début du XXe siècle, le metteur en scène Ted Huffman organise avec humour et dans un chaos assumé le profond besoin d’un renversement de l’ordre et des valeurs établis. Loin des prairies humides, des bois et buissons frais largement chantés dans le livret, il place l’intrigue dans la morosité anxiogène d’un bureau d’entreprise avec ses sinistres box de travail rangés en enfilades. Ceux-ci seront volontiers mis à sac par les employés soudainement revitalisés.

Cette contestation porteuse d’espoir, le spectacle la donne à voir allègrement dans des mouvements de foule libérateurs et dans la métamorphose momentanée de ses membres qui se délivrent du conformisme étriqué en troquant leurs costumes-cravates et tailleurs chics pour des tenues d’une exubérance décomplexée. Sans plumage, le bestiaire de volatiles prend donc ici un aspect pleinement humain. Cette vision claire et efficace, délibérément actuelle et anarchique, ne rend sans doute pas totalement justice à toute la fantaisie féerique de l’œuvre de départ. Mais elle assume bien la dimension politique et utopique de la satire étonnamment contestée par sa conclusion moralisatrice et résignée : une inattendue « restauration » qui laisse circonspect.

C’est un plaisir absolu que de découvrir un opéra aussi joliment chatoyant et si rarement donné. Créée il y a un siècle à Munich et aussitôt jouée à Cologne, défendue par Bruno Walter et Otto Klemperer, l’œuvre a disparu trop rapidement des scènes tandis que son créateur Braunfels, comme une bonne partie des musiciens de sa génération, fut disgracié par le régime nazi dont il était un opposant. Son œuvre encore empreinte d’un euphorisant romantisme déploie dès son prélude subtilement aérien d’ondoyantes lignes propres à plonger l’auditeur dans le monde à la fois lointain et fantastique des oiseaux roucoulants, puis elle développe une lumineuse et luxuriance mélodique pleine de franches envolées lyriques. C’est tout ce que laisse entendre en fosse Sora Elisabeth Lee, jeune recrue de la nouvelle promotion de l’Opéra Studio de l’OnR qui remplaçait Aziz Shokhakimov, nouveau directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg ayant dû déclarer forfait le jour même de la première car testé positif à la Covid.

Dans ce contexte pandémique particulier qui soumet continuellement la création à un nombre important d’imprévus, orchestre et solistes ont largement triomphé de l’adversité. Rien n’entame l’abatage des membres du chœur comme celui des danseurs qui animent l’ensemble de leur énergie frénétique et frondeuse. La distribution homogène se montre bien chantante malgré le port du masque qui étouffe un peu les voix. Christoph Pohl (Huppe irrésistible), Julie Goussot (sensible Roitelet), Cody Quattlebaum, plein de faconde impétueuse, ainsi que tous les chanteurs, parviennent à donner justesse et vie à leurs personnages pétris d’une belle humanité. Timbre clair, projection assurée, Tuomas Katajala fait montre de ses solides qualités d’heldentenor principalement à l’occasion du magnifique tableau nocturne qui ouvre le deuxième acte. Vocalisant avec autant de légèreté que d’agilité, Marie-Eve Munger chante un radieux Rossignol aux aigus joliment filés et jamais criés. C’est ainsi que toute l’équipe de l’Opéra national du Rhin porte haut cette création française des Oiseaux et voit son ambition et sa témérité bien récompensées.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Les Oiseaux de Walter Braunfels
Création française
Nouvelle production de l’OnR.
Die Vögel Opéra en deux actes.
Livret du compositeur, adapté librement de la comédie d’Aristophane Les Oiseaux.
Créé au Théâtre national de Munich
le 30 novembre 1920.
Création française.

Direction musicale
Sora Elisabeth Lee, Aziz Shokhakimov

Mise en scène
Ted Huffman

Décors
Andrew Lieberman

Costumes
Doey Lüthi

Lumières
Bernd Purkrabek

Chorégraphie
Pim Veulings

Chef de chœur
Alessandro Zuppardo
Chœur de l’Opéra national du Rhin, Orchestre philharmonique de Strasbourg

Avec

Le Rossignol
Marie-Ève Munger

Bonespoir
Tuomas Katajala

Fidèlami
Cody Quattlebaum

Prométhée
Josef Wagner

La Huppe
Christoph Pohl

Le Roitelet
Julie Goussot

L’Aigle
Antoin Herrera-López Kessel

Strasbourg
Opéra
du 19 au 30 janvier 2022

Mulhouse – La Filature
20 et 22 février 2022

Diffusion sur ARTE Concert le 10 février.
Diffusion sur France Musique le 19 février

24 janvier 2022/par Christophe Candoni
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