La chorégraphe Betty Tchomanga a imaginé Histoire(s) Décoloniale(s), un projet qui retrace des destins liés la colonisation en quatre portraits parlés et dansés, où les récits intimes font la grande Histoire. L’intégralité est présentée dans le cadre de la saison 24/25 du Théâtre de la Bastille, puis dans le cadre du Festival Faits d’hiver.
Comment est venue l’idée de ce projet ?
C’était une commande du Théâtre Le Quartz à Brest quand Maïté Rivière était à la direction, qui allait de pair avec l’envie de partager mes réflexions aux plus jeunes générations. Je faisais des recherches au Bénin sur le vaudou, les rencontres que j’ai faites là-bas m’ont interrogé sur la manière dont on parle d’histoire et ce qui est écrit dans nos livres d’histoire. Dans le même temps, je menais des ateliers dans des collèges et j’ai discuté avec les enseignantes sur la difficulté d’amener les élèves dans les théâtres. L’idéal pour eux était que les propositions aillent jusqu’aux établissements scolaires.
Comment avez-vous abordé la création de spectacle dans des salles de classe ?
Les classes de quatrième étudient la traite transatlantique et les troisièmes ont un programme sur les décolonisations, Histoire(s) décoloniale(s) s’inscrit dans la continuité de leur programme scolaire. J’ai voulu m’emparer de la salle de classe comme un espace performatif, mais aussi travailler la forme spectaculaire. C’est un projet modulable qui n’est pas seulement joué dans les établissements scolaires et qui s’adapte aussi à des théâtres.
Histoire(s) décoloniale(s) se décline en plusieurs épisodes, pourquoi ce format ?
J’ai alimenté mes réflexions de la lecture d’Apprendre à transgresser de l’autrice africaine-américaine Bell Hooks, qui explique notre tendance à séparer l’expérience et le savoir, la théorie de l’intime. Et elle propose de recréer des liens entre ces deux aspects. J’ai l’impression que c’est ce qui pêche dans notre rapport avec le passé colonial. Histoir(e) décoloniale(s) est une série chorégraphique de quatre portraits, pour l’instant, #Emma, #Dalila, #Folly et #Mulunesh, qui sont indépendant les uns des autres. Je voulais parler de cette histoire à travers le parcours d’une personne, d’un corps. Chaque épisode parle de certains pans de l’histoire d’un pays dont la plupart ont un passé colonial partagé avec la France.
Dans quelle mesure la danse est présente dans ce projet ?
Il y a de la danse dans tous les épisodes, mais pas que ! Mon entrée est physique, car je suis chorégraphe, mais j’ai pris comme point de départ les interprètes, leurs histoires et leurs corps. J’ai parfois fabriqué des danses ou des matières de danse à partir des entretiens et échanges que j’ai eu avec chaque interprète. J’ai aussi proposé à chaque interprète d’éprouver des danses qui les constituaient, des danses de leurs enfances, qui habitent leurs mémoires. Pour certaines, elles n’apparaissent pas du tout dans la pièce, pour d’autres elles ont constitué une matière première pour la création de la chorégraphie. Avec Folly qui est danseur percussionniste et chanteur béninois, par exemple, j’avais envie de travailler sur les danses présentes dans son corps qui sont issues des danses dites traditionnelles ou rituelles en lien avec la spiritualité vodun, car il y a beaucoup de récits contenus dans ces danses elle-même.
Propos receuillis par Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Conception : Betty Tchomanga
Collaboration artistique et interprétation : Emma Tricard, Folly Romain, Dalila Khatir, Mulunesh
Création sonore : Stéphane Monteiro
Régie son : Clément Crubilé et Yann Penaud (en alternance)
Costumes : Marino Marchand en collaboration avec Betty Tchomanga (et Théodore Agbotonou pour le costume de #Folly)
Scénographie et accessoires : Betty Tchomanga en collaboration avec Vincent Blouch
Direction de production et diffusion : Aoza – Marion Cachan
Responsable d’administration : Aoza – Roxane Torche
Service civique : Evgeniya ParinaProduction Association Lola Gatt
Coproduction Le Quartz scène nationale de Brest, Les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, Le Gymnase CDCN de Roubaix, Le Triangle Cité de la danse de Rennes, Danse à tous les étages, La Maison danse CDCN d’Uzès Gard Occitanie et Le Théâtre de la Bastille – Paris
Avec le soutien de Le Mac Orlan – Ville de Brest, CAC Passerelle – Brest, Collège Saint-Pol-Roux – Brest, CN D – Pantin
Avec le soutien financier de la DRAC Bretagne (compagnie conventionnée par le Ministère de la Culture), de la Région Bretagne et de la Ville de BrestThéâtre de la Bastille
#Mulunesh
3 décembre à 15h et 19h
#Emma
Le 4 décembre à 19h
Le 5 décembre à 10h30 et 15h#Emma, #Mulunesh, #Folly, #Dalila
Du 29 janvier au 1er février 2025
dans le cadre du Festival Faits d’hiver
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