Le tg STAN est de retour en France. Après avoir créé en 2010 en flamand, les Estivants de Gorki, la pièce a été créée en français au Théâtre Garonne de Toulouse. On retrouve la générosité de ses créateurs belges qui replacent Gorki dans notre temps, dans un spectacle qui est parfois oppressant.
Le théâtre dans le théâtre. C’est l’une des marques de fabrique de tg STAN. Des mats, des poulies, des bouts de tréteaux, des rideaux de scènes accrochés aux cintres, le dispositif scénique des Estivants ressemble étrangement au spectacle « Paroles, pas de rôles / vaudeville » qui avait marqué la saison 2010/2011 au Vieux-Colombier. L’un des membres de tg STAN, Damiaan De Schrijver était l’un des metteurs en scène de ce projet. Il y a cette même façon de s’adresser frontalement au public. Mais pas comme dans la tragédie grecque, ici on parle simplement, avec ses tripes, avec un langage de tous les jours. Et la pièce de Gorki s’y prête. Elle parle de la vie, de l’amour, de la mort. On bavarde, on discute, on se dispute, on se séduit comme dans la vraie vie. « Les gens veulent toujours faire leur intellectuel lorsqu’ils sont en présence d’un auteur » dit l’un des personnages. Il n’est pas question de cela ici. On joue avec le texte. Les comédiens expliquent les changements de rôle et ajoutent du texte en forme de clins d’œil : « Il faut encore apprendre le français » ! Sur ce point les comédiens flamands sont merveilleux.
Mais dans ce théâtre de matériaux, ils ne nous laissent pas le temps de souffler. Ils amènent des éléments de décors sur scène en traversant la salle : des bancs, des tréteaux (ils frôlent les têtes de spectateurs sur les strapontins), des vêtements, des chaises, un vélo…Par moment on a envie de dire : « stop ! ». Laissez-nous respirer. Et comme le spectacle est long (2h30) on perd assez vite le plaisir de ce jeu dépoussiéré, ironique et distancié.
Le dernier dîner dans cette datcha est joyeux, bruyant, les esprits s’échauffent. « Tout est en décomposition » dit Varja. Alors le groupe forme une grappe. Les corps se soudent, se touchent et s’entrechoquent. La troupe est unie et renvoie énormément de générosité.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Les Estivants
de Maxime Gorki
un spectacle de et avec tg STAN
Marjon Brandsma, Robby Cleiren, Jolente De Keersmaeker, Sara De Roo, Damiaan De Schrijver, Tine Embrechts, Bert Haelvoet, Minke Kruyver et Frank Vercruyssen
costumes
An D’Huys
lumières
Clive Mitchell
technique et production
tg STAN
coproduction Théâtre Garonne à Toulouse, Théâtre de Nîmes, Théâtre National de Strasbourg, Théâtre de la Bastille et Festival d’Automne à Paris.
Remerciements à Dood Paard, Peter Gorissen, Jeroen Perceval, Bob Snijers, Henk Van de Caveye et Gommer Van Rousselt.
Théâtre Garonne à Toulouse du 2 au 6 octobre 2012
Théâtre de Nîmes 10 et 11 octobre 2012
Théâtre National de Strasbourg du 19 au 26 octobre à 20h30
Du théâtre déluré soi-disant festif (on s’amuse cependant du détournement pendant une demie heure de spectacle, pas plus) où les acteurs se déshabillent souvent (il faut bien meubler la pauvreté de mise en scène…) et qui dure… qui dure… deux heures et demie !
On se sert du texte du pauvre Gorki (le texte n’est en rien le texte original de la pièce !) pour des scénettes pseudo-improvisées récitées avec le charmant accent flamand de la troupe polyglotte du TG STAN. STAN voulant dire sans nom… à défaut d’effacer les noms, les comédiens se montrent par contre d’excellents clowns …
Pourquoi pas faire les Estivants de Gorki – voire Britannicus de Racine – en clown après tout ? Si ce n’est que ce n’est pas vraiment annoncé par la programmation… Peut-être a t-on l’espoir secret de choquer le bourgeois…Mais le bourgeois est devenu depuis les années 2000 un bobo inculte qui n’attend que cela ! du petit détournement à deux balles de pièces classiques par des metteurs en scènes qui haïssent en réalité les contraintes de la parole et du verbe théâtral (et qui préfèrent exhiber leur bedaine à la moindre occasion… ce qu’ils sont géniaux… !!!)
On est donc dans tout ce qu’il y a de plus conformiste à la bobo culture avec ce type de troupe clownesque…