Des peines allant de 3 à 6 mois d’emprisonnement avec sursis ont été requises mercredi à Paris contre sept personnes accusées d’avoir cyberharcelé Rébecca Chaillon, l’autrice de la pièce de théâtre Carte noire nommée désir, peu après l’une des représentations données, en 2023, au Festival d’Avignon.
Âgés de 45 à 70 ans, les prévenus sont soupçonnés d’avoir harcelé la dramaturge entre le 25 et le 28 juillet 2023, peu après une représentation de son spectacle au Festival d’Avignon, dans lequel elle interroge la place des femmes noires dans la société française. « Je ne sais pas si c’est réparable », a expliqué à la barre du tribunal correctionnel Rébecca Chaillon, la voix tremblante. Les insultes répétées ont eu de lourdes conséquences : tachycardie, insomnie, peur d’être agressée, de s’approcher de son téléphone et même de créer à nouveau. Les interrogatoires des prévenus, pendant l’audience, ont « réactivé cette violence ». Des propos au « racisme décomplexé », a déclaré l’avocat de la metteuse en scène et performeuse, Raphaël Kempf. Aucun prévenu n’a vu le spectacle, mais une photo extraite de la pièce est au coeur du déferlement de messages haineux sur les réseaux sociaux à l’encontre de son autrice.
Fin juillet 2023, l’ancien eurodéputé Gilbert Collard dénonce sur Facebook un « racisme anti-blanc » et poste l’image d’une actrice incarnant une « nounou noire » qui embroche des poupons blancs et métisses en plastique. « La peau des corps de ces pseudos artistes vont nous servir de tapis pour marcher sans salir nos semelles », réagit Florence A., 70 ans, à la lecture de cette publication, partagée 1 300 fois. Rien d’« haineux » selon elle, « un tapis est généralement doux et sensuel », tente de justifier l’unique femme jugée, qui a « toujours fait de la provoc ». Par le passé, Florence A. avait déjà appelé à « guillotiner » Anne Hidalgo.
« Foutez moi toute cette merde hors de mon pays », écrit Marc A., 64 ans, « à chaud » en tombant sur la photo postée sur un groupe Facebook intitulé « Fier d’être français ». Philippe S., 69 ans, dit s’être laissé emporter par Twitter qui « manipule ses utilisateurs en les provoquant ». « Ce n’est pas une artiste. C’est une truie, noire, raciste, immonde », avait commenté le juge bénévole au tribunal de commerce à la lecture d’un tweet. Rébecca Chaillon « revendique la provocation, explique Philippe S. à la barre. Moi aussi je peux être provocateur. » Les comédiennes avaient déjà fait face lors des représentations à Avignon mais aussi dans les rues à des « agressions verbales et physiques à caractère raciste », poussant le célèbre festival de théâtre à publier un communiqué, pour les dénoncer.
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