Bien que narrant des thèmes issus de la vie contemporaine, l’opéra-thriller de Guillaume Connesson qui veut renouveler le genre de l’opéra-comique demeure formellement et musicalement d’un style d’autrefois.
Tout commence joyeusement lorsqu’un groupe de curistes guillerets en tenue et bonnet de baigneurs chante les charmes enchanteurs de délectables bains vaporeux avec éclats de mousse et de voix tandis que d’autres s’adonnent aux exercices de détente et étirements physiques. Plongé dans une station thermale, le spectateur découvre avec stupéfaction une série de morts récemment survenue et suit l’enquête criminelle menée par un duo de policiers particulièrement bouffe.
Pour son premier opéra, commandé par l’orchestre des Frivolités Parisiennes ainsi que le Théâtre impérial de Compiègne et actuellement donné au Théâtre de l’Athénée à Paris, le compositeur Guillaume Connesson a signé plus de deux heures de musique qui flirtent avec bon nombre d’inspirations brassant à loisir les échos, les emprunts, à la musique et l’univers de film noir ou fantastique (le polar se fait rare sur la scène lyrique mais l’on compte déjà le génial Cardillac d’Hindemith), l’opérette, la comédie musicale, et bien sûr l’opéra-comique dans la mesure où l’oeuvre fait alterner le parlé et le chanté. Sa pièce aux ambiances variées et contrastées se distingue des créations actuelles dans la mesure où y prédomine une écriture archimélodique et même un sentimentalisme souvent banni à l’heure actuelle. Son écriture est légère, son ton plutôt badin malgré l’évocation répété du trépas. Cela ne manque pas de charmer mais aussi d’étonner, d’interroger, quant au profond intérêt d’un jeu continu de pastiches qui mâtine l’ensemble d’accents passéistes.
Les Bains macabres ne saurait raconter autre chose que le monde d’aujourd’hui. Son auteur y convoque les rapports entre un patron bouffi d’autorité abusive et son employée dévouée, harcelée, les relations virtuelles et la solitude affective que vivent nos contemporains malgré l’hyperconnexion des réseaux sociaux et des applications de rencontres. Pour autant, l’ensemble se présente comme un objet assez désuet.
L’institution balnéaire bat néanmoins son plein sous la houlette de Célia, employée aimée et désirée, amoureuse discrète et sincère, fort joliment interprétée par Sandrine Buendia, qui forme un couple radieux avec Romain Dayez, son amant immatériel. Ils sont l’atout séduction du spectacle comme l’éblouissant chœur spectral de l’ensemble Les Éléments.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
Les bains macabres
Olivier Bleys, Guillaume Connesson, Arie Van Beek, Florent Siaud, l’Orchestre des Frivolités Parisiennes
auteur Olivier Bleys
compositeur Guillaume Connesson
direction musicale Arie Van Beek
mise en scène Florent Siaud
avec l’Orchestre des Frivolités Parisiennessoprano lyrique Sandrine Buendia
baryton Romain Dayez
tenor Fabien Hyon
mezzo-soprano Anna Destraël
basse bouffe Nathanaël Tavernier
les curistes Benjamin Mayenobe, Vincent Pavesi, Jeremie Brocard, Benoit-Joseph Meier
avec le choeur Les Éléments
Choeur Les Éléments
Chef de Choeur Joël Suhubiettechef de chant Nicolas Chesneau
scénographie et costumes Philippe Miesch
éclairages Nicolas Descôteaux
assistante à la mise en scène Jane Piot
design vidéo Thomas Israëlproduction : Les Frivolités Parisiennes
coproduction : Théâtre Impérial de Compiègne
partenaires : La Caisse des Dépôts, la ville de Paris, la SACD | coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet.durée • 2h30 (avec entracte)
Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Du 31 janvier > 6 février 2020
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