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Un Couronnement de Poppée au paroxysme du sex-appeal

Aix en provence, Coup de coeur, Les critiques, Opéra
Le Couronnement de Popée au Festival d'Aix 2022
Le Couronnement de Popée au Festival d'Aix 2022

Photo Ruth Walz

Au Festival d’Aix-en-Provence, une troupe de jeunes chanteurs superlatifs met en valeur l’insolente jeunesse et la belle sensualité du chef-d’œuvre de Monteverdi dans un spectacle jouissif, aussi épuré que passionné.

La cage de scène du Théâtre du Jeu de Paume est radicalement mise à nu. Les chanteurs prennent place sur le plateau pour ne quasiment plus le quitter, dans une boîte blanche installée en fond de scène ou sur les côtés pour se faire, à la fois, acteurs et spectateurs de tout ce qui se joue. Sans autre décor, ni soutien de jeu, que quelques chaises et tables, ils trouvent les moyens de faire exister les personnages et les situations auxquels ils donnent très concrètement corps et vie. Ainsi, la trépidante intrigue du Couronnement de Poppée, qui fait s’entremêler les turpitudes de la vie publique et celles de la sphère privée, avance à toute allure. Le spectacle que met en scène Ted Huffman revendique cette radicale simplicité qui jamais ne refrène les élans ardents de ses interprètes. Au contraire, il se déploie chez toutes et tous l’alliage parfait d’une malice scénique et d’une aisance vocale permettant de livrer une version théâtrale et musicale passionnante et passionnée.

Sous le poids d’une longue barre métallique suspendue aux cintres qui plane et pèse comme la métaphore d’un destin hasardeux, les trois allégories que sont Fortune, Vertu et Amour, apprêtées comme pour une soirée de gala, devisent en sabrant le champagne. La voluptueuse Poppée de Jacquelyn Stucker apparaît lovée dans les draps encore chauds de la nuit d’amour qu’elle vient de passer, et cherche à retenir pour une dernière étreinte son amant Néron, flamboyant Jake Arditti. Si beau et peu vêtu, le couple sulfureux affiche une fraîcheur juvénile et une sensualité renversante en ne cessant de s’attirer, de s’aimanter, de s’embrasser à l’envi, se livrant à des jeux érotico-amoureux jusqu’à former avec Lucain un délicat trio exhibitionniste dont les ébats préliminaires prennent place sur la tale du banquet. Tyran outrecuidant et courtisane ambitieuse, les héros monteverdiens sont aussi des monstres hors-pairs. Incarnés par des interprètes à la plastique irréprochable et dont la sensualité se trouve aussi pleinement exacerbée vocalement, ils affichent une séduction qui les rendent encore plus troublants.

Pour faire de sa maîtresse la nouvelle impératrice, Néron, aux allures d’adolescent caractériel et pulsionnel, veut répudier sa femme et écarter par la mort tous les opposants à son projet. Aux dignes lamentations de l’Octavie de Fleur Barron et du jaloux Othon de Paul-Antoine Bénos-Djian, immédiatement touchant, la drôlerie truculente de Miles Mykkanen, qui alterne en travesti les rôles d’Arnalta et de la Nourrice, ainsi que la piquante véhémence de Maya Kherani (Drusilla) et de Julie Roset (Valetto) s’offrent comme de parfaits pendants. Mêlant le comique au tragique, le trivial au sublime, l’œuvre fait irrésistiblement plonger dans la débauche et la luxure au mépris des lois, de la morale et de la raison enseignées avec une inflexible autorité par Sénèque, admirablement campé par la basse Alex Rosen.

Aussi talentueux dans le chant que dans le jeu, l’un et l’autre d’une justesse et d’un naturel confondants, tous les interprètes sans exception font profiter de voix magnifiquement ciselées et projetées. Ils trouvent dans la palette de couleurs chatoyantes et chaleureuses, comme dans l’expressivité galbée, de l’orchestre dirigé par Leonardo García Alarcón un accompagnement aussi dansant que bouillant jusqu’au Pur ti miro final délicatement languissant.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

L’Incoronazione di Poppea
de Claudio Monteverdi
Opéra en un prologue et trois actes 
Livret de Giovanni Francesco Busenello d’après les Annales de Tacite
Créé en 1642-1643 au Teatro Grimano (Santi Giovanni e Paolo) de Venise / Version de Venise (1650)
Direction musicale Leonardo García Alarcón
Mise en scène Ted Huffman
Décors, concept original Johannes Schütz
Décors, adaptations Anna Wörl
Costumes Astrid Klein
Lumière Bertrand Couderc
Collaborateur aux mouvements et maître d’armes Pim Veulings
Dramaturgie Antonio Cuenca Ruiz
Assistant à la direction musicale et répétiteur de langue Fabián Schofrin
Assistant à la direction musicale et chef de chant Jacopo Raffaele
Chef de chant Frédéric Isoletta
Assistante à la mise en scène Maud Morillon
Assistante aux décors Eleni Arapostathi
Assistante aux costumes Louise Watts

Poppea
Jacquelyn Stucker
Nerone
Jake Arditti
Ottavia / Virtù
Fleur Barron
Ottone
Paul-Antoine Bénos-Djian
Seneca / Console
Alex Rosen
Arnalta / Nutrice / Famigliare I
Miles Mykkanen
Fortuna / Drusilla
Maya Kherani
Amore / Valletto
Julie Roset
Lucano / Soldato I / Famigliare II / Tribuno
Laurence Kilsby
Liberto / Soldato II / Tribuno
Riccardo Romeo
Littore / Famigliare III / Console
Yannis François
Orchestre
Cappella Mediterranea

Nouvelle production du Festival d’Aix-en-Provence en coproduction avec l’Opéra de Rennes, le Palau De Les Arts Reina Sofia (Valencia)

Cette production a été rendu possible grâce à Vincent Meyer, Grand Donateur du Festival d’Aix-en-Provence.

Durée : 3h30 (entracte compris)

Festival d’Aix-en-Provence
Théâtre du Jeu de Paume
les 9, 12, 14, 15, 17, 18, 20, 21 et 23 juillet

11 juillet 2022/par Christophe Candoni
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Jean-Yves Ruf met en scène La Finta Pazza de Scarlatti sous la direction musicale de Leonardo García Alarcón
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