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Médée entre Versailles et Broadway

À la une, Opéra, Paris

photo Elisa Haberer Opéra national de Paris

A l’Opéra national de Paris, la tragédie lyrique de Charpentier, dirigée par William Christie et mise en scène par David McVicar, prend les traits d’un divertissement inopportun qui peine à convaincre et émouvoir.

Montrée pour la première fois à l’Opéra de Paris, la production (qui date de 2013) transpose le mythe de Médée à l’époque de la Seconde Guerre mondiale. Ce contexte pourtant grave donne lieu à des tableaux scéniques fort bien réglés mais qui, sans doute pour renouer avec la pompe spectaculaire du fastueux théâtre de Cour au XVIIe siècle, réduisent leur propos à du grand divertissement. Il y a semble-t-il comme un hiatus évident entre l’histoire terriblement tragique de Médée et son traitement bien moins effroyable que volontiers distrayant.

On connait David McVicar pour son goût du spectacle un brin académique avec moult décors et costumes, en témoigne sa réalisation d’Adrienne Lecouvreur, sa seule production présentée jusqu’ici à l’Opéra national de Paris. C’est dans l’espace d’un froid palais royal luxueusement aménagé en bureaux ministériels et salle de réception, où s’anime une abondante domesticité tandis que de nombreux soldats aux abords font le guet, que se découvre Médée en bourgeoise versaillaise, silhouette gracile tirée à quatre épingles, dans un strict tailleur noir. Bien loin de la monstresse vengeresse, de la sorcière barbare, elle se montre pleine d’affection et de protection envers son mari, et surtout ses enfants dont s’occupe une gouvernante.

Au milieu des différents corps d’armée qui paradent en uniformes militaires, l’Argonaute Jason est officier dans la marine tandis qu’Oronte, son concurrent amoureux auprès de Créuse, appartient aux troupes d’aviation. C’est juché sur un légendaire avion Corsair de l’United States Air Force customisé au moyen de paillettes et de peinture rose flashy que débarque Amour personnifiée en costume de cabaret. Entourée d’une bardée de danseurs et de quelques choristes, elle se livre à une joyeuse comédie musicale dans le style d’On the town ou de Fancy free. Plus tard, la revue bascule dans un macabre grotesque lorsque d’une trappe fumante, sous les incantations furieuses de Médée magicienne, apparaissent des filles du Styx sanguinolentes entres autres zombies gesticulants.

Si ce genre d’outrances et cette légèreté déplacée que s’autorise la mise en scène empêchent de vraiment accéder à la densité du drame, l’émotion vient de l’interprétation fine et engagée des chanteurs. Lea Desandre offre de Médée un visage de femme si touchante, si aimante, loin de la folle furieuse et menaçante. Le rôle réclame une tragédienne aussi flexible qu’expressive. Fine mozartienne, la soprane fait profiter de sa musicalité très nuancée comme de ses brillants et cristallins moyens vocaux qu’elle cherche parfois à durcir et grossir en vain. Plus affligée qu’éclatante, sa Médée sensible et sincère dans la douleur comme la colère, devrait encore gagner en envergure et en maturité aussi bien vocale que scénique pour pleinement faire autorité. Face à elle, Reinoud Van Mechelen allie allure et chant stylés, diction ciselée, et voix très bien projetée. Entre douceur et puissance, il fait un beau et séduisant Jason. Le couple se hisse en tête d’une distribution remarquable.

Le couple se hisse en tête d’une remarquable distribution prompte à défendre une œuvre qui n’est pas anodine pour William Christie et les Arts Florissants. Au cours des années 1980, juste avant leur consécration avec Atys de Lully (dont Charpentier passe pour le rival), le chef et son ensemble en ont assuré le premier enregistrement mondial, suivi d’une deuxième disque mémorable. Trois décennies plus tard, dans la fosse du palais Garnier, ils retrouvent l’ouvrage qu’il ont eux-mêmes exhumé et en offrent une version d’une beauté raffinée, joliment languissante, peut-être un peu trop placide, diversement énergique et animée.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Médée
Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes (1693)
Production créée à l’English National Opera de Londres le 15 février 2013

Marc-Antoine Charpentier
Musique
(1643 – 1704)

Thomas Corneille
Livret

William Christie
Direction musicale

Avec

Lea Desandre
Médée

Reinoud Van Mechelen
Jason

Laurent Naouri
Créon

Ana Vieira Leite
Créuse

Gordon Bintner
Oronte

Emmanuelle de Negri
Nérine

Élodie Fonnard
Cléone

Lisandro Abadie
Arcas

Julie Roset
L’Amour

Mariasole Mainini
L’Italienne

Maud Gnidzaz
Chœur à trois voix

Juliette Perret
Une Captive

Virginie Thomas
Second Fantôme

Julia Wischniewski
Une Captive

Alice Gregorio
Chœur à trois voix

Bastien Rimondi
1er Corinthien, Un Argien, Jalousie, Chœur à trois voix

Clément Debieuvre
2e Corinthien, Un Argien captif, Démon

Matthieu Walendzik
Un Argien, Vengeance

Chœur et orchestre des Arts Florissants

Avec le soutien exceptionnel d’Aline Foriel-Destezet

Thibaut Lenaerts
Chef des Chœurs

David McVicar
Mise en scène

Bunny Christie
Décors et costumes

Paule Constable
Lumières

Lynne Page
Chorégraphie

Durée : 3h40 avec deux entractes

Palais Garnier
du 10 avril au 11 mai 2024

12 avril 2024/par Christophe Candoni
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