Premier théâtre municipal en régie directe de la Ville de Paris, le Théâtre de la Concorde, qui a ouvert ses portes en mars 2024 lorsque le Théâtre de la Ville a réintégré ses bâtiments place du Châtelet, devient coproducteur de spectacles, sans pour autant lâcher ce qui fait sa différence : ouvrir sa programmation à d’autres formes que la représentation théâtrale.
Elsa Boublil, ancienne journaliste à Radio France, puis conseillère culture d’Anne Hidalgo, et désormais directrice du théâtre, souhaite concevoir La Concorde comme « un autre théâtre », pas un théâtre de plus, comme Paris en compte des centaines. L’arrivée de ce nouveau concept avait tout de même inquiété certains théâtres publics parisiens, craignant que la Ville ne réduise ses subventions pour les allouer au Théâtre de la Concorde. Son budget est bien financé à 100% par la Ville de Paris, mais il est rattaché à la direction de la Démocratie, des Citoyen·nes et des Territoires, et non pas à la direction de la Culture.
Pour sa première saison, le Théâtre de la Concorde a accueilli 500 000 visiteurs. 80% des propositions sont gratuites, avec notamment des ateliers gratuits pour les élèves parisiens et les familles. Elsa Boublil compose sa programmation « comme une partition de musique : en journée, des ateliers ouverts à tous et toutes et des scènes ouvertes sont imaginés comme base continue, et sont complétés, en soirée, par des spectacles qui sont autant de caisses de résonance ». Chaque mois, la programmation thématique est déclinée à travers plusieurs formats : des débats animés par des experts et des citoyens engagés, des performances artistiques (stand-up, battles de danse, concours d’éloquence…), des scènes ouvertes, des concerts et des spectacles musicaux, des pièces de théâtre, des expositions, des ateliers interactifs, des podcasts et parfois des escape games.
Jusqu’à présent, les spectacles étaient joués sur de courtes périodes. Elsa Boublil souhaite proposer, à partir de janvier 2026, des séries plus longues. « Le théâtre est en mesure d’accompagner des spectacles, même en période de crise, avec des petits budgets », explique la directrice, qui va consacrer environ 20 000 euros à plusieurs créations. « Attention, tempère Jacques Vincey, cette somme comprend aussi en partie l’achat des représentations ». L’ancien directeur du CDN de Tours va mettre en scène en février (du 18 au 28) Forcenés de Philippe Bordas, avec, sur scène, l’acteur-cycliste Léo Gardy. Avant lui, en janvier, Anne Kessler va mettre en scène et jouer Bérénice de Jean Racine (du 7 au 20) avec Stanislas Mehrar, Thomas Blanchard et Évelyne Istri dans le cadre de la thématique « L’abus de pouvoir ».
Puis, du 3 au 14 février, Jana Klein et Stéphane Schoukroun vont proposer Notre histoire (se répète), une relecture de Notre histoire, un spectacle créé en 2020 qui évoquait leur rencontre amoureuse et leur vie de couple mixte traversée par les fracas du XXe siècle et notamment ceux de la Shoah. Aujourd’hui, ils questionnent de nouveau leur vie au regard des changements géopolitiques, de la montée de l’antisémitisme, des effets de la désinformation et des dogmatismes. Ce spectacle interroge la manière dont la rupture de dialogue fragilise nos liens communs, et s’inscrira dans la thématique du mois de février : « L’ignorance en démocratie ».
Des spectacles pour faire débat, pour prendre de la hauteur au coeur d’une campagne électorale à Paris, dont l’issue conditionnera certainement l’avenir du Théâtre de la Concorde.





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