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Tartuffe, le coup de jeune

A voir, Les critiques, Théâtre, Toulouse

Photo Erik Damiano

Guillaume Séverac-Schmitz met en scène la comédie de Molière et révèle la jeune troupe éphémère, tonique et pétillante formée au ThéâtredelaCité, le CDN de Toulouse, malgré une direction d’acteurs un brin hystérique.

Tartuffe a vieilli. Peut-être que Tartuffe est mort d’ailleurs. Évidemment, la pièce reste – et restera toujours – un miracle théâtral. Bien sûr, la comédie mérite – et méritera toujours – son titre de fleuron du répertoire français. Pour sa langue. Pour son rythme. Pour sa drôlerie. Pour son efficacité. Pour sa violence. Pour son impertinence… Les arguments sont infinis. Molière est génie. Indiscutablement.

Mais comment ne pas reconnaître que la société dépeinte au fil de ces cinq actes ne correspond plus du tout à la nôtre ? Un faux dévot met le désordre dans une famille en brandissant un crucifix ? En France, la religion catholique est en voie d’extinction (et les rapprochements entre Tartuffe et l’Islam sont parfaitement inopérants)… Un père de famille benêt (mais décidant de tout) entraine les siens dans sa perte ? À présent le patriarcat vacille, et les jeunes n’écoutent plus les boomers… En un clin d’œil, le Roi Soleil chasse l’imposteur et sauve le foyer vacillant ? En 2024, la monarchie n’existe plus… Quoi que, avec un brin de mauvaise foi, on pourrait en discuter.

Il reste le plaisir tout de même. Et c’est ce plaisir, justement, qui donne un sens à la mise en scène de Guillaume Séverac-Schmitz. En 2020, en plein Covid, l’artiste s’est entouré des nouvelles recrues de l’AtelierCité, une troupe éphémère de jeunes acteurs professionnels formés par le CDN de Toulouse, afin de préparer leur avenir et leur insuffler l’esprit de troupe. La pièce, pour la première fois, fut donnée le 16 décembre 2020.

La voilà de retour, et trois ans après sa création, ses représentations sont toujours un bain de jouvence. Parce que Guillaume Séverac-Schmitz sait faire spectacle. Dans une scénographie bifrontale et dépouillée (une table, quelques chaises, deux lustres), il jette ses fougueux comédiens à l’assaut des ces alexandrins cultes. Lesquels sont parfois esquintés. Qu’importe : l’énergie, le rythme, l’intelligence des placements et l’alchimie des acteurs emportent tout. Et ce, dès la première scène. Il faut les voir danser sur les tables, se déshabiller, hurler de joie, alors qu’ils profitent de l’absence du père. Il faut les voir basculer dans l’inquiétude, raisonner, et chercher des solutions, quand Tartuffe fait son entrée en scène. La mécanique fonctionne, le plaisir du jeu est communicatif, et les enjeux textuels demeurent parfaitement lisibles.

En dépit d’une direction d’acteurs un brin hystérique : le bémol. Guillaume Séverac-Schmitz affectionne le comique des grimaces outrées et les excès cartoonnesques (façon Tex Avery pour le meilleur, ou Louis de Funès pour le pire) – surtout pour Orgon. Le public rit, indéniablement, mais ce parti-pris superflu et un peu vieillot nous tire de hors de la représentation et confère à la troupe un certain amateurisme. C’est dommage. Mais ce n’est pas si grave, au fond. Car la joie du théâtre s’impose.

En quittant la salle, tout de même, on ne peut s’empêcher de rêver à une autrice ou un auteur de théâtre qui parviendrait à mettre en pièce notre société actuelle, avec le talent et la drôlerie de Molière. Fugace et stérile fantasme…Pourtant, ces jeunes-là y auraient été excellents.

Igor Hansen-Løve – sceneweb.fr

Le Tartuffe de Molière

Conception et mise en scène Guillaume Séverac-Schmitz

Avec Matthieu Carle, Jeanne Godard, Fannie Lineros, Angie Mercier, Fabien Rasplus, Quentin Rivet et Christelle Simonin

Voix off Eddy Letexier

Scénographie Guillaume Séverac-Schmitz avec la collaboration d’Emmanuel Clolus

Lumières Michel Le Borgne

Son Géraldine Belin

Assistanat à la mise en scène et dramaturgie Clément Camar-Mercier

Assistanat à la mise en scène et coordination du projet Caroline Chausson

Réalisation du décor dans les Ateliers de construction du ThéâtredelaCité, sous la direction de Michaël Labat

Réalisation des costumes dans les Ateliers du ThéâtredelaCité sous la direction de Nathalie Trouvé

Durée: 2h

ThéâtredelaCité, CDN Toulouse
Du 11 au 26 janvier 2024

L’Archipel, scène nationale de Perpignan
du 30 janvier au 1er février 2024

14 janvier 2024/par Igor Hansen-Løve
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