Le syndrome Ian de Christian Rizzo a plongé l’Opéra-Comédie à sa création dans une ambiance nocturne entre scène de club et fantômes des années 80. Le spectacle est en tournée.
1979. Première sortie en discothèque. C’est écrit noir sur blanc dans la feuille de salle distribuée aux spectateurs . Christian Rizzo livre un souvenir de jeunesse qu’il va s’appliquer à magnifier le temps de ce Syndrome de Ian titre énigmatique qui renvoie au prénom du chanteur de Joy Division, Ian Curtis. Une heure durant Rizzo, nouveau directeur du Centre Chorégraphique National de Montpellier, plonge dans sa mémoire, réunit une humanité de clubbers sur le plateau, invente des paysages mental et sonore inédit. Il se sait attendu au tournant après le succès monstre de sa création D’après une histoire vraie qui réconciliait danse traditionnelle et contemporaine -une des plus belles pièces de cette décennie soit dit en passant.
Il a pensé la suite comme une trilogie : ainsi le Ad Noctum, duo trait d’union entre ces deux pièces de groupe, s’intéressait aux danses de salon -à la manière Rizzo, très plastique. Avec Le syndrome de Ian c’est la culture club qu’il prend pour cible. Juste après le manifeste disco, viendra l’heure d’une musique électronique qui va changer la donne. Le chorégraphe en fait le point de départ fantasme de son opus. Le groupe Cercueil signe la bande-son de l’ensemble tirant le tout vers une modernité sans fausse note. Les murs de l’opéra raisonneront de ces basses et ces boucles électro : d’abord ensemble dans une communion des corps quasi mystique, puis éclatés comme des particules habitant la scène, les interprètes évoluent dans un bain de lumières et de fumée.
Rizzo signe une chorégraphie presque effacée, qui sans reproduire les danses de club avec bras levés et effets de masse raconte ces instants d’abandon. Jusqu’au final, un soliste esseulé comme avalé par ce soleil artificiel. Fidèle à son esthétique, lui qui a déjà eu une vie de rocker et de styliste, Christian Rizzo convoque également dans cette cérémonie des créatures poilues semblant sortir tout droit du travail photographique de Charles Fréger. Délicieusement troublant. Et si Le syndrome Ian n’a pas la séduction immédiate propre à D’après une histoire vraie, sa petite musique finira par nous accompagner dans la nuit de Montpellier.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Chorégraphie : Christian Rizzo
Avec : Miguel Garcia Llorens, Pep Garrigues, Kerem Gelebek, Julie Guibert, Hanna Hedman, Filipe Lourenco, Maya Masse, Antoine Roux-Briffaud, Vania Vaneau
Création lumière : Caty Olive
Assistante artistique : Sophie Laly
Direction technique : Thierry Cabrera
Régie générale : Marc Coudrais
Régie de scène : Jean-Christophe Minart
Production : ICI – CCN Montpellier / Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées
Coproduction : Festival Montpellier Danse 2016, Opéra de Lille, Théâtre de la Ville – Paris, National Taichung Theater (Taiwan), Biennale de la danse de Lyon 2016, Centre de Développement Chorégaphique Toulouse / Midi-Pyrénées, le lieu unique – Nantes, TU – Nantes, La Bâtie – Festival de Genève (Suisse) le syndrome ian a bénéficié de la mise à disposition de studios au CND, un centre d’art pour la danseMontpellier Danse 2016
Ven. 24 & sam. 25 juin à 20h
Opéra Comédie
En tournée 6 septembre Château Rouge Annemasse
21 et 22 septembre Opéra de Lyon
26 et 27 septembre La Comédie Clermont-Ferrand
30 septembre Le Parvis Tarbes
27 et 28 janvier 2017 Opéra de Lille
26 au 28 avril 2017 Théâtre National de Chaillot Paris
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