Joël Pommerat continue d’évoluer dans la noirceur qui lui colle si bien à la peau. Pour sa nouvelle création, « Ma chambre froide », il a créé une arène circulaire en bois avec au cœur du dispositif, un plateau circulaire tournant. Les comédiens faisant leurs entrées par quatre accès. Dispositif ingénieux qui nous plonge d’entrée dans le monde mystérieux de Pommerat, où les rêves et les cauchemars coexistent. Cette pièce est très certainement la plus explicite de l’auteur. Il nous raconte une histoire avec un processus de narration classique. On est très loin de « Je tremble ». Ici tout est dit, tout est raconté, mais avec la noirceur et toute l’ambigüité des personnages. Le conte rejoint la réalité.
« La chambre froide » raconte l’histoire d’Estelle, technicienne de surface dans un supermarché, et de ses collègues. On y retrouve les deux bouchers Alain et Jean-Pierre, Bertrand, Adeline, Claudie, Nathalie et Chi, un Chinois au français incompréhensible que seule Estelle parvient à traduire. Ils vont hériter comme par enchantement de toutes les entreprises de leur patron, Block, malade et mourant, condamné par une tumeur au cerveau. Leur seule obligation pour hériter sera de jouer une pièce de théâtre.
La pièce dépeint toutes les difficultés du monde de ces employés de la grande distribution avec beaucoup de pudeur. Avec des mots simples, Joël Pommerat appuie là où ça fait mal. Même promis à une richesse inespérée les employés du magasin vont continuer dans leurs tâches de tous les jours, malgré la fatigue. Ils vont très vite s’apercevoir que l’argent ne résout pas tous les problèmes, et vont devoir trancher sur des décisions difficiles mettant en jeu le travail d’autres salariés comme eux. Cette description du monde du travail est rigoureuse et profonde. L’obscurité quasi permanente pendant le spectacle renforce la noirceur du propos. On ne sort pas indemne de cette chambre froide, menée avec brio par une troupe de neuf comédiens aux accents mélangés.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Ma chambre froide de & mise en scène Joël Pommerat
scénographie
Eric Soyer avec Thomas Ramon
lumière
Eric Soyer avec Jean-Gabriel Valot
costumes
Isabelle Deffin
son
François Leymarie & Gréoire Leymarie
avec
Jacob Ahrend
Saadia Bentaïeb
Lionel Codino
Ruth Olaizola
Frédéric Laurent
Serge Larivière
Marie Piemontese
Nathalie Rjewsky
Dominique Tack
production Compagnie Louis Brouillard
coproduction Odéon-Théâtre de l’Europe, Théâtre National de Bruxelles, TNP de Villeurbanne, le Grand T – scène conventionnée Loire-Atlantique de Nantes, La Foudre – Scène nationale de Petit-Quevilly, La Coupole – scène nationale de Sénart, Théâtre d’Arras, Espace Malraux – Scène nationale de Chambéry et de la Savoie, Scène nationale de Cavaillon et la communauté de spectateurs, Bonlieu – scène nationale d’Annecy, Châteauvallon – centre national de création et de diffusion culturelles, Théâtre du Nord – Théâtre national Lille Tourcoing Région Nord-Pas-de-Calais
création à l’Odéon-Théâtre de L’Europe-Ateliers Berthier, le 2 mars 2011
2 – 27 mars 2011 – Ateliers Berthier – Théâtre de l’Odéon
les 12 et 13 mai 2011 au Théâtre d’Arras
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