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La saleté, objet de curiosité

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Théâtre

Après la boule de cristal, l’histoire spirituelle de la danse et les fonds marins, David Wahl met son art de la causerie échevelée au service de la saleté. Mis en scène par Pierre Guillois, son Sale discours est une délicieuse promenade parmi les ordures d’hier et d’aujourd’hui.

Depuis son Traité de la boule de cristal (2014), David Wahl cause beaucoup, mais jamais au coin du feu. Cabinet de curiosités ambulant, l’auteur, dramaturge et interprète est en quelques années devenu avec ses causeries un invité régulier des festivals et théâtres. Du Quartz – Scène nationale de Brest notamment, qui soutient et produit depuis leurs débuts les singulières explorations intellectuelles et verbales de l’artiste. Lequel finit par investir complètement la scène dans sa nouvelle création, Le Sale discours. Après Histoire spirituelle de la danse (2015) et La visite curieuse et secrète (2015) consacrée aux fonds marins[i], où il continue de déployer ses collections d’histoires autour d’une simple table, muni de quelques accessoires, l’étonnant conteur répand en effet sur tout un plateau ses récits divers et variés. Son coq-à-l’âne aussi érudit que jouissif.

Mis en scène par Pierre Guillois, David Wahl s’éloigne dans cette dernière causerie de son personnage de savant foutraque. Dans le costume rose qu’il arbore au début du Sale discours, bientôt complété par un groin en plastique, il n’a en effet en apparence plus rien du rat de bibliothèque nostalgique de la Renaissance. Période où les arts communiquaient avec la science bien plus naturellement qu’aujourd’hui. Mais l’habit ne fait pas le porc. Même en cochon de carnaval, David Wahl ne perd rien de sa savoureuse parole. Au contraire. Aussi raffinées que la mise du comédien est grossière, les anecdotes et informations en série qui composent Le sale discours sont à la hauteur de l’ambition de l’artiste : « interroger le rapport au déchet et à sa prolifération ».

Faussement académique, le sous-titre à rallonge – « Géographie des déchets pour tenter de distinguer au mieux ce qui est propre de ce qui ne l’est pas » du spectacle le dit d’emblée : mieux vaut ne pas attendre de David Wahl une réponse à la question qui l’occupe. Même si, précise-t-il en introduction, toutes les histoires racontées dans Le sale discours sont vraies. Aussi incroyables soient-elles. Le récit de la mort de Philippe de France, fils du roi Louis VI, donne le ton. On y apprend que, renversé par un cochon – « oui, c’est fort malheureux à dire, un cochon » – en rentrant de chasse, le dauphin a causé au monarque une peine telle que l’image de l’animal coupable s’est irrémédiablement ternie. Et « qu’en cette même année 1131, Louis VI, dit « Le Gros », interdit formellement aux truies, verrats et autres pourceaux de baguenauder librement dans les rues et obligea quiconque en possédait à les tenir dorénavant en laisse ».

De la réputation du cochon au déchet radioactif, la curiosité amusée et partageuse de David Wahl se fraie des chemins inattendus. C’est en effet au terme d’une excursion labyrinthique entre la philosophie de l’aérisme qui voit le jour au XVIIIe siècle, la découverte du microbe ou encore le corps d’une Marie Curie « copieusement irradiée par sa recherche » que Le sale discours débouche sur le nucléaire. Et sur le projet transhumaniste, qui envisage « en contrepartie de l’immortalité la stérilisation du genre humain ». Tout en puisant dans toutes les périodes de l’Histoire et dans un maximum de disciplines – il a réalisé une immersion à l’Institut Curie et interrogé de nombreux chercheurs –, le féru de vérités et de croyances oubliées patauge dans une étrange matière noire et gluante qu’il étale peu à peu sur scène. « Jamais je n’aurais cru que la recherche du propre salisse autant les êtres et les choses », dit-il. À méditer.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Le Sale discours

Texte et interprétation : David Wahl

Mise en espace : Pierre Guillois

Régie générale : Jérôme Delporte

Régie plateau, accessoiriste : Anne Wagner

Création son : Nicolas Coulon

Création lumière : Maël Guiblin

Production : Incipit

Coproduction : Le Quartz – Scène nationale de Brest, La Faïencerie Théâtre-Creil-Chambly – Scène nationale en préfiguration, Châteauvallon – Scène nationale, La Maison de la Poésie – scène littéraire à Paris.

En immersion à L’Andra, L’institut Curie/Musée Curie, au Quartz – Scène nationale de Brest
Avec le soutien de L’Andra et de Big Bennes/ Soignolles-en-Brie

Le texte est paru aux éditions Premier Parallèle, 86p., 10 €.

Maison de la Poésie
Les 26 et 27 février 2018

La Faïencerie Théâtre-Creil-Chambly, scène nationale en préfiguration
Le 22 mars 2018

[i] Histoire spirituelle de la danse sera présenté le 20 mars, au Théâtre, Scène nationale de Mâcon (71), La Visite curieuse et secrète du 25 au 27 avril au Théâtre de la Coupe d’Or à Rochefort (17) et le Traité de la boule de cristal les 12 et 13 juin au CNCD de Châteauvallon, scène nationale – Ollioules (83).

 

16 février 2018/par Anaïs Heluin
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