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Catherine Boskowitz met la solidarité en morceaux

À la une, Bobigny, Les critiques, Limoges, Moyen, Théùtre

photo Christophe-Pean

Dans Le Pire n’est pas (toujours) certain, créé aux ZĂ©brures d’automne – nouvel intitulĂ© du festival Les Francophonies en Limousin – Catherine Boskowitz aborde le drame des migrants Ă  partir de l’essai FrĂšres migrants de Patrick Chamoiseau. Un plaidoyer pour « des solidaritĂ©s imprĂ©visibles et transversales », dont elle Ă©choue Ă  traduire la force.

DerriĂšre un Ă©cran de plastique qui donne au plateau une allure trouble, ça s’agite. Ça colle, ça bricole. Tandis que le public prend place, les six interprĂštes du Pire n’est pas (toujours) certain composent en quelques minutes un plateau en Ă©tat d’urgence. ÉquipĂ©s de rouleaux d’adhĂ©sif blanc, ils dessinent au sol des motifs d’aprĂšs catastrophe. Avec presque rien, ils fabriquent un petit chaos qui, apprend-t-on sur la feuille de salle, se situe dans un futur proche. À une Ă©poque oĂč « les migrations vers l’Europe se densifient ». Un demain trĂšs proche, donc, oĂč les frontiĂšres sont partout oĂč il y a des hommes. De Thessalonique Ă  Bobigny, territoire parcouru par les personnages de la piĂšce Ă©crite par Catherine Boskowitz en rĂ©sidence Ă  la MC93 Ă  la maniĂšre d’un puzzle sur « ce qui nous arrive aujourd’hui », explique l’auteure, metteure en scĂšne et comĂ©dienne dans son journal de rĂ©pĂ©titions. Un bel outil mis en place par le théùtre qui l’a accueillie afin d’offrir une entrĂ©e dans les coulisses de la crĂ©ation. Dans la pensĂ©e, dans les questions qui l’ont motivĂ©e et traversĂ©e.

Dans le mĂȘme journal, on apprend ainsi l’origine de l’affolement initial et des fragments qui suivent, oĂč divers protagonistes Ă©mergent de la confusion avec leurs histoires d’exil, de dĂ©chirement. « Au fil des mois passĂ©s Ă  Bobigny, dit Catherine Boskowitz, j’ai Ă©crit en compagnie des hommes et des femmes que j’ai rencontrĂ©s ici
 des groupes avec lesquels j’ai travaillĂ©, le groupe du foyer Oryema, le groupe de Sokay Ă  travers son association ‘’Loisirs Tout Azimuts’’, le groupe des comĂ©diens amateurs, l’équipe de la MC93, mon Ă©quipe artistique
 ». Un procĂ©dĂ© qui n’est Ă  aucun moment visible dans Le pire n’est pas (toujours) certain, ni mĂȘme suggĂ©rĂ©. Si de nombreuses rencontres et entretiens ont nourri la piĂšce, les diffĂ©rentes petites fictions qui la constituent n’en gardent presque aucune trace. Si ce n’est lorsqu’Estelle Lesage, attifĂ©e en clown, conseille Ă  Catherine Bokowitz qui incarne alors une Europe conservatrice et autosatisfaite de sortir un peu de chez elle. De se bouger, de recueillir les rĂ©cits des autres, des migrants.

Davantage affirmĂ©, le processus d’écriture aurait sans doute permis Ă  la fiction de gagner en prĂ©cision dans les mĂ©canismes qu’elle dĂ©crit. Dans les portraits de rĂ©fugiĂ©s et d’EuropĂ©ens qu’elle fait se cĂŽtoyer, s’affronter, de maniĂšres diverses. En faisant appel Ă  de nombreuses formes et disciplines – danse et chant s’invitent souvent dans la partition théùtrale –, qui accentuent le caractĂšre trĂšs polyphonique du texte, Catherine Boskowitz en complique la lisibilitĂ©. Au point de rendre quasi-imperceptible le rĂ©cit sensĂ© servir de cadre Ă  l’ensemble : celui qui raconte le voyage d’un chien depuis la GrĂšce jusqu’en Seine-Saint-Denis. Parcours ponctuĂ© de rencontres surrĂ©alistes mais qui Ă©chappent rarement aux clichĂ©s et au didactisme.

Au fil des deux heures et quart de spectacle, on dĂ©couvre un Homme accrochĂ© Ă  un mĂąt (FrĂ©dĂ©ric FachĂ©na, qui endosse aussi le rĂŽle d’un fonctionnaire europĂ©en), une rĂ©fugiĂ©e du nom de Jumana (NantĂ©nĂ© TraorĂ©), un jeune exilĂ© fraĂźchement arrivĂ© en Europe (Andreya Ouamba), un NĂšgre de Feu (Marcel Mankita), ou encore un certain WaĂ«l dont on parle beaucoup mais que l’on ne voit jamais. Toute une galerie de pauvres hĂšres et de privilĂ©giĂ©s plus ou moins Ă  l’aise avec leur condition, que rien ne rassemble sinon le chaos mouvant de la scĂšne. Surtout pas la langue, qui n’a que peu de choses en commun avec celle de FrĂšres migrants (Ă©ditions du Seuil, 2017) de Patrick Chamoiseau, dont Catherine Boskowitz dit s’ĂȘtre librement inspirĂ©e. Dans Le pire n’est pas (toujours) certain, les « solidaritĂ©s multidimensionnelles, Ă©volutives » que l’auteur de l’essai appelle de ses vƓux sont le plus souvent rĂ©duites Ă  des rapports de force qui peinent Ă  exprimer autre chose qu’un problĂšme de conscience. Un malaise europĂ©en qu’il est de bon ton d’exprimer ces temps-ci au théùtre. Au risque d’y rajouter de la confusion.

AnaĂŻs Heluin – www.sceneweb.fr

Le Pire n’est pas (toujours) certain

Texte et mise en scĂšne : Catherine Boskowitz
Assistante Ă  la mise en scĂšne : Laura Baquela
Avec : Catherine Boskowitz, Frédéric Fachéna, Estelle Lesage, Marcel Mankita, Nanténé Traoré
Danseur : Andreya Ouamba
Musique : Jean-Marc Foussat
Création lumiÚre : Laurent Vergnaud
Scénographe : Jean-Christophe Lanquetin
Costumes : Zouzou Leyens
Régie plateau : Paulin Ouedraogo
Assistants scénographie : Anton Grandcoin, Jacques Caudrelier
Stagiaires technique plateau : Kosta Tashkov, Khalid Adam et Aboubakar Elnour
Avec l’accompagnement amical de Anne-Laure Amilhat Szary, gĂ©ographe, professeure Ă  l’UniversitĂ© Grenoble-Alpes et Ă  Pacte, Laboratoire de Sciences Sociales.
Remerciements pour leur aide et leurs conseils artistiques Ă  Maria Zachenska (clown), Ă  Myriam Krivine (chanteuse lyrique) et Ă  Matisse Wessels (marionnettiste).
L’écriture de cette piĂšce a Ă©tĂ© librement inspirĂ©e par l’essai de Patrick Chamoiseau « FrĂšres Migrants » (Ă©ditions du Seuil).
Les Ă©crits d’Hannah Arendt, notamment sur ce que pour elle signifie « penser », m’ont accompagnĂ©e pendant toute l’élaboration du spectacle.
Le théùtre d’Armand Gatti (« Les 7 possibilitĂ©s du train 713 en partance d’Auschwitz »/ Ă©ditions Verdier), de Paul Claudel (« Le soulier de Satin » / Ă©ditions Gallimard), et une nouvelle d’Antonio Tabucchi (« PassĂ© composĂ© » / Ă©ditions Gallimard), dont certains passages sont citĂ©s Ă  l’intĂ©rieur de la piĂšce, m’ont permis de rĂȘver avec leurs auteurs.
Les demandeurs d’asile du Foyer Oryema Ă  Bobigny ainsi que les rĂ©fugiĂ©s rencontrĂ©s en GrĂšce et Ă  travers toute l’Europe, certains devenus mes amis, m’ont aidĂ©e Ă  imaginer cette histoire qui leur est dĂ©diĂ©e.

Durée : 2h15

Les ZĂ©brures d’automne Ă  Limoges
Les 26, 27 et 29 septembre 2019

MC93
Du 11 au 21 décembre 2019

12 décembre 2019/par Anaïs Heluin
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