Anna Magdalena Bach, la deuxième femme de Jean-Sébastien Bach, l’épousa à l’âge de vingt ans (il en avait trente-six) et lui donna treize enfants dont cinq survécurent. Cantatrice avant son mariage, elle s’occupa des quatre enfants du premier lit de Bach et resta musicienne. Dans leur maison de Leipzig, elle apprit le clavecin, un peu l’orgue et effectua de nombreux travaux de copie et de transcription pour son mari. Après la mort de Bach, devenu aveugle, à l’âge de soixante-cinq ans, Anna Magdalena resta seule avec deux de ses filles et l’aînée du premier lit. Les autres membres de sa famille ne se préoccupant plus d’elle, elle vécut, jusqu’à sa mort, de subsides municipaux.
Bien des années auparavant, Jean-Sébastien avait offert à Anna Magdalena les Notenbüchlein für Anna Magdalena Bach, deux livres de musique. Le premier, de 1722, nous est parvenu incomplet bien qu’y figurent quand même (!) Les Suites françaises, le second, de 1725 réunit une cinquantaine de morceaux sans oublier Quelques règles très importantes concernant la basse continue signées de la main du chef de famille.
Partitas, marches, polonaises, menuets, chorals, arias… le petit livre de notes, religieusement copié par Anna Magdalena, Jean-Sébastien ou les enfants est comme un album photographique en musique qui va s’étoffer au cours des années. Musique de famille, musique pour apprendre, pour s’amuser, étudier, se tromper, recommencer. Si le « Cantor de Leipzig », génial pédagogue, est bien sûr présent dans ce – pas si petit – recueil, certaines pièces sont de son fils, Carl Philipp Emanuel, d’autres de Couperin ou de Telemann. Si certains morceaux sont anonymes, on aime imaginer Bach, écrivant un aria en l’honneur du tabac et Anna Magdalena le lui chanter.
En 1968, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, vont réaliser un des plus beaux films de musique, Chronique d’Anna Magdalena Bach. Une œuvre brutale et douce, austère et voluptueuse, au noir et blanc velouté comme les joues des enfants. Gustav Leonhardt, réinventeur de Bach, lui prête sa silhouette sèche, sa « passion patiente » et ses mains, qui comme celles de Bach, ne s’agitent pas.
A propos de leur film, Straub et Huillet disaient : « Chaque morceau de musique sera réellement exécuté devant la caméra, pris en son direct et filmé en un seul plan. Ce qui sera montré c’est comment on fait cette musique. ». Et Straub ajoute : « Je crois qu’on avait d’abord envie de raconter une histoire d’amour. »
C’est aussi à cause de cela que j’ai eu envie de ce spectacle sur Anna Magdalena Bach. Une pièce sur l’amour et la musique, un spectacle de musique. Comment on la fait, comment on l’apprend, comment on la vit, quand votre père, votre professeur, votre mari est… Jean- Sébastien Bach.
Il y aura un piano, un clavecin et un clavicorde, comme ceux que Bach aimait tant. Il y aura un pianiste, une claveciniste et deux actrices. Nous ne mettrons pas de costumes d’époque, il n’y aura pas de décor, juste des lampes un peu partout. Comme à la maison.
On pourra jouer presque partout… Dans des théâtres, des auditoriums, dehors, s’il fait beau, pour ne pas mouiller le clavecin, le clavicorde et le piano.
Et comme, chez les Bach, on vivait et on jouait avec et pour les enfants, ce sera aussi un spectacle pour les enfants.
Agathe Mélinand
Le petit livre d’Anna Magdalena Bach
Un spectacle musical pour tous à partir de 11 ans Écrit et réalisé par Agathe MélinandConstruit à partir du
Notenbuc̈ hlein fur̈ Anna Magdalena Bach (1725)
de Jean-Sébastien Bach, Carl Philipp Emanuel Bach, François Couperin… Et inspiré du film Chronique d’Anna Magdalena Bach de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet (1968)Écrit et réalisé par Agathe Mélinand
Avec
Christine Brücher, jeu
Fabienne Rocaboy, jeuMarie Van Rhijn, clavecin et clavicorde
Charles Lavaud, piano
Michel Le Borgne, lumières Morgan Conan-Guez, son
Durée – 1h
du 29 novembre au 3 décembre 2023
Athéne Louis Jouvet
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !