Par son jeu inédit et par sa beauté, Mounet-Sully a subjugué une époque où le théâtre vivait son dernier âge d’or avant l’invention du cinéma. Alors que la tragédie semblait moribonde, ses interprétations ont révolutionné et donné un nouveau souffle de vie à la Comédie-Française. Par une rare conjonction qui met face à face deux interprètes d’égal génie, Mounet-Sully eût aussi la chance d’être le partenaire à la scène – mais un temps aussi, à la ville ! – de Sarah Bernhardt.
Cet hommage se concentre sur les grands rôles du théâtre de Victor Hugo qui ont marqué la carrière de Mounet-Sully.
S’il doit au monologue de Don Carlos d’Hernani son premier rôle à l’Odéon, c’est en 1873, l’année qui suit son entrée comme pensionnaire à la Comédie-Française, qu’il débute avec le rôle de Didier dans Marion de Lorme. D’abord inquiet face à ce débutant inconnu, Hugo lui accorde sa confiance après l’avoir vu dans Oreste.
Il jouera la pièce jusqu’en 1915, prenant le rôle de Louis XIII à partir de 1907.
Il prend ensuite, le 21 novembre 1877, le rôle-titre d’Hernani qu’il jouera sans pratiquement discontinuer jusqu’en 1911, l’interprétant près de quatre-cents fois et le marquant durablement de son empreinte.
Deux ans plus tard, en 1879, il est Ruy Blas, rôle qu’il incarnera près de deuxcents soixante fois. Comme à son habitude, il travaille son rôle en profondeur et le renouvelle, défendant son point de vue devant Victor Hugo et Paul Meurice qui
contrôlent les répétitions.
Le 22 novembre 1882, il entre dans un nouveau rôle, celui de François Ier, dans Le Roi s’amuse qu’il troquera contre celui de M. de Saint-Vallier à partir de 1911.
Le 22 mai 1886, Mounet-Sully participe à l’hommage que la Comédie-Française rend à Victor Hugo lisant des passages inédits de La fin de Satan.
Enfin, en 1902, pour le centenaire du poète il interprète Job dans Les Burgraves mis en scène par Paul Meurice.
Il s’y retrouve en compagnie de son frère, Paul Mounet (1847-1922) – entré aussi à la Comédie-Française en 1889, après avoir débuté en 1882 à l’Odéon – dans le rôle de Magnus.
La même année, il rencontre la comédienne Jeanne Rémy (1881-1961) qui deviendra sa compagne et lui donnera une fille Jeanne Sully (1905-1995) qui sera à son tour Sociétaire de la Comédie-Française en 1937 perpétuant ainsi l’héritage du tragédien.
Le dernier acte hugolien de Mounet-Sully est sa participation aux fêtes d’inauguration de la statue de Victor
Hugo à Guernesey, le 7 juillet 1914, où il récite Oceano nox.
Dans l’appartement de Victor Hugo, l’acteur qui a donné ainsi vie à tous ces rôles de son théâtre, est évoqué par des œuvres et des documents issus des collections du musée – dont certains rarement présentés – et des archives familiales.
Au Musée Victor-Hugo
Place des Vosges à Paris
Du 2 février au 3 avril
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