Première création jeune public imaginée par la danseuse et chorégraphe Kaori Ito, Le Monde à l’envers nous perd dans des pistes diffractées qui peinent à s’assembler mais trouve un répondant certain auprès des enfants, conquis indéniablement. Comme quoi…
Danseuse hors pair, Kaori Ito mène depuis quelques années son propre chemin chorégraphique avec la création d’une trilogie autobiographique remarquée constituée de Je danse parce que je me méfie des mots qu’elle interprète en duo avec son père, d’Embrase moi en duo avec son compagnon et du solo Robot, l’amour éternel. Avec Le Monde à l’envers, la chorégraphe, devenue maman entre-temps, s’adresse pour la première fois au jeune public, mue par ses nouvelles interrogations autour de la transmission et son désir d’accorder une place aux enfants au sein même du spectacle. L’intention est louable, la démarche sincère, on n’en doute guère. Mais Le Monde à l’envers peine à faire sens, à se structurer dans une dramaturgie cohérente et dynamisante, déception compensée heureusement par une belle et forte interactivité avec le public qui fonctionne à merveille, par trois interprètes pleins de grâce et des idées narratives intéressantes qui mériteraient cependant d’être poussées plus loin.
La représentation s’ouvre avec un conte imaginé et dessiné par Kaori Ito elle-même, joliment narré par le biais d’un Kamishibaï. Qu’est-ce qu’un Kamishibaï ? C’est un petit théâtre ambulant japonais, construit en bois, prenant la forme d’une valise ou d’une fenêtre qui s’ouvre pour libérer ses histoires dessinées. Le dispositif est délicat, les dessins adorables, la fable, aux vertus universelles et échos contemporains, met en scène un petit garçon évoluant dans un monde inversé, terre par-dessus ciel. L’urgence climatique, les préoccupations écologiques actuelles, résonnent en creux et la menace parcourt le spectacle, lui donnant sa tonalité sombre tandis que trois danseur.ses (Morgane Bonis, Bastien Charmette et Adeline Fontaine) en costumes de super héros improvisés sont missionnés par un coup de fil inopiné pour sauver la planète.
Au centre, en avant-scène, un téléphone-jouet à l’ancienne, concentre l’attention et le nœud de l’enjeu dramaturgique. Un répondeur se met en marche et égrène les messages d’enfants, confidences et secrets destinés à changer le monde, à le remettre à l’endroit. La parole laissée aux enfants donne à entendre leurs voix toutes fraîches et leurs réflexions, ingénues et profondes à la fois, pleines de charme, de sensibilité, d’originalité. Les danseurs.ses créent d’emblée un lien avec le public, ils prennent le relais de la parole en un trio, tantôt accordé, tantôt désaccordé. Leur danse, expressive, se regarde avec un plaisir certain et semble transformer en une gestuelle mi-abstraite mi-illustrative les considérations des petits. La musique est entraînante, les costumes colorés et ludiques, ce qui compense l’inquiétude en creux, la nécessité et la responsabilité de sauver ce monde en danger.
Nos trois super héros de pacotille, à part danser, s’avouent impuissants face à l’ampleur de leur tâche. Mais les enfants, invités à venir sur le plateau, viennent leur prêter main forte et manifester leurs désirs, leurs envies. Taper du pied et lever le poing. La porosité scène/salle est très réussie, la déferlante d’enfants qui s’emparent du plateau témoigne de leur plaisir à être sollicités et intégrés à la représentation. On déplore que le contenu des revendications, initié par les danseur.ses, reste consensuel et attendu. Il y a tant de choses à changer dans notre rapport à l’enfance qu’il est dommage de s’arrêter là dans la proposition. On attend néanmoins avec intérêt le prochain spectacle et la suite de cette démarche certes encore maladroite mais singulière et prometteuse…
Marie Plantin – www.sceneweb.fr
Le monde à l’envers
Direction artistique et chorégraphie : Kaori Ito
Avec Morgane Bonis, Bastien Charmette et Adeline Fontaine
Collaboration artistique : Gabriel Wong
Aide à la dramaturgie : Taïcyr Fadel
Composition: Joan Cambon
Création lumière et direction technique : Arno Veyrat
Design sonore : Adrien Maury
Conception téléphone : Stéphane Dardet
Aide pour les costumes : Aurore Thibout
Regard extérieur : Michel Ocelot
Régie lumière : Arno Veyrat ou Carole China
Régie son : Adrien Maury ou Coline Honnons
Production : Améla Alihodzic, Coralie Guibert, Laura Terrieux, Lucila Piffer et Anne Vion
Remerciements : Denis Podalydès, Delphine Lanson, Erhard Stiefel, Pierre Dequivre, Justine Sene, Lara Mastrantonio.Production : Compagnie Himé
Coproductions : KLAP-maison pour la danse MARSEILLE, MAC – maison des arts et de la culture de CRETEIL, Centquatre-Paris, Fontenay en Scènes / Ville de Fontenay-sous-Bois, Théâtre du Fil de l’Eau – Ville de Pantin avec le soutien du Département Seine-Saint-Denis, CDCN La Place de la danse TOULOUSE, MA scène nationale – Pays de Montbéliard, Festival de danse de Cannes – Côte d’Azur France, Théâtre Massalia – Marseille.
Avec le soutien : des écoles élémentaires Joliot Curie et Sadi Carnot de Pantin, de l’école maternelle Suzanne Lacore du Pré-Saint-Gervais, de la Ferme des enfants à Lablachère et de l’école maternelle Pierre Demont à Fontenay-sous-bois.
Cette création bénéficie du soutien de la Fondation Franco-Japonaise Sasakawa.
La compagnie Himé reçoit le soutien de la Fondation BNP Paribas pour l’ensemble de ses projets depuis sa création.
La compagnie Himé est soutenue par le Ministère de la culture – DRAC Ile de France, par la Région Ile-de-France et le Département du Val-de-Marne.
Kaori Ito est artiste associée à la Mac de Créteil et au Centquatre à Paris.
La compagnie Himé est en compagnonnage artistique avec KLAP Maison pour la danse à Marseille et en résidence à Fontenay en Scènes – Ville de Fontenay-sous-Bois et au Théâtre du Fil de l’eau – Ville de Pantin.
La résidence de la Compagnie Himé au Théâtre du Fil de l’eau – Ville de Pantin est soutenue par le Département de la Seine-Saint-Denis.Durée: 40 minutes
12 et 13 novembre 2021
Théâtre au Fil de l’eau à PantinDu 18 au 23 novembre 2021
Am Stram Gram à GenèveLe 28 novembre 2021 au Théâtre de la Licorne à Cannes
Du 4 au 8 janvier 2022 à L’Empreinte à Tulle
Le 11 janvier 2022
L’Astrada à MarciacLe 14 janvier 2022
Centre culturel Houdremont à La CourneuveDu 3 au 5 février 2022
Fotennay en ScènesDu 17 au 19 mars 2022
CDN de RouenDu 9 au 15 avril 2022
Le 104 à Paris6 et 7 mai 2022
Théâtre du Nord à Lille1er et 2 juin 2022
L’avant-scène à Cognac8 et 9 juillet 2022
Festival T.A.T ! – Théâtre, Amour et Transats
Nouveau Gare au Théâtre
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