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Le réjouissant « Massacre du printemps » d’Elsa Granat

A voir, Alfortville, Les critiques, Limoges
Le massacre du printemps d'Elsa Granat au Théâtre 13 crédit photo Jessica Pinhomme
Le massacre du printemps d'Elsa Granat au Théâtre 13 crédit photo Jessica Pinhomme

photo Jessica Pinhomme

Dans ce spectacle créé en 2017 et actuellement repris à Paris au Théâtre 13 / Bibliothèque, la metteuse en scène évoque avec mordant la disparition tragique de ses parents.

Elle affiche un air paisible, allongée sur son transat. Son ventre gonflé par sept mois de grossesse présage un heureux événement. A ses pieds, des assiettes et gobelets en carton forment les vestiges d’une fête passée. En fond sonore, les grillons chantent. « J’ai dormi ? Oui j’ai dormi. J’ai dormi combien de temps ? J’ai dormi longtemps ? J’ai dormi comme une masse. » Et soudain, elle se lève, foule la pelouse verte synthétique – recouvrant tout le plateau – montée sur ses talons, pleine d’allure et d’assurance. « T’as dormi dehors héhé », lance-t-elle à l’enfant qu’elle porte. Bientôt l’accouchement à l’hôpital. Bientôt le rôle de mère à endosser. Mais avant, le souvenir de sa maman à elle, disparue depuis plusieurs années.

De la maladie, de la mort, du deuil, du système de santé français, il est question et d’autres choses encore dans Le massacre du printemps mis en scène par Elsa Granat. La pièce est inspirée de sa propre histoire ou plutôt du ressenti qu’elle en a, nous plongeant au plus près de son expérience. Nourrie par le travail de Laure Grisinger, qui signe la dramaturgie, Le massacre du printemps déploie différentes versions du personnage principal : l’adolescente au chevet de sa mère (Mahaut Leconte), la femme enceinte (Elsa Granat), et la jeune femme soudain vieillie par la perte de ses parents (Gisèle Antheaume). L’intrigue navigue entre souvenirs et instant présent, apposant sur ces douloureux moments des mots réconfortants. Le sujet est certes délicat, mais jamais Elsa Granat ne l’aborde à travers un prisme tire-larmes. La pièce s’avère plutôt drôle, grâce à son écriture mordante et à ses actrices sarcastiques et loufoques.

La quiétude de la scène d’ouverture cède rapidement la place à la réalité du passé rattrapant la femme enceinte. Placé au centre du plateau, un cube rose bonbon disparaît en quelques secondes, lacéré vigoureusement par la version adolescente du personnage principal. Une chambre d’hôpital exigüe apparaît alors. La jeune fille prend place près d’un fauteuil couvert d’un drap blanc. Elle lance une musique avec son téléphone et réveille sa mère, que l’on ne voit pas. Le père, lui, est absent. Autour des deux femmes se succèdent l’aide-soignante, débordée par les coups de téléphone incessants et l’oncologue, insensible et brutale. Les échanges sont brefs, efficaces, ne faisant montre d’aucune compassion.

Derrière la façade froide affichée par le personnel médical, se révèle une fragilité accrue par le rythme infernal de l’hôpital. Au gré de leurs vas-et-viens, on devine l’épuisement de l’aide-soignante et de la cancérologue, qui tentent de garder le cap à bout de force. Sans s’en rendre compte, elles laissent l’adolescente sur le bas-côté, seule face à sa douleur qui s’amplifie jusqu’à exploser. Dans une tirade puissante, la comédienne Mahaut Leconte (tout juste diplômée de l’Ecole supérieur d’art dramatique de Paris) laisse alors jaillir les émotions de son personnage avec un souffle monumental.

Au fil de la pièce, elle sera accompagnée par les autres individus, libérant à leur tour la charge qui les écrase. L’oncologue, l’aide-soignante et le père, (Laurent Huon), lui aussi malade, livrent leurs états-d’âme dans des monologues souvent empreints de poésie et d’humour, déverrouillant leur être par la même occasion. Le massacre du printemps maintient ainsi l’intensité de l’intrigue à flot. Nonobstant les scènes de danse et celle du mini-concert, dispensables, brisant le rythme de la pièce, Elsa Granat réussit à parler de la mort avec une légèreté surprenante et réjouissante.

Kilian Orain – www.sceneweb.fr

LE MASSACRE DU PRINTEMPS / CIE TOUT UN CIEL

Texte et mise en scène Elsa Granat
Dramaturgie Laure Grisinger
Avec Antony Cochin, Elsa Granat, Clara Guipont, Laurent Huon, Mahaut Leconte, Hélène Rencurel
Lumière Véra Martins Son Antony Cochin et Enzo Bodo
Costumes Marion Moinet
Régie son John M.Warts

Administration et production Agathe Perrault
Diffusion Camille Bard
Coproduction Théâtre- Studio – Alfortville
Soutien SPEDIDAM, Arcadi
Aide à la résidence CENTQUATRE-PARIS, Théâtre Antoine Vitez – Scène d’Ivry
La Compagnie Tout Un Ciel est conventionnée par le ministère de la Culture (DRAC Île-de-France)
Elsa Granat est artiste associée au Théâtre des Îlets – Centre dramatique national de Montluçon, Région Auvergne-Rhône-Alpes et au Théâtre de l’Union – Centre dramatique national du Limousin et est membre de la maison d’artistes LA KABANE

Durée 1h20

Théâtre 13 Bibliothèque
du 9 au 25 mars 2023

Théâtre de l’Union
Limoges
du 4 au 6 avril 2023

11 mars 2023/par Kilian Orain
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