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Les impressionnantes marionnettes burtonniennes de la compagnie Deraïdenz

A voir, Avignon, Best Off, Les critiques, Marionnettes
Le dernier jour de Pierre de la Compagnie Deraïdenz
Le dernier jour de Pierre de la Compagnie Deraïdenz

Photo Serge Gutwirth

Dans Le Dernier jour de Pierre, spectacle aussi sombre qu’il est formellement beau, la Compagnie Deraïdenz fabrique un écrin castelet pour un vagabond mu par des fils. Leur immense précision donne voix à cette proposition pourtant sans paroles.

Ça ressemble à un gigantesque livre grand ouvert avec un écran au milieu, mais aussi à une vieille armoire de grand-mère qui contiendrait des histoires ancestrales recouvertes d’une poussière centenaire. Ce que l’on voit une fois assis dans ces gradins munis d’une paire de jumelles distribuée à chacun dans le hall d’entrée, c’est en fait un castelet cerné par deux pans de bois sur lesquels vont coulisser les poids des poulies. Dans cet espace de seulement sept mètres sur presque cinq, une dizaine de tableaux vont successivement prendre place, parfois revenir pour que se déroulent quelques épisodes de la vie d’un vagabond. Il arrive sous une fine neige dans un paysage aussi gris que les pierres dont sont faits les maisons et les murets. On se croirait dans l’impressionnant panorama circulaire aux tons pastel du peintre hollandais de la fin du XIXe siècle Mesdag, exposé à La Haye. La mer en moins, mais la même capacité à laisser passer la lumière dans la grisaille et la même attention portée aux détails. Dans l’un et l’autre de ces travaux, se dissimulent des éléments de décor (la fumée qui s’échappe des cheminées…), des personnages, des animaux à peine perceptibles à l’œil nu et qui sont pourtant la preuve que ces paysages ne sont pas si figés qu’ils en ont l’air a priori.

Créée en 2017 et installée dans un lieu pérenne qui lui appartient depuis 2020 (le Pôle Théâtre et marionnette) sur l’île de la Barthelasse à Avignon, la compagnie Deraïdenz est spécialiste des arts de la marionnette sous toutes ses formes – fixe, déambulatoire, à taille humaine ou plus petite. Avec Le dernier jour de Pierre, les co-fondateurs, l’autodidacte Baptiste Zsilina et la metteuse en scène et comédienne Léa Guillec, ont, comme à leur habitude, tout inventé – son, dramaturgie, lumière, réalisation des marionnettes. Pour la première fois, ils travaillent en castelet avec un système de fils qui nécessite la présence de six marionnettistes pour animer une vingtaine de personnages. À la manière du maitre suédois en la matière, Michaël Meschke.

Sans la moindre parole, mais avec des grommellements de contentement, de désapprobation ou de désappointement – un peu comme des Sims artisanaux –, ils prêtent vie à cet homme seul, recueilli chez des gens, adopté des villageois, mais qui ne se dépare pas de sa vertigineuse (et fatale ?) solitude. Il y croise ses hôtes d’une nuit ou plus, des couturières qui fabriquent des fanions pour une fête de village, des musiciens, un vieillard qui balaye les feuilles, une jeune fille au balcon, des gamins qui se trimbalent dans une brouette, et même un chat errant famélique. Il faut voir leurs genoux se plier au gré de leurs marches, leurs bras se mouvoir pour se tendre vers d’autres ou empoigner un violon ou un tambourin. En un clin d’œil, le temps d’abaisser un rideau de bois sur le castelet, le décor a changé, mais aussi les échelles – ce Pierre mesure à peine quelques centimètres, puis trois mètres comme lorsqu’il est presque « filmé » dans son sommeil. Car cette création de 2024 procède comme un moyen métrage – d’un peu moins d’une heure en l’occurrence – et ses changements de valeurs de plan dans un univers visuel qui plus est très emprunté à Tim Burton, version Noces funèbres plutôt que Mars Attacks!.

En aparté, ce que Baptiste Zsilina nomme des « brèches ardentes », des apparitions de gros accessoires à l’avant du plateau, sortes de métaphore de la situation de déliquescence du personnage qui permettent d’avoir une nouvelle variation de focale pour approfondir la rencontre avec le personnage central, hirsute et touchant. Extrêmement sombres, ces éléments confèrent une noirceur presque trop appuyée, mais toujours sauvée par le travail sur le son qui contient d’étonnants airs de fanfare. Le monde ne court pas vers des lendemains enchantés et multicolores, mais cela n’empêche pas que, dans ce petit espace, la vie s’invente avec minutie et qu’en métal, en bois, en papier mâché, des figurines de toute taille s’agitent encore. La folie du désespoir peut-être.

Nadja Pobel – www.sceneweb.fr

Le dernier jour de Pierre
Dramaturgie, conception et mise en scène Baptiste Zsilina, en collaboration avec Léa Guillec
Marionnettistes Coline Agard, Léa Guillec, Hanna Malhas, Marion Piro
Régie plateau et manipulations Églantine Remblier, Luce Causin
Régie générale et création lumière Loris Lallouette
Construction castelet machinerie Nicolas Pautrat, assisté par Thierry Hett, Coline Agard.
Construction marionnettes et décors Baptiste Zsilina, Églantine Remblier, Marion Piro, avec le soutien de Nora Laamari, Célia Hue, Eliott Lust, Romain Gendarme, Kaïssa Roux, Marine Piette, du Lycée des Arts et Métiers de Vedène, Lucile Molinier, Céline Luciani, Lucie Lizen, Angèle Morales, Kevyn Lozouet, Johanna Theys
Costumes Sarah Rieu, avec Martial Larregain, Joséphine Bevan, Blanche Piris, Pablo Berthelon, et le soutien de l’Atelier Métissé
Composition musicale Baptiste Zsilina
Mixage et création sonore Arthur Bohl
Musiciens Etienne Beauny, Soraya Chaubert, Théodora Carla, Sylvain Mazens, Fanfare Haut les Mains, Christophe Pottier, Baptiste Zsilina, Marlène Pianet, Alexis Borrely, Eric Chanas, Lelia Piris, Nico Maindiaux

Production Compagnie DERAÏDENZ
Coproduction Scène 55 ; L’Entre-Pont ; Le MeTT en Ardèche ; Théâtre des Possibles
Soutiens Le Vélo Théâtre ; La Distillerie ; Théâtre du Chêne Noir ; Théâtre des Carmes André Benedetto ; Théâtre du Jeu de Paume ; Fabrik Théâtre ; La Factory ; L’éveilleur SCOP ; Pôle Théâtre et Marionnette ; Théâtre Transversal ; Théâtre de la Rotonde ; Lycée des Arts et Métiers de Vedène ; La Divine Quincaillerie ; L’Atelier Métissé ; ISTS Avignon ; Avignon Natacha Propose ; Spedidam
Avec le soutien du Ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles de Provence-Alpes-Côte d’Azur, de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur et du Département de Vaucluse

La compagnie est conventionnée avec la Ville d’Avignon jusqu’en 2026.

Durée : 50 minutes

Théâtre du Train Bleu, dans le cadre du Festival Off d’Avignon
du 5 au 19 juillet 2025, à 10h20 (relâche les 6 et 13)

13 juillet 2025/par Nadja Pobel
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