Moins connu que Fin de partie ou En attendant Godot, Le dépeupleur est, cependant, un petit chef-d’œuvre de Samuel Beckett. La « fable » y revêt une dimension fantastique qui défie l’idée même de représentation. En effet, comment restituer sur scène le monde improbable que propose l’écriture, à savoir l’intérieur d’un cylindre, sans fenêtres ni issues, où se meuvent deux cents « corps », hommes, femmes et enfants ? Dans la mise en scène d’Alain Françon, un acteur (Michel Didym) prend en charge la description méticuleuse des faits et gestes de cette population. Il le fait d’une manière si convaincante, qu’on lui accorde d’emblée le crédit d’un ethnologue ou d’un entomologiste… Paradoxalement, ce narrateur, une sorte de clownphilosophe, réussit à entraîner son auditoire sur le terrain d’une émotion qui oscille entre hilarité et stupeur. « Séjour où des corps vont, cherchant chacun son dépeupleur. Assez vaste pour permettre de chercher en vain. Assez restreint pour que toute fuite soit vaine. » Et nous voilà totalement dépaysés, embarqués dans une contrée que le mot « absurde » est impuissant à qualifier, car il ne traduit pas cette commotion de l’intelligence, lorsque le sens vacille sur ses propres bases.
Le dépeupleur de Samuel Beckett
mise en scène Alain Françon
avec Michel Didym
Scénographie Jacques Gabel
Lumière Joël Hourbeigt
Univers sonore Gabriel Scotti
Costumes Danik Hernandez
Assistante mise en scène Catherine Matisse
Production Théâtre national de La Colline, L’Athénée-Théâtre Louis Jouvet, Compagnie Boomerang
25 > 30 janvier 2011
Conservatoire Régional du Grand Nancy
Salle Ravel
ma, me, ve à 20h30, je à 19h, sa à 15h et 19h et di à 16h30
Plein tarif 20 €, réduit 15€, jeunes 9 €
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